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La Conca d'Oru en feu : Le diaporama de Jean-Baptiste Andreani


le Jeudi 25 Août 2016 à 18:30

Le feu ravage les communes de Barbaghju et d'U Poghju d'Oletta depuis mardi. Des centaines d'hommes au sol et d"importants moyens aériens luttent contre les flammes, mais il est difficile à travers ces quelques mots d'imaginer ce qu'est la réalité sur le terrain. Jean-Baptiste Andreani, qui a fixé mille et une images du désastre écologique qu'est en train de vivre la Conca d'Oru, nous permet de prendre la mesure de ce qui se passe sur le terrain et de prendre conscience des difficultés des hommes qui, au sol et dans les airs, combattent parfois jusqu'à épuisement. Regardez.



L'odeur âcre prend à la gorge à des kilomètres du sinistre. La fumée noire est si épaisse que ses particules ont atteint la lointaine Balagne. Des collines entières ravagées se dressent noires et décharnées sous un soleil de plomb. Refusant de s'éteindre, les flammes géantes virevoltent d'une crête à l'autre sans répit, de nuit comme de jour, menaçant villages, habitations, vignobles et oliveraies... Le feu, qui a démarré dans la nuit de mardi sur le haut de Barbaghju, a dévasté tout le front Nord de la Conca d'Oru avant d'attaquer, ce jeudi, la plaine d'u Poghju d'Oletta. Dans cette région de vent et de vignobles, trois éléments se sont conjugués dans une intensité dramatique : un vent violent, tourbillonnant, changeant de direction en quelques minutes, une sécheresse exceptionnelle avec plus de six mois sans une goutte de pluie, et une végétation sale, mal entretenue, prête à s'embraser à la moindre étincelle, au moindre mégot jeté par inadvertance. Il a fallu, dans ces conditions, à peine une heure, la nuit précédente, pour que le feu, parti du Nord de Barbaghjiu, monte sur la crête au-dessus de Poghju d'Oletta et redescende, tout aussi facilement et rapidement sur les talwegs.

"Les lits des anciens rus, qui sont sales et remplis de brindilles et de ronces sèches, se sont enflammés les uns après les autres. Le feu a atteint des zones qu'il n'avait jamais atteint et qui sont abandonnées par l'homme depuis des décennies. La preuve, c'est que des obus de la guerre de 39-40 ont sauté près de Teghime le premier soir. L'effet de fournaise est tel qu'il a embrasé spontanément à distance plus de 20 foyers sur 10 kilomètres. Les pompiers ont risqué leur vie pour sauver des habitations. ils sont épuisés et impuissants. Seuls, les moyens aériens peuvent intervenir. Jeudi matin, quand le feu est redescendu sur la plaine, ce sont les vignes qui l'ont stoppé et qui ont empêché qu'il atteigne les villages", témoigne un habitant de Patrimoniu.

A Poghju d'Oletta, la population ne cache pas son inquiétude. Jeudi soir, le feu était aux portes du village. "Le village est enclavé. Les rues sont trop étroites pour les camions des pompiers. Si le vent tourne encore, le feu traversera le village. Il faudra évacuer les maisons", confie, angoissé, un habitant. Des maisons ont déjà été évacuées dans la plaine. La route reliant Poghju à Teghime est fermée. La nuit, qui ne permet aucune intervention des secours, promettait d'être longue. Pour l'instant, les communes d'Oletta et de San Fiurenzu sont totalement épargnées. Mais le vent ne faiblissant pas, tout est à redouter...