- Pourquoi demander à la CTC d'intervenir dans une question de sanctions sportives contre le SCB ?
- En ce qui nous concerne, nous n'avons pas l'habitude de saisir la CTC sur une question sportive. Mais, là, il ne s'agit pas d'une question sportive, il s'agit d'une question de dignité. Ce n'est pas en tant que club sportif que le Sporting est agressé, c'est en tant que club corse. L'ostracisme est tout à fait évident. Et, ce n'est même pas seulement le Sporting, mais l'ensemble des clubs corses et du sport corse qui est visé par ces persécutions tout à fait inadmissibles.
- Qu'est-ce-qui est en jeu, selon vous ?
- Ce qui est en jeu, ce n'est pas le parcours du Sporting dans le championnat, mais la dignité des Corses, le racisme anti-corse dont notre peuple est victime. Il appartient donc aux élus de la CTC et au Conseil Exécutif qui sont en charge des intérêts matériels et moraux de la Corse de réagir de manière ferme à l'endroit des individus et des organismes qui pratiquent ce racisme anti-corse de manière systématique.
- Quel type de réactions souhaitez-vous ?
- Il nous apparaît aujourd'hui nécessaire que le Conseil Exécutif intervienne fermement auprès des instances parisiennes du football pour leur dire qu'il est intolérable que les choses se passent de cette manière. S'il s'agissait de sanctions uniquement sportives, la CTC ne s'en occuperait pas, mais si elle en parle, et elle en parle régulièrement ces derniers temps, c'est parce qu'aujourd'hui, les instances nationales du football, Christophe Barbier dans son éditorial de l'Express et beaucoup de responsables parisiens traitent les Corses d'une manière inadmissible. En dernier recours, c'est bien à la CTC de refuser clairement ce type de comportements.
- Quelle a été la réponse de l'Exécutif ?
- L'Exécutif ne conteste pas le caractère anormal des sanctions qui sont appliquées aujourd'hui au Sporting. Nous allons essayer de rédiger un projet commun et le faire valider par les élus dans les heures qui viennent afin que cette délibération, qui fait valoir le point de vue et les exigences de la représentation légitime de la Corse, puisse être transmise aux instances parisiennes du football.
- La multiplication des propos anti-corses crée une image malsaine de ce que nous sommes. Cela ne vous inquiète-t-il pas ?
- Il y a manifestement un tir groupé de la part de différentes autorités françaises, des propos convergents qui sont scandaleux. Aujourd'hui, on s'en prend aux Corses d'une manière qui serait jugée, par tout le monde, raciste s'il s'agissait d'une autre communauté. Le texte de Christophe Barbier transpire la haine et le mépris dans chaque ligne. On ne peut pas accepter que l'on dise des Corses ce que l'on n'oserait dire de personne d'autre. Il ne s'agit pas simplement du parcours d'un club corse ou d'un papier d'un journaliste qui a débordé, mais véritablement de la volonté de mettre notre peuple en accusation. On voit ressurgir des thèses essentialistes que l'on croyait définitivement abandonnées.
- C'est-à-dire ?
- On ne critique plus les Corses pour ce qu'ils font, on ne leur reproche pas un comportement actuel qui serait jugé contestable, on leur reproche clairement d'être ce qu'ils sont. On rejoint les propos d'un procureur qui, il y a quelque dizaine d'années, parlait de problèmes génétiques s'agissant des Corses. Nous ne pouvons pas accepter que l'on dise de nous ce que l'on ne dirait d'aucun autre peuple. Donc, nous demandons à la CTC, avec sérénité et détermination, de ne pas laisser faire cela et de prendre la défense de la communauté corse.
Propos recueillis par Nicole MARI