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L’hommage à Michel Bozzi à Ajaccio : En présence de sa fille


Jean-François Vinciguerra le Mardi 30 Août 2016 à 15:55

L'hommage à Michel Bozzi a été rendu mardi matin à Ajaccio devant le gymnase qui porte son nom, rue Achille Peretti. Beaucoup de monde pour cette cérémonie du souvenir mais aussi des membres de sa famille dont sa fille, Jacqueline Sellès, qui a prononcé le discours rendant hommage à son héros de père. Etaient présents, le préfet de Corse, le député-maire d’Ajaccio, le président du Conseil départemental, des conseillers départementaux et municipaux et bien entendu les membres de l’Association des Anciens Combattants



La fille de Michel Bozzi
La fille de Michel Bozzi
On se rappelle que le Comité de la Corse du Sud de l’Association nationale des anciens combattants et Amis de la Résistance  (Anacr 2A) avait lancé un appel quelques jours auparavant pour que jeunes et anciens assistent à cette cérémonie du souvenir. Il a été entendu et nombreux ont été ceux qui ont participé à cette commémoration toute empreinte d’émotion.
Sa fille, Mme Jacqueline Sellès, a donné lecture d’un texte dans lequel elle a retracé la vie mouvementée de ce héros de la Résistance, fusillé à Bastia en 1943.  
L’adjudant chef Michel Bozzi (alias Bianchi), faisait de la mission Pearl Harbour. Il a été débarqué clandestinement par le sous-marin Casabianca dans la nuit du 5 au 6 février 1943, sur la plage d’Arone près du village de Piana, avec poste-radio, armes et munitions. Les renseignements transmis à l’état-major d’Alger permettront, entre autre, de couler deux bateaux ennemis. Traqué par l’OVRA, la police politique italienne, il sera arrêté le 16 juin 1943, emprisonné dans la citadelle d’Ajaccio, torturé sans que jamais l’ennemi lui arrache ses secrets. Il a été et fusillé le 30 août sur la place Saint Nicolas à Bastia.
Sonnerie aux morts et dépôts de gerbes ont clôturé cette cérémonie.

 

Sa famille
Sa famille
Allocution de Mme Jacqueline Selles, fille de Michel Bozzi
30 août 1943 – 30 août 2016
 
"73 ans déjà que mon père et Jean Nicoli donnèrent leur vie sur la place St-Nicolas à Bastia pour leur Corse tant aimée.
Mon père fut fusillé, Jean Nicoli lâchement décapité par la milice italienne. Résidant à Alger, mon père fût contacté par le colonel Colonna d’Istria, responsable des services spéciaux sous les ordres du général Giraud pour effectuer des missions en Corse occupée par les troupes italiennes. Volontaire, il fut détaché au 2ème bureau afin de participer à la mission Pearl Harbour sous les ordres du Commandant de Saulle.
Le 3 février 1943, il embarqua sur le sous-marin Casabianca avec deux militaires radio, des armes et des munitions destinées aux résistants corses.
Le débarquement à Piana, sur la plage d’Arone, fut retardé et n’eût lieu que le 5 février, rendant le rendez-vous impossible avec les partisans venus récupérer ces armes et munitions. Ce n’est que le lendemain qu’ils purent, avec aide, regagner la région d’Ajaccio qu’il connaissait très bien.
Michel Bozzi, installé sur la commune d’Ajaccio sous le pseudonyme de Bianchi grâce à l’aide d’amis et partisans, put transmettre des renseignements secrets à caractère militaire à son contact d’Alger. Sa mission accomplie, son retour programmé à Alger ne put être réalisé, mon père ayant cédé sa place au
Commandant de Saulle, recherché par la milice italienne.
De nouveau volontaire pour une deuxième mission, celle-ci permit, grâce aux renseignements transmis à Alger, la destruction de deux navires italiens.
Ayant appris courant juin que l’Ovra - service de contre-espionnage italien – surveillait son équipe, mon père ordonna à son équipe de détruire tous les documents confidentiels en leur possession.
Son dernier courrier expédié le 16 juin 1943, il fut arrêté à la Grande Poste, incarcéré à la Citadelle d’Ajaccio et transféré à Bastia dans la nuit, par crainte d’une éventuelle évasion. Torturé à plusieurs reprises sans résultats, jugé en même temps que Jean Nicoli, ils furent tous deux condamnés à la peine capitale.
N’oublions jamais ce sacrifice, qui laissait dans la peine leurs familles, leurs épouses, leurs enfants.
Il avait 33 ans.
Je n’avais que 9 ans.
Que notre jeunesse et toutes les générations à venir n’oublient jamais le travail, l’endurance, le dévouement de ces hommes et de ces femmes dont Michel Bozzi et Jean Nicoli font partie, ainsi que leur courage, allant jusqu’à donner leur vie pour leur Corse tant aimée, premier département français à avoir été libéré, le 9 septembre 1943.
De tout cœur, je remercie Monsieur le préfet de Corse, Monsieur le député-maire de la ville d’Ajaccio et son conseil municipal, Messieurs les présidents des assemblées territoriale, régionale et départementale, Monsieur le maire de Coti-Chiavari, Monsieur le maire de Pietrosella, Les représentants des autorités civiles et militaires, Les présidents des associations patriotiques et leur porte-drapeau, La section des anciens combattants de Coti-Chiavari et Pietrosella et son porte-drapeau, Mesdames, Messieurs, Chers parents et amis, Merci de votre soutien et de votre présence.
Vive la France,
Vive la Corse."

Les autorités civiles et militaires
Les autorités civiles et militaires