CNI a enquêté du coté de l’auteure….
- Michèle, un mot sur vos racines corses ?
- La famille de mon père est corse. Ma grand-mère est née à Talasani en Haute-Corse et mon grand-père à Chialza dans l'Alta Rocca. Ils ont, comme beaucoup au XXème siècle, vécu toute leur vie entre Corse et continent. Pendant mon enfance, j'ai passé mes vacances d'été au village. J'ai écrit une bonne partie de ce dernier roman «La patience de l'immortelle» sur ces terres-là, hébergée par un cousin.
- Quel a été votre parcours ?
- J'ai été journaliste de presse écrite pendant des années, puis je suis passée au web à la fin des années 1990. J'ai aussi été formatrice dans une coopérative de formation aux métiers de l'information à Paris. Je suis aujourd'hui rédactrice pour le site de la BNF www.retronews.fr.
- Comment êtes-vous venue à l'écriture ?
- En tant que journaliste je me suis cantonnée à une écriture particulière pendant des années, celle qui raconte des faits et qui s'interdit la fiction. En 2015, j'ai participé à un concours de nouvelles organisé par le Festival Toulouse Polars du sud. A ce moment, pas mal de gens m'ont demandé pourquoi je n'écrivais pas "plus long". J'ai d'abord répondu que j'en étais incapable, et puis j'ai commencé à écrire mon premier roman, Boccanera, en me disant que si je n'essayais pas, je pourrais finir écrasée sous un bus sans savoir si j'étais ou non capable d'écrire "plus long". J'ai voulu écrire un polar avec tous les codes du genre, mais légèrement tordus à ma sauce. Dans ce premier roman je dis tout mon amour au noir et au polar amricain, depuis Chester Himes jusqu'à Craig Johnson.
- Comment est né le personnage de Ghjulia Boccanera?
- Il y a de plus en plus de personnages féminins principaux dans le polar français et c'est tant mieux, mais finalement pas tant que ça. Je voulais une femme qui ne soit ni flic, ni gendarme, ni journaliste ou avocate. J'ai donc imaginé une détective privée, qui est une profession tellement peu associée aux femmes que mon correcteur orthographique part en vrille à chaque fois que je mets ces mots au féminin. Ce qui est pratique avec une détective privée c'est qu'elle ne répond à aucune hiérarchie, elle ne suit pas de procédures et ne rend des comptes qu'à ses clients. Ça correspond bien au caractère de Ghjulia Boccanera qui est une sorte d'électron très libre, qui mène ses enquêtes comme sa barque, c'est à dire absolument comme elle l'entend.
- Après une première enquête à Nice, la voilà en Corse, l'idée de ce second livre sur l'île ?
- C'est mon troisième roman après Boccanera qui se situe à Nice et Après les chiens où l'intrigue se passe entre Nice et la vallée de la Roya, sur la frontière franco-italienne. J'avais très envie d'écrire une histoire qui se passe en Corse, avec ma vision très subjective de l'île. Boccanera y retourne après de nombreuses années d'absence, contrainte et forcée, en étant bien consciente qu'elle ne maîtrise aucun code : elle ne parle pas la langue, elle a très peu de mémoire familiale, elle ne sait vivre pleinement qu'en ville... Bref, elle arrive avec quelques handicaps pour mener une enquête sur une mort violente qui la touche de très près.
- Les aventures de Ghjulia vont-elles se poursuivre dans d'autres polars ?
- J'aime bien Ghjulia Boccanera et je crois qu'elle a encore des choses à dire. Mais je suis incapable de planifier mon écriture, les histoires se déclenchent quand elles veulent. Moi, je peux juste attendre qu'une nouvelle idée veuille bien se manifester...
- D'autres projets d'écriture ?
- J'écris aussi des nouvelles, notamment pour les éditions du Caïman qui publient régulièrement des recueils en faisant appel à plusieurs auteurs. En 2020 c'était C'est l'anarchie ! Et cette année Vive la Commune ! En 2022, il y a aura un nouveau recueil sur la guerre d'Algérie. Entre temps, j'ai plusieurs projets d'animation comme par exemple un atelier d'écriture en milieu carcéral. Il faut juste que ce foutu virus nous lâche la grappe...
* Editions de l'Aube
- Michèle, un mot sur vos racines corses ?
- La famille de mon père est corse. Ma grand-mère est née à Talasani en Haute-Corse et mon grand-père à Chialza dans l'Alta Rocca. Ils ont, comme beaucoup au XXème siècle, vécu toute leur vie entre Corse et continent. Pendant mon enfance, j'ai passé mes vacances d'été au village. J'ai écrit une bonne partie de ce dernier roman «La patience de l'immortelle» sur ces terres-là, hébergée par un cousin.
- Quel a été votre parcours ?
- J'ai été journaliste de presse écrite pendant des années, puis je suis passée au web à la fin des années 1990. J'ai aussi été formatrice dans une coopérative de formation aux métiers de l'information à Paris. Je suis aujourd'hui rédactrice pour le site de la BNF www.retronews.fr.
- Comment êtes-vous venue à l'écriture ?
