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Le ministre Olivier Dussopt en Corse pour mesurer la mise en œuvre du Plan France Relance


Pierre-Manuel Pescetti le Vendredi 27 Août 2021 à 15:58

Dans son tour de France des régions pour promouvoir la mise en œuvre du plan France Relance, le ministre des Comptes publics, Olivier Dussopt, a fait, vendredi, escale en Corse. Première étape à Corte en début de journée pour vérifier les chantiers initiés par la Sécurité Civile, l'AFPA et le CROUS avant d'assister à une réunion avec les élus insulaires et les acteurs socio-professionnels. De l'écoute, mais pas d'annonce.



Autour du ministre Olivier Dussopt, François Ravier, préfet de Haute-Corse, Antoine Orsini, président de la communauté de communes Centre Corse, Xavier Poli, maire de Corte. (Photo Pierre-Manuel Pescetti)
Autour du ministre Olivier Dussopt, François Ravier, préfet de Haute-Corse, Antoine Orsini, président de la communauté de communes Centre Corse, Xavier Poli, maire de Corte. (Photo Pierre-Manuel Pescetti)
Olivier Dussopt, ministre délégué chargé des Comptes publics, était en mission ce vendredi 27 août en Corse. Si aucune annonce n’a été faite lors de cette venue, il l’assume, le déplacement avait pour but de « mesurer la mise en œuvre du plan France Relance ». Une sorte de visite de chantier pour s’assurer que tout va bien et marteler le soutien de l’Etat envers ses services publics. Car ce sont bien eux qui ont reçu la délégation ministérielle en grandes pompes. « L’Etat fait un effort pour son propre patrimoine en rénovant les bâtiments publics et beaucoup sont à Corte ». Sur la cinquantaine de chantiers identifiée en Corse pour bénéficier du plan, trois sont, en effet, situés dans la ville universitaire pour un total de 5,8 millions d’euros. Le ministre a ainsi vérifié l’avancement des travaux de l’Unité d’intervention et d’instruction de la sécurité civile de Corte, l’UIISC 5, les chantier des locaux de l’AFPA (Agence nationale pour la formation professionnelle des adultes) et de plusieurs bâtiments du CROUS (Centre régional des Œuvres universitaires et scolaires).

Rénovation énergétique pour la Sécurité Civile

Première étape donc : l’UIISC 5. Après une courte présentation de l’Unité, Olivier Dussopt a pu se confronter à la réalité : des logements vieux de plusieurs dizaines d’années, se chauffant encore au fioul. Une époque qui devrait être révolue grâce à plus d’un million d’euros d’investissement dans la cadre du plan France Relance. La toiture d’un des bâtiments sera rénovée pour 250 000 euros, et deux bornes électriques seront installées pour un montant de 40 000 euros. Mais la plus grande partie du chantier concerne les bâtiments logeant les militaires. L’isolation thermique et phonique sera entièrement refaite. Le système de production de chauffage fonctionnant au fioul sera remplacé. Le tout pour un montant de 800 000 euros. Mais les militaires s’interrogent sur l’absence de politique volontariste concernant le photovoltaïque. Ils sont également confrontés au problème du logement dans le Centre Corse et font face à une offre qu'ils considèrent inadaptée parce que plus tournée vers les étudiants. Il manquerait encore, selon eux, une dizaine de logements allant du F3 au F5 pour accueillir correctement tout le personnel.
Les logements de l'UIISC 5. Crédits Photo : Pierre-Manuel Pescetti
Les logements de l'UIISC 5. Crédits Photo : Pierre-Manuel Pescetti

Un nouveau toit pour l’AFPA

Pour le deuxième dossier de la journée, l’enveloppe grimpe. Ici, ce sont 1,7 million d’euros qui seront investis dans le projet Eco Centru, déjà porté par le Centre cortenais de l’AFPA. « Ces travaux permettront la rénovation de nos toitures et leur renforcement pour accueillir une ferme photovoltaïque produisant de l’électricité pour 700 foyers » précise le directeur du site, Jean-Philippe Muracciole. Une opération qui devrait débuter avant la fin 2021 et qui rentre dans l’un des trois axes principaux du plan France Relance : La transition écologique, les deux autres étant la compétitivité et la cohésion sociale et territoriale.

