Un mot sur vos racines corses ?
J’ai des racines dans le Niolu, de Calacuccia et plus précisément Bonamanacce de par mon père Xavier Luciani. Son père Charles Luciani était militaire, parti au Maroc dès les années 1930 avec toute la famille élargie. Son grand père Xavier était berger sur ses terres corses. Sa mère, dont je porte le prénom et qu'il a perdue dès ses trois ans, est du village au-dessus, de Lozzi.
Votre parcours ?
Une enfance au Maroc, puis un exil en France à la fin de mon adolescence. Un bac passé à Avignon et des études de philosophie et de psychologie à la faculté d’Aix en Provence. En 1983, ouverture d’un cabinet privé de psychanalyste à Aix. J’ai alors publié plusieurs articles de psychanalyse. A partir de 2002, j’ai effctué plusieurs allers-retours entre Algérie et France où j'écris et publie sur les deux rives. Depuis l'âge de quinze ans, je viens régulièrement en Corse, le pays de mon père.
Comment êtes-vous venue à l’écriture ?
J'ai toujours écrit. Dès mes trois pommes. D'abord des poèmes adressés à mon père puis des récits dès ma douzaine d'années. Je faisais moi-même la couverture, les dessins. Quelques-uns ont survécu aux nombreux déménagements. J'adorais les cours de français et l'épreuve de rédaction. Je suis venue à l'écriture, je crois par un très profond goût des mots. Je ne cherchais jamais leur signification dans le dictionnaire. Je les laissais infuser en moi et j'inventais des histoires autour. Même chose pour des images ou des scènes pouvant me frapper : Je ne cherchais pas leur signification mais je me laissais happer et ça fusait dans mon imagination.
Vous avez une longue bibliographie… Pourquoi sortir ce livre sur les pendus du Niolu aujourd’hui ?
Vous avez une longue bibliographie… Pourquoi sortir ce livre sur les pendus du Niolu aujourd’hui ?
J'ai toujours entendu parler de l'épisode des Pendus du Niolu mais assez vaguement à vrai dire jusqu'au jour, récent, où venant fortuitement au mois de juin, j'ai assisté à la Commémoration annuelle du 23 juin au couvent de Calacuccia. J'ai eu l'idée assez forte d'écrire un livre sur cet événement et déjà précisément sur Marcu Maria dont le jeune âge m'avait émue. Mais une idée, des idées j'en ai à foison (rire), ça ne suffit pas pour écrire un livre. C'était néanmoins en moi et quelques jours après je suis partie pour Porto et en descendant le col de Vergio en voiture, j'ai aperçu une maison forestière abandonnée avec un pin Laricio devant une fenêtre. Pour moi, tout de suite, ça a été « un arbre à sa fenêtre », j'ai écrit tout un récit dans ma tête. Au retour, je me suis arrêtée pour aller voir ce personnage et les jours suivants ça s'est croisé avec Marcu Maria. Le pin c'était lui ! Sa métamorphose ! Je ne savais pas du tout comment j'allais nouer tout cela mais c'était parti ! Un désir fou d'écrire cette histoire, il me faut toujours ces deux fils pour tous mes ouvrages : l'idée et le désir, ce n'est pas très original.
Un livre issu d’une collaboration aussi …
Dans le travail avec Carole Lenzini, l'éditrice, j'étais très « branchée » sur cette fenêtre. Le livre était écrit comme il est publié actuellement avec tous ses mots mais grâce à Carole, il a pu devenir plus fluide...elle m'a suggérée une nouvelle alternance de mes paragraphes car j'écris mes textes sous la forme de fragments. Et alors, quasiment sous mes yeux, le récit s'est vraiment mis à couler, comme le Golo, comme ce que je souhaitais en fait. C'est elle aussi qui a eu la fameuse idée de mettre un onglet noir aux pages Histoire qui alternent avec le récit de Marcu. Ce livre est vraiment une collaboration entre nous, reflétant fidèlement ce que l'auteur et l'éditeur peuvent s'apporter l'un à l'autre.
Livre historique ou conte ?
C'est une alternance entre Histoire et conte poétique. Il y a plusieurs personnages : Marcu Maria, petit bonhomme de pin, les Pins Laricio, la Vouivre au Golo, Sybille, dans sa grotte, les animaux, les sources, la flore de la forêt Valdu Niellu
L’écriture de ce livre vous a-t-elle amenée à faire des recherches ? *
Oui. Beaucoup de recherches en Bibliothèque et j'adore ça. Il fallait que « j'assoie » le contexte historique et sociologique de la Corse au XVIIIème siècle. J'ai tout appris et tout découvert. Par exemple, Voltaire qui a écrit sur La Corse et qui loue le courage des Corses à la terrible bataille de Ponte Novu ! Une pépite, non ?
Qui donc était Marcu Maria Albertini. ?
On ne sait rien sur Marcu Maria Albertini sauf qu'il était vraiment très jeune, dix-sept ans et même 15 ans selon d'autres sources, très ténues. C'est ça qui m'a emmenée dans ce récit. Dans le Niolu, le souvenir est intact. Il se transmet chaque année avec la Commémoration.
Une chanson, un film, une pièce de théâtre, une bande dessinée raconte ce drame. Etonnement aucun livre ne semble avoir été écrit sur le sujet ?
Non, aucun livre sur le sujet. Azoe et moi, on est les seules et les premières. J'espère que ça va inspirer d'autres auteurs.
Vos projets ?
Je mène plusieurs projets de front. Je vais publier d’ici quelques jours « Ecrire mon père », toujours aux éditions Azoé, une sorte de pendant de Braise Noire. Je termine « Le Con d'Iris », sur la sculpture de Rodin : Iris messagère des dieux. Je reprends ma marotte de l'acédie, au Cerf en 2009, en fait la maladie d'amour du christianisme mais avant d'en arriver là, il faut à nouveau tout déplier et cette fois-ci sans vouloir à toutes forces la conceptualiser car c’est impossible. Je le fais sur le mode poétique et aphoristique. Cela va s'intituler : « Jésus en acédie, Poétique de Gethsémani ». Enfin, je termine aussi « Le Rectum est-il une fleur ? ». La réponse est OUI mais il faut lire le livre...un traité de botanique en fait.
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