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Macron en mode Semaine Sainte


Jacques RENUCCI le Mardi 16 Avril 2019 à 21:28

A partir de l'incendie de Notre-Dame, le Président de la République a invité la Nation à méditer sur son destin collectif



Macron en mode Semaine Sainte

Emmanuel Macron s’est adressé à la population qui, la veille, attendait son premier plan d'action après le grand débat. Mais les événements en ont décidé autrement, avec l'incendie de Notre-Dame, et les complotistes qui voient une concomitance entre l'allocution annulée et la cathédrale en flamme rapprochent stupidement des faits ni de même nature ni de même importance. Pour le Président, illustrant sans le formuler le proverbe A toute chose malheur est bon, il faut tirer d'une catastrophe des enseignements positifs : le pays est fragile, malade, divisé à l'intérieur, menacé par les agressions extérieures, mais il demeure, malgré les apparences, prêt à se mobiliser et à retrouver sa profonde unité face à l'épreuve.


L'histoire est ainsi faite que, dans son flot incessant, ce qui fut bâti fut détruit, et ce qui fut détruit fut reconstruit, et même ce qui semblait le plus immuable est tombé. Et le temps est le maître absolu des destinées et des choses. Avec le feu à Notre-Dame de Paris, ce temps s'est un moment arrêté. S'il reprend, c'est dans le constat d'une perte qui aurait pu être plus grave encore, et chacun dans l'ordre de tous les corps de métiers se prépare à relever un défi. Mais le balancier de l'horloge a du mal à retrouver son rythme régulier. C'est pourquoi Emmanuel Macron reporte de quelques jours ses annonces issues de la concertation nationale – dont certains éléments ont fuité, mais sans garantie. On veut des décisions, on les aura – en temps voulu.


Épreuve, réflexion, action, voilà comment le Chef de l’État souhaite articuler la période à venir. Il annonce un délai de cinq ans pour que Notre-Dame retrouve son lustre d'hier. Il avait fallu cent vingt ans pour l'édifier, et l'architecte Viollet-le-Duc, au XIXe siècle, y a consacré vingt ans de sa vie... Aujourd'hui, un hasard malheureux a bouleversé l'ordre des choses. Lorsque cette parenthèse en forme de réconciliation nationale se refermera, la politique reprendra ses droits. Le peuple – invité compte tenu des circonstances à regarder au-delà de l'immédiat et du conjoncturel - pourra retourner à ses impatiences.


Une cathédrale à rebâtir, une société à reconstruire, voilà l'enjeu en parallèle. L'allocution du Président, très Semaine Sainte, incite à prendre de la hauteur. Pour un moment, Emmanuel Macron n'est plus le président au dessus de la mêlée, mais le porte-parole d'un groupe uni qui doit mettre à profit ce que le destin lui inflige pour retrouver l'authenticité de ses sources. Jusqu'à quand ?
On le sait, la spiritualité et la politique ne font jamais bon ménage. "Nous sommes un peuple de bâtisseurs", a dit le Président.
On est curieux de voir si les casseurs du samedi seront touchés par cette grâce.


Macron en mode Semaine Sainte