
Mardi matin en mairie de Bonifacio, le maire Jean-Charles Orsucci (à gauche) a accueilli les deux élus préposés au transport : Barbara Manca pour la Sardaigne et Jean-Félix Acquaviva pour la Corse.
Depuis cet hiver, la compagnie Ichnusa Lines relie seule la Corse et la Sardaigne. En théorie, elles sont deux délégataires, mais la Moby Lines ne répond plus : les deux ferries de la compagnie italienne qui desservent habituellement les deux îles sœurs sont à quai à Livourne, du fait de problèmes mécaniques. Début avril, la Moby espérait le retour de l’un des deux ferries pour le mois de mai, il n’en est rien à ce jour. Chaque bateau étant censé réaliser quatre rotations journalières, la pression repose donc entièrement sur les épaules d’Ichnusa, qui avait accepté que les passagers ayant réservé leur traversée sur la Moby puissent finalement embarquer sur son ferry.
Des risques de trouble à l'ordre public sur le port
Or, la haute saison touristique approche, et le maire de Bonifacio Jean-Charles Orsucci redoute que surviennent des troubles à l’ordre public sur le port. Samedi dernier, il a eu un avant-goût des conséquences de cette défaillance et ça ne lui a pas plu : « Une partie de la marine a été bloquée parce que la Moby avait continué à vendre des billets, donc ça a créé des problèmes d’embouteillage. Et qui dit embouteillages, dit frictions et tensions entre les individus… »
Une réalité qui a donc conduit autorités corses et sardes à se réunir ce mardi matin, afin de trouver une solution en urgence. Côté sarde, l’assesseure aux transports de la région autonome, Barbara Manca, a conduit la délégation dans laquelle se trouvait l’adjoint au maire de Santa Teresa di Gallura, Antonio Mura. Côté corse, c’est Jean-Félix Acquaviva, président de l’Office des transports, qui s’est positionné comme le principal interlocuteur, aux côtés du maire de Bonifacio. Tous ont convenu d’alerter au plus vite, dans un courrier commun, la France et l’Italie, les deux états auxquels revient le pouvoir régalien du maintien de l’ordre et de la sécurité. Et toujours courant juin, Barbara Manca a émis le souhait d’organiser une nouvelle réunion, à Santa Teresa di Gallura, cette fois en présence des deux opérateurs maritimes privés.
Des risques de trouble à l'ordre public sur le port
Or, la haute saison touristique approche, et le maire de Bonifacio Jean-Charles Orsucci redoute que surviennent des troubles à l’ordre public sur le port. Samedi dernier, il a eu un avant-goût des conséquences de cette défaillance et ça ne lui a pas plu : « Une partie de la marine a été bloquée parce que la Moby avait continué à vendre des billets, donc ça a créé des problèmes d’embouteillage. Et qui dit embouteillages, dit frictions et tensions entre les individus… »
Une réalité qui a donc conduit autorités corses et sardes à se réunir ce mardi matin, afin de trouver une solution en urgence. Côté sarde, l’assesseure aux transports de la région autonome, Barbara Manca, a conduit la délégation dans laquelle se trouvait l’adjoint au maire de Santa Teresa di Gallura, Antonio Mura. Côté corse, c’est Jean-Félix Acquaviva, président de l’Office des transports, qui s’est positionné comme le principal interlocuteur, aux côtés du maire de Bonifacio. Tous ont convenu d’alerter au plus vite, dans un courrier commun, la France et l’Italie, les deux états auxquels revient le pouvoir régalien du maintien de l’ordre et de la sécurité. Et toujours courant juin, Barbara Manca a émis le souhait d’organiser une nouvelle réunion, à Santa Teresa di Gallura, cette fois en présence des deux opérateurs maritimes privés.

Les deux bateaux de la Moby ne voient plus Bonifacio depuis plusieurs mois : ils sont en réparation, sur des chantiers en Italie... PHOTO ARCHIVES
"On n'arrive même plus à faire Bonifacio - Santa Teresa en bateau..."
