
Michel Castellani, député Femu a Corsica de la 1ère circonscription de Haute-Corse, membre du groupe parlementaire LIOT.
- Toujours pas de Premier ministre en vue. Que vous inspire cette situation ?
- C’est une situation qui n’est pas durable ! Un pays ne peut pas rester sans gouvernement avec des ministres qui n’ont aucun pouvoir puisqu’ils sont démissionnaires. Je le vois très bien à travers l’action que nous menons en Commission des finances où il va falloir établir les bases d’un nouveau budget dans des conditions très difficiles. Mais comment établir les bases d’un nouveau budget sans des ministres responsables pour cibler les choix gouvernementaux, choix qui n’existent pas par définition ? Cette situation pénalise tout le monde dans la mesure où tous les indices français se dégradent. Cela ne peut inéluctablement qu’entraîner l’inflation des taux d’intérêt qui pèsent déjà très lourds dans le budget.
- Le Président Macron a lancé un cycle de consultations pour trouver une majorité. Il a reçu le groupe LIOT. Que vous-a-t-il dit exactement ?
- Nous avons été reçus pendant une heure et quart par le Président qui nous a posé des questions. Il nous a d’abord demandé quelle était notre position par rapport à un gouvernement dans lequel figurerait des ministres LFI ? Quel serait le comportement du groupe LIOT ? Quel pouvait être le profit idéal d’un Premier Ministre pour le groupe LIOT ? Il nous a aussi assuré de sa volonté de changer de politique, de changer de logiciel. Il nous a posé enfin la question plus directe : dans quelle mesure le groupe LIOT pourrait-il participer directement au gouvernement ? C’est la teneur globale de l’entretien que nous avons eu avec le Président.
- Que lui avez-vous répondu ?
- Concernant la participation de LFI, nous avons répondu que c’était délicat dans la mesure où cela pourrait conduire très rapidement à une motion de censure et donc à une instabilité ultérieure. Concernant le profil idéal du Premier Ministre, nous avons dit qu’il faudrait quelqu’un qui ait une bonne expérience et qui soit capable de rassembler, à la fois, à droite et à gauche. Nous avons conscience que c’est difficile. A droite, la politique des Républicains est de ne pas participer au gouvernement. A gauche, le parti socialiste est tenu étroitement par la France Insoumise. Concernant la participation éventuelle du groupe LIOT à un gouvernement, nous n’avons pas fermé la porte. Nous avons posé comme condition que le Premier Ministre soit libre de sa politique et qu’il forme une alliance large du Centre droit et du Centre gauche.
- Vous êtes donc d’accord avec le communiqué publié lundi soir par l’Elysée ?
- Nous sommes d’accord pour sortir de la situation actuelle qui ne peut être que provisoire. Nous avons conscience aussi qu’il n’y a pas de baguette magique et que les conditions sont très difficiles. Les cartes sont distribuées de telle façon qu’il n’y a pas de majorité stable à-priori. Il faut donc vite inventer un système, ce qui n’est pas facile dans la mesure où il y a beaucoup d’arrière-pensées. Il ne faut pas être naïf. On sait très bien qu’aux deux Extrêmes de l’assemblée nationale, aussi bien l’Extrême-droite que l’Extrême-gauche, l’idée est de bloquer le système de façon à le faire tomber pour des raisons diverses, par hostilité d’un côté, par arrière-pensée de prendre la majorité absolue de l’autre. Il y a des stratégies électorales. Créer une instabilité pendant plusieurs mois conduirait à une nouvelle dissolution en juin prochain. Les Républicains ont, eux, une stratégie en fonction de l’élection présidentielle de 2027 puisqu’ils ont des ambitions sur ce terrain-là. Tout cela vient embrouiller une situation qui n’est déjà pas simple.
- Les relations semblent s’améliorer avec le Président Macron qui vous battait froid depuis la motion de censure déposée par votre groupe. Nécessité fait loi ?