Des logements étudiants flambants neufs pour le CROUS

Le troisième dossier sera le plus gros chantier cortenais soutenu par le plan France Relance. Près de 3 millions d’euros permettent déjà au CROUS de débuter les travaux de rénovation des bâtiments Ettori et Martin sur le campus Grimaldi. En tout, une quarantaine de logements sera rénovée pour améliorer l’offre du CROUS. « Un effet d’aubaine nécessaire » pour son directeur Marc-Paul Luciani. Fin des travaux prévus au plus tard en décembre 2021.
Visite de chantier pour le directeur du CROUS Marc-Paul Luciani et le ministre Olivier Dussopt. Crédits Photo : Pierre-Manuel Pescetti
Visite de chantier pour le directeur du CROUS Marc-Paul Luciani et le ministre Olivier Dussopt. Crédits Photo : Pierre-Manuel Pescetti

Une visite politique

Accompagné tout au long de la matinée par les députés nationalistes Jean-Félix Acquaviva et Michel Castellani, et le maire de Corte, Xavier Poli, le ministre a été rejoint par les acteurs du monde socio-professionnel, les présidents des Chambres d’Industrie et de Commerce de Corse. Et, pour la réunion prévue en fin de matinée, le président de l’Exécutif de Corse, Gilles Simeoni. L’ombre d'un doute avait plané sur sa présence du fait, murmurait-on, d'un énième couac de la Préfecture,  mais il a rejoint la réunion qui s’est tenue à huis-clos au cœur des bureaux de la présidence de l’Université de Corse. Olivier Dussopt avait précisé dans une interview donnée à nos confrères qu’il n’avait « pas prévu, à ce stade, d’entretien avec tel ou tel élu, et donc avec le président Simeoni. S’il le souhaite, je suis évidemment à sa disposition, dès aujourd’hui ou dans les semaines qui suivront ». C’est chose faite pour les deux responsables politiques qui ont pu échanger sur les quatre sujets mis à l'ordre du jour par le président de l'Exécutif corse. D'abord, le maintien des moyens matériels et humains de la Douane en Corse, ensuite la mise en place d'une Commission mixte Élus insulaires-État concernant le maintien des services publics dans les zones rurales et de montagne. Gilles Simeoni a également insisté, avec les acteurs socioéconomiques, sur la nécessité "d’adapter le plan France Relance aux spécificités économiques et sociales de l’île, d’articuler et de renforcer l’ensemble des dispositifs que ce soit le Plan de relance, le PTIC, le CPER ou les Programmes européens " . Enfin, il a rappelé "la nécessité d’un statut fiscal et social et d’un statut d’autonomie de plein droit et de plein exercice pour la Corse".
Le ministre Olivier Dussopt en pleine discussion avec le président de l'Executif Corse Gilles Simeoni et la présidente de l'Assemblée de Corse Nanette Maupertuis. Crédits Photo : Pierre-Manuel Pescetti.
Le ministre Olivier Dussopt en pleine discussion avec le président de l'Executif Corse Gilles Simeoni et la présidente de l'Assemblée de Corse Nanette Maupertuis. Crédits Photo : Pierre-Manuel Pescetti.

Peu de réponses

A ces quatre demandes, le ministre Olivier Dussopt a, selon nos informations, partiellement répondu. il s'est dit favorable au renouvellement de la vedette de la douane à Ajaccio et au renforcement des effectifs pour passer de 4 à 5. Concernant la vedette de la douane bastiaise, il a avoué ne pas connaître le dossier qui devrait, donc, lui être envoyé. Il a, également, accédé à la demande de mise en place de la Commission mixte Élus insulaires-État et a donné instruction au Préfet de Corse de la mettre en œuvre rapidement. Pour le reste, il a botté en touche.
Concernant la nécessité d’adapter le plan France Relance aux spécificités économiques et sociales de l’île, le ministre n'a pas vraiment donné de réponse. Il a estimé qu’il n’y avait pas de problème sur le PGE (Prêt garanti par l’Etat), mais ses interlocuteurs insulaires lui ont fait remarquer qu’il n’y avait pas encore de problèmes parce que les entreprises n’avaient pas encore commencé à rembourser. Le premier remboursement est prévu en mai 2022. Les élus corses ont expliqué que les critères des appels à projets dans le cadre du Plan France Relance étaient inadaptés à la réalité insulaire. La preuve en est que la Corse, qui représente en gros 0,5% du PIB français, n’a mobilisé que 0,1 à 0,3% en moyenne de l’enveloppe. C’est-à-dire moitié moins que prévu ! Autre sujet d'inquiétude : le Fonds national de transition que le gouvernement va mettre en place pour abonder les entreprises qui continueraient d’avoir des problèmes, mais les critères pressentis ne sont, là aussi, atteignables que par de grandes entreprises dont la taille est supérieure à celles de l'île. Les élus ont demandé au ministre de veiller à ce que les entreprises insulaires soient éligibles à ce dispositif. Les socioprofessionnels se sont déclarés "satisfaits" de l'écoute du ministre, même si celui-ci n'a pas apporté les réponses attendues.
Concernant, enfin, la demande d’un statut fiscal et social et d’un statut d’autonomie de plein droit et de plein exercice, le ministre a pris acte de la demande, mais s’est déclaré incompétent pour y répondre.


Après un déjeuner républicain, Olivier Dussopt s'est envolé vers Ajaccio pour participer à plusieurs opérations de la Douane.