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Libération de Bastia : le 4 octobre 1943, le capitaine Then entrait dans la ville


Philippe Jammes le Dimanche 4 Octobre 2020 à 15:23

En ce premier week-end d’octobre, a été commémoré le 77ème anniversaire des combats du col de Teghime et de la libération de Bastia. Samedi matin, une cérémonie du souvenir s’est déroulée au col de Teghime puis sur le site de la Nécropole nationale de Saint-Florent. Dimanche des cérémonies ont eu lieu à Bastia.



La prise du col de Teghime fut cruciale pour la libération de la ville de Bastia. Le plan d’attaque du général Louchet avait fixé comme objectif aux troupes de Goumiers marocains de l’Armée d’Afrique de la France libre, les berbères du 2ème groupement de tabors marocains (2ème GTM), de passer par les crêtes pour redescendre vers la ville par la route de St Florent. Le 1er octobre le combat était engagé par les Goumiers au col de Teghime contre les Allemands de la 16ème Panzergrenadier Division SS Reichsführer-SS.
Après un 1er assaut violemment repoussé par les occupants, un second avait eu lieu de nuit mais la résistance acharnée des allemands avait causé le massacre de 25 combattants.
Au terme d’une journée de durs combats les allemands finissaient par se rendre et le col était pris par les Goumiers dans la soirée du 2 octobre. La voie était alors libre pour plonger sur Bastia.


4 octobre 1943, le capitaine Then entre dans la ville à la tête du 73ème Goum du 6e tabor marocain : la Corse est libérée du joug nazi. La contribution des combattants marocains pour reconquérir la liberté du pays qui le colonisait a donc été déterminante avec deux opérations majeures la prise du col de Teghime et aussi celle du col San Stefano.


La nécropole de Saint-Florent, dite «cimetière des Tabors» constitue  l’une des 3 nécropoles nationales, outre les 17 carrés militaires, situées en Corse. Elle a été créée en 1943/44, lors de la libération de la Corse, pour regrouper les corps de Goumiers du 2ème groupe de tabors marocains tombés au cours de cette libération, notamment au col de Teghime. La nécropole comporte 48 tombes musulmanes, une tombe chrétienne, celle du lieutenant Jean-François Augustin Couffrand, tué le 2 octobre 1943 au col de Teghime.   

Ce Dimanche 4 octobre à 9 heures, Frédéric Lavigne, secrétaire général de la préfecture de la Haute-Corse a présidé une cérémonie devant la stèle du Capitaine Then, à Montesoro, en présence d’autorités civiles et militaires et de membres de l’association USS Corsica, en tenue de Goumier.
A 10 heures, devant la tourelle du sous-marin Casabianca, en face de la mairie de Bastia, les couleurs ont été envoyées et une gerbe déposée en présence d’autorités civiles et militaires.


A 10h30, François Ravier, préfet de la Haute-Corse, a présidé une cérémonie du souvenir devant le monument aux morts place St Nicolas. Y participaient le consul du Maroc en Corse,Jean-Félix Acquaviva, député de la Haute-Corse, Lauda Guidicelli, pour la CdC, Rosa Prosperi représentant le président de l’Assemblée de Corse, Pierre Savelli, le maire de Bastia et des autorités civiles et militaires. De jeunes scolaires ont procédé à une lecture intergénérationnelle de l’historique des combats de la libération de Bastia et chanté. Puis le délégué général du Souvenir Français a lu la citation à l’ordre de l’Armée comportant attribution de la Croix de Guerre à la ville de Bastia.
Après un dépôt de gerbes, la sonnerie aux morts et la Marseillaise, le préfet et les personnalités ont salué les porte-drapeaux, les présidents d’associations d’anciens combattants et les délégations civiles et militaires.  
 
René Chiaramonti, 92 ans, délégué régional des Gueules cassées en Corse, ancien combattant,  se  souvient, il avait alors 15 ans et œuvrait pour la résistance. «J’étais jeune mais avec des copains on essayait d’aider la résistance comme on pouvait. On leur portait du ravitaillement à fort Luiggi ou à Fort Lacroix. Parfois on leur apportait des mitraillettes Sten. Je les cachais dans une musette de moine. Une fois j’ai aperçu de loin les soldats italiens qui venaient dans ma direction. J’ai aussitôt jeté la musette dans les ronces et j’ai fait semblant de chasser les lézards. Des carabiniers et des SS m’ont interrogé pour savoir où étaient les maquisards. Mais j’ai fait l’innocent et répété que je chassais les lézards dans le maquis.  Finalement ils m’ont pris pour un simple d’esprit et m’ont relâché. Cette époque était terrible. Je me souviens des bombardements de la rue de l’Opéra, de ND de Lourdes, du port. J’ai vu des navires couler dans le port. J’ai eu quelques contacts avec les goumiers mais j’essaye de ne plus penser à cette période car ce furent des moments très pénibles et extrêmement douloureux ».
Retour en images sur ces cérémonies…
 

Hommage aux Goumiers à Montesoro
Hommage aux Goumiers à Montesoro

René Chiaramonti salué par le préfet et le maire de Bastia
René Chiaramonti salué par le préfet et le maire de Bastia