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La Cimade dénonce "une multiplication des placements en rétention des préfectures de Corse à Toulouse"


le Jeudi 14 Février 2019 à 18:37

"Depuis le début de l’année, la Cimade constate une multiplication des placements en rétention de la part des préfectures corses bien souvent au mépris du droit et du bon sens !" dénonce l'association humanitaire sur son site. Elle estime que "cette pratique est une véritable atteinte aux droits des personnes"



lacimade.org
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Cibles de la Cimade : les préfecture de Corse.
"Depuis le début de l’année et l’entrée en vigueur de la nouvelle Loi immigration, l’équipe de la Cimade présente au centre de rétention de Toulouse constate une multiplication des placements en rétention des préfectures de Corse à Toulouse. 14 personnes ont été interpellées depuis le début de l’année. Après avoir été enfermées pendant près de 48 h au LRA de Bastia, elles sont acheminées au centre de rétention de Toulouse en avion en passant par Paris sous escorte policière" dénonce l'association humanitaire.  

L'Italie de Matteo Salvini ne trouve pas davantage grâce auprès de  la Cimade, où l'on souligne que" à  leur arrivée au CRA de Toulouse, ces personnes doivent attendre pendant plusieurs jours voire plusieurs semaines avant d’être renvoyées vers l’Italie ou l’Espagne où certaines résident tout à fait régulièrement. D’autant que depuis l’entrée au gouvernement italien de M.  Salvini, la réadmission de personnes étrangères est nettement plus longue et difficile à obtenir, même avec un titre de séjour valide en Italie"


Pour la Cimade "Ces personnes n’ont commis aucun délit, le plus souvent elles sont venues en Corse avec les entreprises italiennes qui les emploient. D’autres venues pour de simples visites familiales sont arrêtées dans le port ou sur la voie publique lors d’un contrôle d’identité".
La Cimade estime, enfin, que "ces procédures sont tant financièrement qu’humainement, très coûteuses.  Elles sont particulièrement absurdes et inefficaces. Elles traumatisent durablement les personnes qui en sont victimes et qui sont privées de liberté.
Cette pratique est une véritable atteinte aux droits des personnes. En effet, elles sont enfermées au LRA de Bastia pendant 48 h où elles n’ont accès à aucune assistance juridique leur permettant de faire valoir leurs droits. A leur arrivée au CRA de Toulouse, la plupart du temps les délais sont expirés.
Ces pratiques s’accompagnent en outre d’autres illégalités qui constituent une grave violation des droits des personnes enfermées."


L'exemple de M. Chamani

Et la Cimade de citer le cas de M. Chamani.
"Ainsi, parce que M. Chamani* a fait appel de la décision du préfet de Haute Corse l’ayant conduit derrière des barbelés toulousains, la Cour d’appel de Bastia qui était compétente a organisé une audience à distance, par vidéo. Le juge se trouvait à Bastia avec l’avocat, alors que M. Chamani était dans une pièce du centre de rétention de Toulouse normalement réservée aux entretiens pour les demandeurs d’asile. Une pratique totalement illégale, toute audience devant se tenir dans une salle de justice et accessible au public.
Cette pratique avait déjà été dénoncée en 2018, pour les mêmes raisons (cf https://www.lacimade.org/presse/justice-hors-la-loi-une-audience-illegale-au-sein-du-centre-de-retention-de-toulouse/?fbclid=IwAR1zcvYSGqhI_GgLiRHdPPmQjBRvCv0i04J68g3Op-S-4BlsX_mWFmXsLac).
La Cimade demande la fin de ces pratiques illégales et absurdes, et la mise en liberté immédiate de ces personnes.


* Le nom de famille a été modifié

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La Cimade (à l'origine acronyme de Comité inter-mouvements auprès des évacués) [1], [a] est une association loi de 1901 de solidarité active et de soutien politique aux migrants, aux réfugiés et aux déplacés, aux demandeurs d'asile et aux étrangers en situation irrégulière.