Rien ne laissait penser, à première vue, que ce terrain de 450 m² en bordure de relief allait livrer l’une des découvertes archéologiques les plus prometteuses de ces dernières années à Lucciana. Pourtant, sous quelques dizaines de centimètres de terre, les archéologues de l’Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap) ont découvert les vestiges d’une habitation médiévale. Tout commence au début de l’année 2025, lorsqu’un particulier dépose un permis de construire pour faire bâtir une maison. Un diagnostic est alors réalisé, conformément à la législation sur l’archéologie préventive. En moyenne, 8 % des projets de construction en France passent par cette étape, mais en Corse, seules 4 % des demandes aboutissent à une fouille.
À Lucciana, la surprise est immédiate. « On a ouvert deux tranchées sur environ 10 % de la surface de la parcelle, et les vestiges sont apparus », raconte Anthony Gaillard, archéologue à l’Inrap et responsable de l’opération. Une découverte qui a suffi à enclencher une fouille complète, financée à 100 % par le Fonds national pour l’archéologie préventive, l’État prenant en charge ce type de chantier lorsqu’il s’agit d’un projet porté par un particulier. Les fouilles ont débuté le 8 septembre et devraient s’achever dans quelques semaines. Sur le terrain, une équipe de quatre à cinq archéologues travaille quotidiennement à la mise au jour des vestiges. Et déjà, plusieurs découvertes majeures viennent enrichir la connaissance du passé de la région.
Un témoin rare du Moyen Âge corse
C’est dès le diagnostic que les premières traces d’un bâtiment médiéval apparaissent. Un mur, partiellement visible dans l’une des tranchées, attire l’attention des archéologues. Lors du décapage, la fouille permet de reconstituer peu à peu le plan d’une habitation. « On se retrouve avec un premier mur qui fonctionne avec un deuxième, puis un troisième vient s’y coller avec une rupture nette. On pense qu’il s’agit d’un réaménagement de la maison au fil du temps », explique Anthony Gaillard. Le sol, en dallettes de schiste, un matériau typique de la Corse médiévale, permet sûrement de délimiter les espaces intérieurs et extérieurs de la maison. « C’est probablement un seuil d’entrée. On a aussi retrouvé une petite zone de dallage intérieur, sûrement pour compenser la pente naturelle du terrain. »
La découverte de cette maison médiévale constitue un apport majeur pour la connaissance de la Corse à cette époque. « C’est une période très mal connue dans l’île, on a très peu de données pour le Moyen Âge autour de l’an 1000 », souligne Anthony Gaillard. Jusqu’à présent, les recherches archéologiques portaient essentiellement sur des sites castraux ou ecclésiastiques. Ici, il s’agit d’une habitation civile. « C’est le premier bâtiment de ce type découvert dans ce secteur, et pour l’instant, il est unique. » Une découverte précieuse pour mieux comprendre comment la Corse était habitée au Moyen Âge.
Des vestiges antiques et néolithiques
Si l’habitation médiévale constitue la principale découverte, elle n’est pas la seule. À mesure que les archéologues avancent, le site révèle des traces d’occupations plus anciennes. « On a été surpris par la bonne proportion de mobilier antique mélangé au médiéval. On pensait que les Romains étaient restés sur le littoral, mais cette fouille montre qu’ils sont aussi montés sur les reliefs », indique Anthony Gaillard. Quelques fragments d’amphore, difficiles à rattacher à une structure clairement définie pour l’instant, laissent penser à une présence antique bien réelle sur le site.
Autre surprise de taille : la mise au jour, la semaine dernière, de vestiges datant de la période néolithique. « On connaît très peu de sites néolithiques en Corse, c’est un vrai sujet de recherche. » Les fouilles ont mis au jour des petites structures en creux, probablement des trous de poteaux en bois, des fosses de rejet, mais aussi des fragments de lame abandonnés, de la céramique, des morceaux de torchis et des indices d’un probable foyer où un feu aurait été allumé. « Ce n’est pas un site spectaculaire, mais scientifiquement, il est très important de part son emplacement et ce qu’on y découvre. »
Un travail de reconstitution
La fouille, qui a débuté le 8 septembre, devrait se poursuivre encore quelques semaines avant de s’achever pour laisser place à la construction de la maison. Mais le travail ne s’arrête pas là : une fois le terrain fouillé, c’est une longue phase d’analyse qui va débuter en laboratoire. Pendant deux ans, plus de 300 spécialistes étudieront les vestiges, les photos et les cartographies recueillis pendant la fouille, afin de mieux comprendre les différentes périodes d’occupation du site et leur importance pour l’histoire de la Corse. « On collecte un maximum de données maintenant pour les interpréter ensuite », détaille l’archéologue. « L’idée, c’est vraiment de sauvegarder ce lieu par l’étude. »
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