- Les conditions évoluent. Nous sommes maintenant face à un impératif de sauvegarde de l’intérêt général, y compris des intérêts de la Corse que je ne perds jamais de vue à l’intérieur du groupe LIOT. L’idée est de diriger la barque en fonction de cet intérêt général, des priorités et aussi de l’intérêt de la Corse. On verra bien. Il ne faut pas faire n’importe quoi. Mais s’il y a une opportunité d’une politique en faveur de l’autonomie des territoires, - c’est ce qu’on a dit d’ailleurs au Président Macron - de l’autonomie fiscale, des territoires et en particulier de la reprise du dialogue du processus de Beauvau, évidemment c’est une priorité pour nous.
- L’autonomie de la Corse a-t-elle été spécifiquement évoquée lors de cet entretien ?
- Oui ! Je plaide aussi directement pour cette affaire. Je n’oublie jamais que je suis député de la Corse.
- Laurent Marcangeli a appelé aussi à la poursuite du processus et les députés corses à « jouer groupés pour défendre au mieux les intérêts de la Corse ». Est-ce possible ?
- Je ne peux parler que de trois députés, Laurent Marcangeli, Paul André Colombani et moi-même, puisque nous avons l’expérience du précédent mandat. Sur les sujets concernant la Corse, nous avons effectivement toujours tous tiré dans le même sens. Concernant le nouveau député François-Xavier Ceccoli, je n’en sais rien. Je ne peux pas parler pour lui. Il faudrait qu’il s’intègre lui aussi dans ce type de démarche. Mais pour l’instant, nous n’avons pas eu l’occasion de travailler puisque les conditions politiques à Paris sont ce qu’elles sont.
- Ne craignez-vous pas que la question Corse ne soit noyée dans la crise politique globale, comme l’est la question kanake ?
- Il faut procéder par ordre. D’abord, il faudra créer un nouveau gouvernement qui n’existe pas pour l’instant. Ensuite quand ce gouvernement sera en place, ce sera notre devoir de rappeler un certain nombre de sujets qui, pour nous, sont prioritaires. Quand on est député de la Corse, ce qui est prioritaire, c’est l’intérêt général bien sûr, mais c’est aussi l’intérêt bien senti de notre île en matière économique, sociale, culturelle, donc en matière politique. J’entends bien ne rien lâcher, quel que soit le gouvernement qui sera mis en place.
- Vous parlez d’une loi de finances difficile à établir. À quelle rentrée économique faut-il s'attendre ?
- Les conditions budgétaires, on le sait, sont extrêmement difficiles. Il y a un déficit structurel. L’hémorragie continue puisque la France est obligée d’emprunter massivement tous les jours pour assumer son train de vie. Cet endettement vient s’ajouter aux 3300 milliards d’endettement déjà existant. Les taux d’intérêt sont en train d’augmenter, le remboursement des intérêts de la dette est en train de devenir le premier poste des dépenses de l’État. Ce qui est évidemment désastreux. Il va donc falloir maîtriser tout cela, parce que la situation sera intenable. Pour autant, il ne faut pas oublier les priorités. Il y a des priorités d’investissement et des priorités sociales. On ne peut pas, sous l’excuse de rééquilibrer le budget, sacrifier des politiques qui sont indispensables. Tout cela rend la situation très difficile. Tout l’été, nous y avons travaillé en Commission des finances, même s’il n’y avait pas de ministre pour essayer d’ouvrir une perspective budgétaire un peu durable.
- Nul ne sait quand la France aura un nouveau gouvernement. LFI promet le chaos si Lucie Castets n’est pas désignée. Le Président Macron joue-t-il la montre ?
- Comme je l’ai dit, nous avons conscience, à la fois, de la nécessité d’avancer et de la difficulté des choses. Le Président de la République a créé lui-même cette situation en dissolvant l’Assemblée nationale de façon précipitée. Maintenant, c’est à lui de donner un nom, d’entrevoir des hommes ou des femmes capables de rassembler et de stabiliser autant que possible les institutions de la France. Castets ou pas Castets, ce sera le choix du Président de la République. Il peut estimer qu’il faut tenter l’aventure LFI. Ce n’est pas le cas pour l’instant. Il pourra faire un autre choix, mais en tout cas, il faudra qu’il fasse un choix rapidement.
