« Ce lieu va vraiment nous faciliter la vie », lance le directeur départemental de la sécurité publique (DDSP) de Haute-Corse, Joël-Patrick Terry. Ce lieu évoqué par le chef de la police est en fait l’Unité médico-judiciaire (UMJ) qui a été inaugurée ce jeudi 14 avril en haut de l’avenue Jean Zuccarelli à Bastia, dans les anciens locaux de la chambre d’agriculture de Haute-Corse.
Dans les 150 m2 de locaux dédiés, trois médecins qualifiés en médecine légale, deux psychologues, deux infirmières, une secrétaire médicale et une assistante sociale prendront en charge les victimes de violences nécessitant un examen de médecine-légale.
« A présent, c’est ici que seront transportées les victimes de violences. Le médecin légal devra examiner les lésions et déterminer l’interruption temporaire de travail appropriée au traumatisme » explique Arnaud Viornery, le procureur de Bastia. Avant la création de cette unité, il appartenait au médecin traitant ou aux médecins de l’hôpital de déterminer le nombre d’ITT pour la victime. « L’UMJ va renforcer la fiabilité des procédures pénales en intégrant aux dossiers judiciaires des certificats médicaux précis établis par des médecins habitués à manipuler la notion légale d’ITT », continue le procureur. Dans cette unité financée par le ministère de la justice à hauteur de 640.000€ annuels, 2 500 à 3 000 actes sont attendus chaque année.
Parmi les personnes qui s’y rendront, les victimes de viol pourront y être examinées. « Deux infirmières peuvent faire directement les prélèvements puis une aide psychologique est proposée, cela soulagera les urgences de l’hôpital », explique Françoise Vesperini, directrice par intérim de l’établissement hospitalier de Bastia auquel cette unité est rattachée. Ce nouveau lieu remplace désormais l'unité départementale de lutte contre les violences sexistes et sexuelles faites aux femmes qui était située dans la citadelle de Bastia. L’UMJ accueillera également les enfants victimes de violences. Pour eux, une salle dite « Mélanie » a été aménagée afin de les accueillir de manière conviviale et leur permettre d’être à l’aise. « Il faut qu’ils puissent parler librement. Dans cette salle une caméra les filme pour pouvoir enregistrer leurs témoignages », détaille le docteur Jérôme Barthelet.
De nouveaux légistes en Haute-Corse
La création de cette unité a permis l’installation en Corse de trois médecins-légistes qui pourront intervenir directement sur les scènes de crime, les suicides mais aussi sur les blessés par balle. « Avant il n’y avait rien de structuré donc on donnait un coup de main à la justice mais maintenant on fait vraiment partie d’une équipe organisée », reprend le médecin-légiste Jérôme Barthelet. Le chef de la Police de Haute-Corse se réjouit d’ailleurs de la présence de ces experts. « Cela accélèrera le déroulé des enquêtes et leur donnera encore plus de légitimité devant un juge », assure Joël-Patrick Terry.