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Le président Macron à l’écoute de David Brugioni, maire de Centuri


Nicole Mari le Vendredi 5 Avril 2019 à 18:08

Le maire de Centuri, David Brugioni, a interpelé, de façon très solennelle, le président de la République, Emmanuel Macron, lors du dernier round du Grand débat national qui s’est tenu jeudi après-midi à Cuzzà. Il a revêtu symboliquement l’écharpe tricolore pour expliquer les violences et les pressions dont sa famille et lui sont victimes et demandé un entretien avec le chef de l’Etat. L’entretien n’a pu avoir lieu à l’issue de la réunion, mais le président a, par son directeur de cabinet, fait savoir à David Brugioni que son message avait été entendu.



David Brugioni, maire de Centuri, à son arrivée à Cuzzà.
David Brugioni, maire de Centuri, à son arrivée à Cuzzà.
Ce fut certainement l’intervention la plus courte, la plus remarquée et la plus inédite de ces six heures de Grand débat, jeudi après-midi, à Cuzzà. Alors que de nombreux maires sont venus demander au président de la République de modifier les lois existantes en matière d’urbanisme, le maire de Centuri, David Brugioni, militant de Core in Fronte, a fait le long déplacement de l’Extrême pointe du Cap Corse pour demander la stricte application de la loi. C’est que depuis son arrivée aux responsabilités communales en 2014, il subit pression sur pression jusqu’à la violence et à des tirs de chevrotine sur sa maison.
 
A Cuzzà, David Brugioni a symboliquement remis l’écharpe Bleu-Blanc-Rouge qu’il avait ostensiblement ôtée en septembre 2017. Devant ses pairs, ses amis, ses concitoyens et les médias, il avait, alors, enlevé l’écharpe tricolore qui le ceignait en commentant désabusé : « Je veux rétablir l’ordre dans ma commune, mais visiblement je n’y arrive pas ». Un geste fort et symbolique pour protester contre « une justice absente ».
 
Une demande solennelle
19 mois plus tard, la situation est toujours aussi critique, comme il l’explique en quelques mots au président de la République :
« Mr le Président, vous me voyez devant vous effectuer le geste pour remettre mon écharpe de maire, symbole de la République. Pourquoi je dis remettre ? Pour la simple et bonne raison que le 16 septembre 2017, j’ai enlevé cette écharpe face à la presse et aux administrés de Centuri. Vous connaissez, sans doute, la raison de ce geste, toutefois je vous le rappelle : dans la nuit du 10/11 septembre 2017, ma maison, située sur la commune, a été la cible de tirs de chevrotine. Vous pouvez, Mr le Président, facilement comprendre le sentiment qui a été le mien à ce moment-là, comme celui d’une part, de ma famille, mes filles étaient à la maison, d’autre part, de mes administrés et amis. Cet acte a été répété en août 2018 par des tirs sur la vidéosurveillance et la façade de la mairie.
Cette situation est la conséquence directe de toutes les actions engagées pour faire respecter le droit dans ma fonction de maire. La raison du retrait de mon écharpe est le fait que je n’ai pas ressenti de la part de l’Etat toute l’aide qu’un élu est en droit d’attendre.
Mr le Président, pour les élus de proximité que nous sommes, la situation est souvent très difficile, voire dangereuse. 
Aussi, Mr le Président, je vous demande solennellement de m’accorder, à la fin du débat, un entretien pour vous informer de façon directe sur la situation complexe que je partage malheureusement avec d’autres maires, je vous le demande au nom de tous mes administrés et de ma famille ».
 
Un coup de fil rassurant
Le président Macron a répondu que la préfète venait de l’informer de la situation et qu’il était prêt à « accorder un peu de temps » à David Brugioni à l’issue de la réunion. Le temps a finalement manqué, la longueur du débat n’a pas permis la tenue de l’entretien, Emmanuel Macron ayant très vite quitté les lieux pour prendre l’avion. « J’ai reçu, tout de suite, un texto de son directeur de cabinet qui s’excusait, me disant que le timing était trop court et que le président lui demandait de me recontacter ce vendredi matin », explique David Brugioni. Ce qui a été fait, le contact téléphonique a bien eu lieu comme prévu. « J’ai reçu un coup de fil où le directeur de cabinet m’a dit que je pouvais être rassuré, que le message était très bien passé, que le président de la République avait parfaitement compris les difficultés que je rencontre et qu’il allait s’intéresser de près à Centuri. Il m’a demandé d’envoyer un compte-rendu précis de l’historique de la situation, j’ai chargé mon avocat de faire le nécessaire ». Un vrai soulagement pour le maire. « L’important, c’est que j’ai été entendu et que le président de la République ait compris la situation ». Affaire à suivre…
 
N.M.
 

(Photos Michel Luccioni)