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Les doctorants de l’Université de Corse relèvent le défi de « Ma thèse en 180 secondes »


Léana Serve le Lundi 27 Octobre 2025 à 17:57

Huit doctorants se sont affrontés ce dimanche au Parc Galea lors de la finale locale du concours « Ma thèse en 180 secondes ». En trois minutes, ils ont dû vulgariser des années de recherche face à un public non spécialiste. Un exercice exigeant qui permet de rapprocher la science du grand public.



Crédit : Université de Corse
Crédit : Université de Corse

180 secondes pour résumer des années de recherche : c’est le pari que se sont lancé huit doctorants de l’Université de Corse ce dimanche au Parc Galea. Une initiative qui s’inscrit dans le cadre du concours Ma thèse en 180 secondes, organisé par le Centre national de la recherche scientifique (CNRS) et France Universités. « C’est un concours qui se décline en plusieurs étapes : une finale locale, une finale régionale, une finale nationale et une finale internationale », explique Marie-Pierre Filosa, chargée de médiation scientifique au sein de l’Université de Corse. « L'idée, c'est que les doctorants qui préparent une thèse vulgarisent en trois minutes le sujet de leur thèse, de manière à ce qu'un public qui ne soit pas issu du monde académique ou de l'enseignement supérieur puisse comprendre leurs travaux de recherche. Il faut se mettre à la portée de n'importe quel public. »
 

Si l'exercice semble relativement simple, il repose en réalité sur un long travail d’accompagnement. Pendant plusieurs semaines, les doctorants ont suivi un programme destiné à rendre leurs recherches accessibles. « Ils ont travaillé avec Olivier Chabrol, qui leur a fait construire un texte avec un côté ludique, presque théâtral. On a ensuite réalisé un week-end immersif pour qu’ils construisent une diapositive, parce qu’ils ont droit à une image pour illustrer leurs propos. Il faut qu’elle soit claire, visuelle et esthétique, parce qu’ils ont l’habitude de faire des schémas qui peuvent être très compliqués pour le grand public, et ils doivent vraiment penser à l'esthétique et la simplicité. Enfin, ils ont répété leur pitch, leur présence scénique. Le plus important, c’est de respecter le timing : il faut vraiment que ça tienne en 180 secondes pile. Si vous vous arrêtez avant ou après, c’est fichu. »
 

Parmi ces huit doctorants, un candidat s’est particulièrement distingué. Lucas Bouché, étudiant en hydrogéologie, a remporté la finale locale grâce à une présentation de sa thèse Estimation de la production primaire brute des bassins versants par bilan de masse isotopique et les implications pour le bilan carbone à l'échelle de la Corse. Il représentera bientôt l’Université de Corse lors de la finale régionale pour la région PACA-Corse.
 

Vulgariser la science
 

Au-delà du concours et de la performance orale, Ma thèse en 180 secondes porte un enjeu plus large : celui de rendre la science accessible à tous. « Le but, c'est vraiment de montrer à un public très large en quoi consiste la recherche. Pour ça, il faut construire un discours qui soit vraiment au plus proche de la société. Souvent, la recherche est un milieu opaque, et le concours permet aussi de mieux faire comprendre les sujets. Dimanche, vous aviez des hydrogéologues, des gens qui travaillaient sur les agrumes, d’autres sur la figure historique de Pascal Paoli, tout un ensemble de recherches pluridisciplinaires, et ça permet de montrer aux gens ce qu’est vraiment la recherche », détaille Marie-Pierre Filosa.
 

Un avis partagé par Lucas Bouché. « Le concours permet de se forcer à faire un exercice nouveau. On est peu habitués à faire de la vulgarisation, et surtout face à un public de non-spécialistes. Mais c’est très important parce qu'il faut aussi qu’on sorte de nos laboratoires et qu'on aille à la rencontre de la société, puisque notre recherche, qui peut parfois paraître obscure et austère, est à portée de notre territoire. En allant vulgariser toutes ces sciences qu'on fait, on montre aussi que la recherche menée à l'université est une recherche pour la Corse, pour la société et pour le territoire. »

Pour les doctorants, cet exercice leur permet aussi de s’entraîner avant leur soutenance de thèse à la fin de leur cursus. « On s’est rendu compte au fil des années que la formation leur permettait d'être beaucoup plus à l'aise lors de leur soutenance de thèse et autres présentations qu'ils ont à faire durant leurs années de recherche. L’idée, c’est aussi d’être à l’aise avec le discours oral, d'arriver à captiver son public, de se mettre à la portée de n'importe quel public, et c'est très formateur », souligne Marie-Pierre Filosa. « Ça a totalement changé ma manière d’aborder ma recherche », poursuit Lucas Bouché. « Dès le moment où on entre en thèse, on est un peu la tête dans le guidon, à fond sur nos sujets, et on est entouré de spécialistes, alors on essaie de creuser dans la science. Finalement, ce type d'exercice permet de prendre du recul, de se poser sur notre avancée. C'est un exercice extrêmement formateur, même pour une soutenance de thèse, ça sera toujours une plus-value dans nos vies futures. »