Corse Net Infos - Pure player corse

Ajaccio : Contre le contrôle technique des deux-roues, les motards en colère se mobilisent samedi


Laurent Hérin le Jeudi 11 Avril 2024 à 08:56

Après plus d’une décennie de gestation, le contrôle technique pour les motos devient obligatoire le 15 avril. De nombreux motards le refusent, les centres de contrôles traînent des pieds. Samedi 13 avril, à Ajaccio, comme partout en France, ils seront des centaines à défiler dans les rues



En 2016 déjà, les motards bastiais manifestaient contre le contrôle technique obligatoire pour les deux roues. (Archive CNI)
En 2016 déjà, les motards bastiais manifestaient contre le contrôle technique obligatoire pour les deux roues. (Archive CNI)
À compter du 15 avril 2024, le contrôle technique devient obligatoire pour les deux-roues de plus de 50 cm3, les trois-roues et les quads. Une nouveauté qui ne ravit pas les motards. « On préfère taxer 4 millions de motards en France, alors que les motos en mauvais état représentent 0,3 % des mises en cause dans des accidents, plutôt que d'agir sur des structures routières responsables de 30 % des accidents des deux roues motorisées. Mais ça a un coût. C'est bien une histoire de fric uniquement… » Jean-Paul Colonna Cesari, secrétaire de la FFMC (Fédération française des motards en colère) de Corse, ne décolère pas . Pour faire entendre leur voix, ils ont décidé de participer à la manifestation nationale de samedi. « On attend beaucoup de monde à Ajaccio, à partir de 13h30. Parce qu'on se sent tous concernés », insiste Jean-Paul qui reçoit, depuis plusieurs jours, beaucoup d'appels, même de la part des non-adhérents à l'association. En effet, le contrôle concerne tous les deux roues motorisées, les voiturettes sans permis ou encore les quads non déclarés en agricole.

Le combat ne date pas d'hier
Ce combat contre l'instauration du contrôle technique ne date pas d'hier : « En 2006, déjà, le Parlement européen proposait le contrôle ou des mesures alternatives auxquelles nous sommes favorables. » Le 27 juillet 2022, l'abrogation du contrôle technique est publiée. Même le président Emmanuel Macron avait conforté les motards dans ce sens et l'Assemblée s’était prononcée contre. Un revirement que Jean-Paul ne s'explique pas : « On est déçu, mais malheureusement pas surpris. On ne courbe pas l’échine, on a perdu un combat, mais on est rentré en résistance depuis décembre. » S'il confirme que la manifestation sera un point visible avec des centaines de motards dans les rues, il insiste : « Nous avons aussi déposé des recours sur le sujet. Et contacté nos députés. » Un appel qui est, pour le moment, resté lettre morte. Dans le même temps, la FFMC a lancé un hastag #BalanceTonCentre qui permet de recenser tous les centres de contrôle technique qui vont s'équiper pour accueillir les deux roues. « C'est un investissement lourd pour les franchisés. Ils vont devoir s'équiper et se former », ajoute Jean-Paul.

Le centre de contrôle technique Autosécurité de Montesorro fait partie de ceux-là. Il pourra délivrer le fameux sésame bientôt obligatoire. « Nous sommes en train de tout préparer pour être en mesure d’accueillir les deux roues. Je peux comprendre la colère des motards, mais je suis aussi pour là pour faire mon travail », prévient un responsable. Il est prêt à contrôler des voitures, les deux ou les trois roues, « un train même si on me le demande », parce qu'il fait « [son] boulot. » À titre personnel, et, en tant que motard, il pense d'abord à la sécurité pour tous. La catégorie L inclut, les voitures sans permis, les scooters et autre quad : « Ce sont plutôt ces derniers qui ont du souci à se faire. Un motard, lui, il bichonne sa moto. » Le premier contrôle, valable 5 ans, sera, ensuite à renouveler tous les 3 ans. 

Pas de quoi rassurer la FFMC : « Nous sommes prêts à aller plus loin. Jusqu'à la désobéissance civile s'il le faut. Nous ne présenterons pas notre moto ni notre voiture dans ces centres agréés. Même si on connaît le prix à payer : une amende ou l'immobilisation du véhicule. » Après l'action de samedi, Jean-Paul insiste : « Il y en aura d'autres ! »

En chiffres

3, en millions, le nombre de véhicules de catégorie L, soit les scooters, motos, tricycles ou voiturettes en France,
1992 date d'instauration du contrôle technique pour les voitures,
15 avril, mise en place de celui pour les deux roues,
3 ans, il devra être effectué tous les trois ans,
78 points de contrôle, soit un peu moins que les voitures,
87 points de défaillances majeures impliquent une contre-visite dans les deux mois,
135 euros, le montant de l'amende que risquent les conducteurs sans contrôle technique à jour ou une immobilisation du véhicule.