Propos recueillis par Nicole MARI.
- C’est une situation qui n’est pas durable ! Un pays ne peut pas rester sans gouvernement avec des ministres qui n’ont aucun pouvoir puisqu’ils sont démissionnaires. Je le vois très bien à travers l’action que nous menons en Commission des finances où il va falloir établir les bases d’un nouveau budget dans des conditions très difficiles. Mais comment établir les bases d’un nouveau budget sans des ministres responsables pour cibler les choix gouvernementaux, choix qui n’existent pas par définition ? Cette situation pénalise tout le monde dans la mesure où tous les indices français se dégradent. Cela ne peut inéluctablement qu’entraîner l’inflation des taux d’intérêt qui pèsent déjà très lourds dans le budget.
- Le Président Macron a lancé un cycle de consultations pour trouver une majorité. Il a reçu le groupe LIOT. Que vous-a-t-il dit exactement ?
- Nous avons été reçus pendant une heure et quart par le Président qui nous a posé des questions. Il nous a d’abord demandé quelle était notre position par rapport à un gouvernement dans lequel figurerait des ministres LFI ? Quel serait le comportement du groupe LIOT ? Quel pouvait être le profit idéal d’un Premier Ministre pour le groupe LIOT ? Il nous a aussi assuré de sa volonté de changer de politique, de changer de logiciel. Il nous a posé enfin la question plus directe : dans quelle mesure le groupe LIOT pourrait-il participer directement au gouvernement ? C’est la teneur globale de l’entretien que nous avons eu avec le Président.
- Que lui avez-vous répondu ?
- Concernant la participation de LFI, nous avons répondu que c’était délicat dans la mesure où cela pourrait conduire très rapidement à une motion de censure et donc à une instabilité ultérieure. Concernant le profil idéal du Premier Ministre, nous avons dit qu’il faudrait quelqu’un qui ait une bonne expérience et qui soit capable de rassembler, à la fois, à droite et à gauche. Nous avons conscience que c’est difficile. A droite, la politique des Républicains est de ne pas participer au gouvernement. A gauche, le parti socialiste est tenu étroitement par la France Insoumise. Concernant la participation éventuelle du groupe LIOT à un gouvernement, nous n’avons pas fermé la porte. Nous avons posé comme condition que le Premier Ministre soit libre de sa politique et qu’il forme une alliance large du Centre droit et du Centre gauche.
- Vous êtes donc d’accord avec le communiqué publié lundi soir par l’Elysée ?
- Nous sommes d’accord pour sortir de la situation actuelle qui ne peut être que provisoire. Nous avons conscience aussi qu’il n’y a pas de baguette magique et que les conditions sont très difficiles. Les cartes sont distribuées de telle façon qu’il n’y a pas de majorité stable à-priori. Il faut donc vite inventer un système, ce qui n’est pas facile dans la mesure où il y a beaucoup d’arrière-pensées. Il ne faut pas être naïf. On sait très bien qu’aux deux Extrêmes de l’assemblée nationale, aussi bien l’Extrême-droite que l’Extrême-gauche, l’idée est de bloquer le système de façon à le faire tomber pour des raisons diverses, par hostilité d’un côté, par arrière-pensée de prendre la majorité absolue de l’autre. Il y a des stratégies électorales. Créer une instabilité pendant plusieurs mois conduirait à une nouvelle dissolution en juin prochain. Les Républicains ont, eux, une stratégie en fonction de l’élection présidentielle de 2027 puisqu’ils ont des ambitions sur ce terrain-là. Tout cela vient embrouiller une situation qui n’est déjà pas simple.
- Les relations semblent s’améliorer avec le Président Macron qui vous battait froid depuis la motion de censure déposée par votre groupe. Nécessité fait loi ?
