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Les 12 premiers réfugiés ukrainiens sont arrivés en Corse


Pierre-Manuel Pescetti le Mercredi 9 Mars 2022 à 13:45

Six ukrainiennes et six enfants sont arrivés en Corse depuis la fin février après avoir fui la guerre en Ukraine. Ils pourraient ne pas être les derniers. Des actions se mettent en place sur l’île pour les soutenir.



Une jeune femme qui a quitté l'Ukraine. Photo Janek S. AFP
Une jeune femme qui a quitté l'Ukraine. Photo Janek S. AFP
La Corse, terre d’accueil pour les familles ukrainiennes fuyant la guerre. Depuis le début du conflit en Ukraine, six ukrainiennes et leurs six enfants ont foulé leur nouvelle terre d’exil. « Les mères de famille ont entre 35 et 47 ans, l’une d’entre elles est venue avec sa maman âgée d’une soixantaine d’années. Les enfants ont entre 14 mois et 15 ans », indique Nataliya Khobta-Santoni, oncologue ajaccienne, ukrainienne et fondatrice de l’association Solidarité Corse-Ukraine.

Pourquoi avoir choisi la Corse ?
La plupart ont déjà tissé des liens avec l’île. « Deux d’entre elles sont mariées à des légionnaires de Calvi, une autre a déjà effectué plusieurs saisons dans un camping à Folelli, une autre encore a son compagnon corse à Porto-Vecchio », explique Nataliya Khobta-Santoni. Pourtant, le sentiment de la peur de l’inconnu domine. « J’ai pu discuter avec certaines d’entre elles. Même si elles sont déstabilisées, à peine arrivées elles veulent se rendre utiles », indique l’oncologue ajaccienne.
D’autres pourraient arriver dans les jours qui viennent selon Nataliya Khobta-Santoni : « une mère de famille et ses deux enfants de 7 mois et 5 ans et demi arrivent jeudi par avion. Dans la semaine, encore 6 ou 7 personnes devraient venir en Corse ».

Les hommes, eux, ne peuvent pas quitter le pays. Beaucoup ont fait le choix des armes. Choix presque imposé par le président Ukrainien Volodymyr Zelensky le 24 février dernier et l’ordre de mobilisation militaire générale. Aucun homme de 18 à 60 ans ne peut quitter le pays.

Priorité au bon accueil

Après le traumatisme de la guerre, la difficulté est double pour les réfugiés : ils ont fui leur pays et se retrouvent sur une terre dont la plupart ne connaissent rien, ni les coutumes, ni la langue. Nataliya Khobta-Santoni joue les entremetteuses avec les différents organismes publics tels que les mairies de Bastia et d’Ajaccio et l’Académie de Corse. « J’ai déjà établi une liste des réfugiés présents que j’ai envoyé à l’ARS de Corse, aux deux plus grandes mairies de Corse et j’essaye de travailler avec les préfectures et le Rectorat », précise Nataliya Khobta-Santoni. Objectif, régulariser les situations de tout le monde pour faciliter une intégration rapide.

La priorité se situe notamment au niveau des enfants. À cause de la guerre, leur cycle scolaire a été interrompu. Malgré la barrière de la langue, Nataliya Khobta-Santoni est persuadée des biens-faits d’une intégration dans les écoles corses pour échapper au quotidien morose de la fuite d’une guerre. « Pour jouer au ballon dans la cour de récréation, pas besoin de parler la même langue », pour Nataliya Khobta-Santoni.

Les insulaires mettent la main à la poche pour les Ukrainiens

« Quelqu’un m’a envoyé un message pour savoir comment s’écrivait mon nom. Je n’ai pas compris alors j’ai appelé et je suis tombé sur une personne de la mairie de Porto-Vecchio qui m’a expliqué qu’ils organisaient des manifestations sportives ce samedi 12 mars dont les bénéfices seront reversés à notre association. J’ai pleuré », raconte, touchée, Nataliya Khobta-Santoni. Car, en plus des premières collectes organisées spontanément dans toute la Corse, différentes initiatives fleurissent sur l’île. « Cette solidarité est tellement touchante et je me rends encore plus compte que les peuples corses et ukrainiens ont beaucoup en commun », souligne Nataliya Khobta-Santoni.

L’association a également lancé une cagnotte en ligne sur le site insulaire Move.corsica pour soutenir le peuple ukrainien. L’objectif, apporter un soutien financier, alimentaire, médical et humain aux civils ukrainiens toujours sur place. Depuis le 4 mars, date de son lancement, elle a récolté plus de 13 000 euros. L’argent reçu sera ensuite redirigé vers d’autres associations et ONG qui œuvrent sur place pour aider les populations civiles. Une partie restera en Corse pour aider les réfugiés.

Certains supermarchés ajacciens proposent également l’arrondi à leurs clients pour le reverser à l’association Solidarité Corse-Ukraine depuis le 5 mars. « Cela s’est fait spontanément. Certains propriétaires de supermarchés nous ont contacté pour voir comment nous reverser l’argent », raconte Nataliya Khobta-Santoni, émue.

Depuis le début de la guerre opposant la Russie à l’Ukraine, près de deux millions d’ukrainiens devraient avoir fui le pays ce 8 mars selon le Haut-commissaire de l’ONU (Organisation des Nations Unies) aux réfugiés. D’autres devraient arriver en Corse dans les jours qui viennent.