L’ennui, conviennent les élus, c’est que ça ne se bouscule pas au portillon sur la concession : « On a bien compris que les compagnies maritimes sont frileuses à l’idée d’investir dans un nouveau bateau, parce que peut-être qu’elles n’ont pas les garanties en la matière, estime Jean-Charles Orsucci. Et face à la défaillance du secteur privé, la puissance publique doit intervenir. Nous ne pouvons pas rester les bras croisés, la desserte entre la Corse et la Sardaigne a régressé depuis 40 ans. On avait un bateau qui faisait du cabotage entre Bonifacio, Santa Teresa et La Maddalena, aujourd’hui on n’arrive même plus à faire Bonifacio - Santa Teresa… », relève le maire bonifacien, qui en a profité pour annoncer qu’il signera prochainement un jumelage entre Bonifacio et Santa Teresa di Gallura, deux villes séparées par un petit bras de mer de onze kilomètres, mais qui n’avaient jusqu’à maintenant jamais su concrétiser une convetion de jumelage, ce que Jean-Charles Orsucci lui-même qualifie de « surréaliste ».
D’où la nécessité, une fois que les risques de trouble à l’ordre public de la saison estivale seront écartés, de réfléchir à un nouveau modèle pour desservir Corse et Sardaigne. « L’urgence actuelle démontre qu’il faut changer le système », appuie Jean-Félix Acquaviva, qui avance trois pistes de travail à moyen terme : une délégation de service public (DSP) avec mise en concurrence des opérateurs privés, mais encore faut-il qu’il y ait des candidats ; une société publique transfrontalière locale portée par les régions Corse et Sardaigne ; et enfin une société d’économie mixte, avec un opérateur privé associé, sur le modèle de ce qui se fait dans le transport aérien avec Air Corsica. Jean-Félix Acquaviva assure que ces trois options sont aujourd’hui « sur la table », sachant que sa préférence ira « à la viabilité économique » de la ligne maritime, « à la garantie que les tarifs baissent » et « au respect de l’empreinte écologique ». Car les bateaux actuels (quand ils sont en service !) restent pointés du doigt pour leur vétusté ainsi qu’au regard des tarifs proposés, jugés particulièrement onéreux pour une traversée de 50 minutes (entre 150 € et 200 € si on embarque une voiture).
L’ennui, conviennent les élus, c’est que ça ne se bouscule pas au portillon sur la concession : « On a bien compris que les compagnies maritimes sont frileuses à l’idée d’investir dans un nouveau bateau, parce que peut-être qu’elles n’ont pas les garanties en la matière, estime Jean-Charles Orsucci. Et face à la défaillance du secteur privé, la puissance publique doit intervenir. Nous ne pouvons pas rester les bras croisés, la desserte entre la Corse et la Sardaigne a régressé depuis 40 ans. On avait un bateau qui faisait du cabotage entre Bonifacio, Santa Teresa et La Maddalena, aujourd’hui on n’arrive même plus à faire Bonifacio - Santa Teresa… », relève le maire bonifacien, qui en a profité pour annoncer qu’il signera prochainement un jumelage entre Bonifacio et Santa Teresa di Gallura, deux villes séparées par un petit bras de mer de onze kilomètres, mais qui n’avaient jusqu’à maintenant jamais su concrétiser une convetion de jumelage, ce que Jean-Charles Orsucci lui-même qualifie de « surréaliste ».