- Les conditions évoluent. Nous sommes maintenant face à un impératif de sauvegarde de l’intérêt général, y compris des intérêts de la Corse que je ne perds jamais de vue à l’intérieur du groupe LIOT. L’idée est de diriger la barque en fonction de cet intérêt général, des priorités et aussi de l’intérêt de la Corse. On verra bien. Il ne faut pas faire n’importe quoi. Mais s’il y a une opportunité d’une politique en faveur de l’autonomie des territoires, - c’est ce qu’on a dit d’ailleurs au Président Macron - de l’autonomie fiscale, des territoires et en particulier de la reprise du dialogue du processus de Beauvau, évidemment c’est une priorité pour nous.
- L’autonomie de la Corse a-t-elle été spécifiquement évoquée lors de cet entretien ?
- Oui ! Je plaide aussi directement pour cette affaire. Je n’oublie jamais que je suis député de la Corse.
- Laurent Marcangeli a appelé aussi à la poursuite du processus et les députés corses à « jouer groupés pour défendre au mieux les intérêts de la Corse ». Est-ce possible ?
- Je ne peux parler que de trois députés, Laurent Marcangeli, Paul André Colombani et moi-même, puisque nous avons l’expérience du précédent mandat. Sur les sujets concernant la Corse, nous avons effectivement toujours tous tiré dans le même sens. Concernant le nouveau député François-Xavier Ceccoli, je n’en sais rien. Je ne peux pas parler pour lui. Il faudrait qu’il s’intègre lui aussi dans ce type de démarche. Mais pour l’instant, nous n’avons pas eu l’occasion de travailler puisque les conditions politiques à Paris sont ce qu’elles sont.
- Ne craignez-vous pas que la question Corse ne soit noyée dans la crise politique globale, comme l’est la question kanake ?
- Il faut procéder par ordre. D’abord, il faudra créer un nouveau gouvernement qui n’existe pas pour l’instant. Ensuite quand ce gouvernement sera en place, ce sera notre devoir de rappeler un certain nombre de sujets qui, pour nous, sont prioritaires. Quand on est député de la Corse, ce qui est prioritaire, c’est l’intérêt général bien sûr, mais c’est aussi l’intérêt bien senti de notre île en matière économique, sociale, culturelle, donc en matière politique. J’entends bien ne rien lâcher, quel que soit le gouvernement qui sera mis en place.
- Vous parlez d’une loi de finances difficile à établir. À quelle rentrée économique faut-il s'attendre ?
- Les conditions budgétaires, on le sait, sont extrêmement difficiles. Il y a un déficit structurel. L’hémorragie continue puisque la France est obligée d’emprunter massivement tous les jours pour assumer son train de vie. Cet endettement vient s’ajouter aux 3300 milliards d’endettement déjà existant. Les taux d’intérêt sont en train d’augmenter, le remboursement des intérêts de la dette est en train de devenir le premier poste des dépenses de l’État. Ce qui est évidemment désastreux. Il va donc falloir maîtriser tout cela, parce que la situation sera intenable. Pour autant, il ne faut pas oublier les priorités. Il y a des priorités d’investissement et des priorités sociales. On ne peut pas, sous l’excuse de rééquilibrer le budget, sacrifier des politiques qui sont indispensables. Tout cela rend la situation très difficile. Tout l’été, nous y avons travaillé en Commission des finances, même s’il n’y avait pas de ministre pour essayer d’ouvrir une perspective budgétaire un peu durable.
- Nul ne sait quand la France aura un nouveau gouvernement. LFI promet le chaos si Lucie Castets n’est pas désignée. Le Président Macron joue-t-il la montre ?
- Comme je l’ai dit, nous avons conscience, à la fois, de la nécessité d’avancer et de la difficulté des choses. Le Président de la République a créé lui-même cette situation en dissolvant l’Assemblée nationale de façon précipitée. Maintenant, c’est à lui de donner un nom, d’entrevoir des hommes ou des femmes capables de rassembler et de stabiliser autant que possible les institutions de la France. Castets ou pas Castets, ce sera le choix du Président de la République. Il peut estimer qu’il faut tenter l’aventure LFI. Ce n’est pas le cas pour l’instant. Il pourra faire un autre choix, mais en tout cas, il faudra qu’il fasse un choix rapidement.
Propos recueillis par Nicole MARI.