- En tant que journaliste je me suis cantonnée à une écriture particulière pendant des années, celle qui raconte des faits et qui s'interdit la fiction. En 2015, j'ai participé à un concours de nouvelles organisé par le Festival Toulouse Polars du sud. A ce moment, pas mal de gens m'ont demandé pourquoi je n'écrivais pas "plus long". J'ai d'abord répondu que j'en étais incapable, et puis j'ai commencé à écrire mon premier roman, Boccanera, en me disant que si je n'essayais pas, je pourrais finir écrasée sous un bus sans savoir si j'étais ou non capable d'écrire "plus long". J'ai voulu écrire un polar avec tous les codes du genre, mais légèrement tordus à ma sauce. Dans ce premier roman je dis tout mon amour au noir et au polar amricain, depuis Chester Himes jusqu'à Craig Johnson.
- Comment est né le personnage de Ghjulia Boccanera?
- Il y a de plus en plus de personnages féminins principaux dans le polar français et c'est tant mieux, mais finalement pas tant que ça. Je voulais une femme qui ne soit ni flic, ni gendarme, ni journaliste ou avocate. J'ai donc imaginé une détective privée, qui est une profession tellement peu associée aux femmes que mon correcteur orthographique part en vrille à chaque fois que je mets ces mots au féminin. Ce qui est pratique avec une détective privée c'est qu'elle ne répond à aucune hiérarchie, elle ne suit pas de procédures et ne rend des comptes qu'à ses clients. Ça correspond bien au caractère de Ghjulia Boccanera qui est une sorte d'électron très libre, qui mène ses enquêtes comme sa barque, c'est à dire absolument comme elle l'entend.
- Après une première enquête à Nice, la voilà en Corse, l'idée de ce second livre sur l'île ?
- C'est mon troisième roman après Boccanera qui se situe à Nice et Après les chiens où l'intrigue se passe entre Nice et la vallée de la Roya, sur la frontière franco-italienne. J'avais très envie d'écrire une histoire qui se passe en Corse, avec ma vision très subjective de l'île. Boccanera y retourne après de nombreuses années d'absence, contrainte et forcée, en étant bien consciente qu'elle ne maîtrise aucun code : elle ne parle pas la langue, elle a très peu de mémoire familiale, elle ne sait vivre pleinement qu'en ville... Bref, elle arrive avec quelques handicaps pour mener une enquête sur une mort violente qui la touche de très près.
- Les aventures de Ghjulia vont-elles se poursuivre dans d'autres polars ?
- J'aime bien Ghjulia Boccanera et je crois qu'elle a encore des choses à dire. Mais je suis incapable de planifier mon écriture, les histoires se déclenchent quand elles veulent. Moi, je peux juste attendre qu'une nouvelle idée veuille bien se manifester...
- D'autres projets d'écriture ?
- J'écris aussi des nouvelles, notamment pour les éditions du Caïman qui publient régulièrement des recueils en faisant appel à plusieurs auteurs. En 2020 c'était C'est l'anarchie ! Et cette année Vive la Commune ! En 2022, il y a aura un nouveau recueil sur la guerre d'Algérie. Entre temps, j'ai plusieurs projets d'animation comme par exemple un atelier d'écriture en milieu carcéral. Il faut juste que ce foutu virus nous lâche la grappe...
* Editions de l'Aube
Le synopsis
«Letizia Paoli, jeune journaliste présentant le journal sur France 3 Corse, a été assassinée. Pour Ghjulia – Diou – Boccanera, c’est d’autant plus une tragédie que cette jeune journaliste corse était la nièce de Joseph Santucci, son ancien compagnon. Pour enquêter sur ce meurtre, Diou débarque sur une île qu’elle a quittée depuis longtemps et dont elle ne maîtrise plus les codes. Dans les montagnes de l’Alta Rocca, elle doit se confronter à des habitants mutiques, encaisser des coups sans sommation et affronter ses propres souvenirs tronqués. Loin de ses repères niçois, elle va cheminer sur une terre qui brûle, dans un paysage insulaire menacé par la maladie et la spéculation. Entourée de la famille de Jo et de sa propre solitude. Avec pour seuls guides un vieil homme à la main croche et un milan qui tournoie inlassablement… ». Le personnage de Diou, qui n'a pas sa langue dans sa poche est attachant. Dans ce polar noir, son humour raille des traits de la Corse emplis de vérité : "Putain, Nice-Ajaccio, c'est 40 minutes de vol et c'est aussi cher que pour partir à New York ! tu étais au courant que pour aller en avion en Corse, il faut avoir vendu un rein à l'avance ? - Oui, le second, c'est pour négocier le billet retour"..... "En Corse, on ne conduit pas, on pilote. Sur un territoire où la seule ligne droite est tracée dans la plaine orientale, le code de la route ressemble à une blague pour le touriste qui découvre un panneau 90 au milieu de la série de virages montagnards à la limite de l'épingle à cheveux alors qu'il peine à atteindre les 40 km/h.... " ... "Je suis que tu vas trouver ton animal totem : le balbuzard qui voit loin, le mouflon qui escalade sans peur... la vache qui divague..." ... Morceaux choisis.