D’où la nécessité, une fois que les risques de trouble à l’ordre public de la saison estivale seront écartés, de réfléchir à un nouveau modèle pour desservir Corse et Sardaigne. « L’urgence actuelle démontre qu’il faut changer le système », appuie Jean-Félix Acquaviva, qui avance trois pistes de travail à moyen terme : une délégation de service public (DSP) avec mise en concurrence des opérateurs privés, mais encore faut-il qu’il y ait des candidats ; une société publique transfrontalière locale portée par les régions Corse et Sardaigne ; et enfin une société d’économie mixte, avec un opérateur privé associé, sur le modèle de ce qui se fait dans le transport aérien avec Air Corsica. Jean-Félix Acquaviva assure que ces trois options sont aujourd’hui « sur la table », sachant que sa préférence ira « à la viabilité économique » de la ligne maritime, « à la garantie que les tarifs baissent » et « au respect de l’empreinte écologique ». Car les bateaux actuels (quand ils sont en service !) restent pointés du doigt pour leur vétusté ainsi qu’au regard des tarifs proposés, jugés particulièrement onéreux pour une traversée de 50 minutes (entre 150 € et 200 € si on embarque une voiture).
La ratification en 2023 du traité franco-italien du Quirinal a permis la création d’un groupement européen de coopération transfrontalière (GECT), à même de mutualiser des fonds pour un projet d’interconnection au coeur de la Méditerranée entre Corse, Sardaigne, Ligurie, Toscane et Latium. Ce GECT porte notamment un projet de métro aérien qui mettrait ces destinations à « vingt minutes » les unes des autres. Et il n’y a pas de raison non plus que les liaisons maritimes n’en sortent pas gagnantes, veut croire Jean-Félix Acquaviva : « L’intérêt de cette connection ? On est vraiment dans le coeur du sujet qui fait qu’un tel traité de coopération existe. Donc on a beaucoup d’espoirs dans la capacité d’avancer, même s’il faudra travailler sur une priorisation et sur des études. »
Et si un tunnel reliait les deux îles ?
Des idées (des rêves ?), le maire de Bonifacio en a aussi. Mardi matin, durant la réunion, il a ainsi émis le souhait de réfléchir à la construction d' « un tunnel » entre la Corse et la Sardaigne : « Tout ça peut paraître un peu fou, mais en réalité, ça a de la cohérence, argumente l’élu. L’axe entre Bastia et Cagliari est un axe européen et méditerranéen qui pourrait prendre de l’importance. Ca mérite d’être expertisé, d’un point de vue technique et financier. » Jean-Félix Acquaviva n’est pas contre : « C’est vrai que c’est très ambitieux, mais ça s’est déjà fait sur d’autres territoires insulaires, comme au Danemark et en Suède. Il peut y avoir une volonté politique de mettre au moins ce sujet à l’étude. Pourquoi pas ? Mais on devra nécessairement prendre en compte les contraintes environnementales et de sécurité, de même que la viabilité liée au flux de passagers. » Cela étant, avant d’imaginer construire un tunnel, la priorité partagée par tous reste d’apaiser les tensions sur le port de Bonifacio.
Et si un tunnel reliait les deux îles ?
Des idées (des rêves ?), le maire de Bonifacio en a aussi. Mardi matin, durant la réunion, il a ainsi émis le souhait de réfléchir à la construction d' « un tunnel » entre la Corse et la Sardaigne : « Tout ça peut paraître un peu fou, mais en réalité, ça a de la cohérence, argumente l’élu. L’axe entre Bastia et Cagliari est un axe européen et méditerranéen qui pourrait prendre de l’importance. Ca mérite d’être expertisé, d’un point de vue technique et financier. » Jean-Félix Acquaviva n’est pas contre : « C’est vrai que c’est très ambitieux, mais ça s’est déjà fait sur d’autres territoires insulaires, comme au Danemark et en Suède. Il peut y avoir une volonté politique de mettre au moins ce sujet à l’étude. Pourquoi pas ? Mais on devra nécessairement prendre en compte les contraintes environnementales et de sécurité, de même que la viabilité liée au flux de passagers. » Cela étant, avant d’imaginer construire un tunnel, la priorité partagée par tous reste d’apaiser les tensions sur le port de Bonifacio.