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La pauvreté s’aggrave en Corse et les femmes en sont les premières victimes, alerte le Secours catholique


Angelina Rosano le Jeudi 16 Novembre 2023 à 16:24

À l’heure où la situation des plus précaires s’aggrave en France, la Corse n’est pas épargnée par le phénomène. D’après le rapport pauvreté publié par le Secours catholique, sur l'ile les femmes sont les premières victimes de la pauvreté.



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Aurelie Duvivier, Dominique Knezevic, Célia Monnet et Hervé Rameau, en visio-conférence, présentaient le rapport pauvreté du Secours catholique. (Photo : Angelina Rosano)
Aurelie Duvivier, Dominique Knezevic, Célia Monnet et Hervé Rameau, en visio-conférence, présentaient le rapport pauvreté du Secours catholique. (Photo : Angelina Rosano)
Lors d'une conférence de presse dans leurs locaux d'Ajaccio, les responsables du Secours Catholique en Corse ont dévoilé un bilan alarmant ont partagé les résultats préoccupants de leurs actions au cours de l'année écoulée, soulignant les défis croissants de la pauvreté en Corse. Dominique Knezevic, la présidente, Hervé Rameau, le vice-président, Aurelie Duvivier, animatrice des réseaux solidarité et Célia Monnet, déléguée de l’association, ont partagé leurs préoccupations croissantes face à la montée de la précarité sur l'île. En 2022, en effet, le Secours catholique a accueilli plus d’un million de personnes en France, dont 400 000 enfants. Les femmes sont les plus touchées par la pauvreté d’après le rapport avec 57,5 % d’entre elles, souvent des mères isolées, prisent en charge par l’association. En Corse, plus de 2 500 personnes ont été aidées et accompagnées par le Secours catholique l’année passée.
« La situation est alarmante en Corse, lance Aurelie Duvivier, le nombre de personnes accompagnées a drastiquement augmenté ces dernières années, notamment depuis la crise sanitaire du Covid. Nous avons de plus en plus de nouvelles personnes qui viennent nous voir, des gens qui ne se sont jamais tournés vers nous auparavant. Lorsqu’ils franchissent la porte c’est qu’ils n’ont plus le choix ». 

« Quand l’inflation s’envole, la pauvreté s’aggrave. C’est une mécanique implacable qui broie de nombreuses vies. Beaucoup de personnes finissent par pousser les portes du Secours catholique pour demander de l’aide. Au début, les personnes vont faire un arbitrage et se priver de certaines choses, mais il arrive un moment où ce n’est plus possible », constate Célia Monnet. En 2021, le taux de pauvreté était de 14,5 % en France avec une augmentation de 0,9 point. L’année 2022 a été une année de forte inflation d’après les chiffres publiés par l’INSEE, les prix de l’alimentation ont bondi de 6,8 % et ceux de l’énergie de 23,1 %.

Vivre avec 18€ par jour
Le niveau de vie médian des personnes rencontrées par l’association l’an dernier a chuté de 7,6 %, passant de 579 € en 2021 à 538 € en 2022, soit moins de 18 € par jour pour subvenir à leurs besoins tels que payer son loyer, se nourrir, se vêtir, payer ses factures. Ce montant correspond à moins de la moitié du seuil de pauvreté estimé à 1 211 € par l’association. « Comment peut-on vivre avec 18 € par jour ? C’est l’équation impossible à laquelle sont confrontées les personnes que l’on rencontre » ajoute Célia.
95 % des personnes rencontrées vivent sous le seuil de pauvreté, les trois-quart sont même sous le seuil d’extrême pauvreté. Les femmes sont surreprésentées dans ce rapport. « La précarité féminine augmente chaque année, suite à des séparations ou divorces, les femmes se retrouvent seules à gérer les enfants, leurs emplois sont souvent plus précaires, car certaines travaillent en temps partiel en raison de la charge du foyer. Leurs carrières sont hachées et entraînent de faibles pensions et retraites » relève Dominique Knezevic. 29,2 % des femmes rencontrées par l’association n’ont d’ailleurs pas de logement stable.

Pour lutter contre la pauvreté, le Secours catholique recommande d’indexer les minimas sociaux sur le SMIC, d’étendre le RSA et de lutter contre le non-recours aux prestations sociales en rendant les services sociaux plus accessibles. « Un tiers des personnes rencontrées sont éligibles au RSA et ne l’ont pas perçu en 2022 » note Célia Monnet. Au niveau national comme régional, les personnes accueillies par l’association bénéficient de divers services comme un accompagnement social (57 %), une aide alimentaire, par la distribution de chèque service qui permettent d’acheter des aliments ou des produits de première nécessité (51 %), une aide financière pour payer le loyer, les factures (19 %) et une aide à la mobilité (10 %). Diverses actions sont mises en place partout en Corse auprès de familles, adultes isolés ou sans-abri. « Certaines actions répondent à l’urgence, d’autres s’inscrivent sur un accompagnement à long terme » d’après Aurelie Duvivier. Cet accompagnement peut aller de l’écoute, à l’aide administrative avec des assistants sociaux, à des cours de français ou de langues étrangères, des ateliers créatifs, du soutien scolaire, des boutiques solidaires et depuis peu une laverie mobile dans la région bastiaise."