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L'après confinement avec Catherine, auxiliaire de vie sociale à Calvi


Jean-Paul-Lottier le Mercredi 13 Mai 2020 à 21:42

Les auxiliaires de vie sociale sont les grandes "oubliées" du plan de déconfinement du Gouvernement. A Calvi, Catherine s'exprime sur sa profession et son rôle essentiel en cette période de crise et sur l'après confinement



Photos Eyefinity Prod
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Alors que le Gouvernement s'apprête à débloquer 475 M€ pour verser une prime exceptionnelle aux personnels des EHPAD, rien n'a été annoncé pour le secteur d'aide à domicile et plus particulièrement pour les  auxiliaires de vie sociale.
Un fâcheux "oubli" qui a tendance à irriter les personnels de ce secteur.
Catherine, auxiliaire de vie sociale en emploi direct auprès du CESU (chèque Emploi service) accepté pour CNI de revenir sur sa profession, l'exercice de son métier durant la période de confinement, de ses relations étroites avec le personnel soignant et de ce lien social avec les personnes âgées dans une région ou les EHPAD sont peu nombreux, le maintien à domicile est privilégié.


" Auxiliaire de vie agréée, je m'occupe essentiellement de personnes âgées de plus de 70 ans, toutes bénéficiaires de l'APA (Allocation pour la perte d'autonomie). Par nos visites régulières, notre présence permet le maintien à domicile  d'une personne âgée, malade ou handicapée. Notre rôle est à  la frontière du médical et du social. De par cet  accompagnement  personnalisé, l'aide à domicile joue un rôle social très important"  explique Catherine, avant de nous parler de ces 55 jours de confinement:


"L'apparition du COVID 19 n'a rien changé à mon rôle à proprement dit d'auxiliaire de vie sociale, si ce n'est que cette crise sanitaire m'a obligé à mettre en place énormément de mesures de sécurité vis à  vis des personnes auprès desquelles je suis amenée à intervenir. Il m'a fallu pour chacune d'entre elles évaluer les durées de chaque intervention et adapter l'organisation de travail. Je parle notamment des personnes dépendantes pour lesquelles ma seule présence au domicile est indispensable et où les gestes barrières (caresses sur les mains, petits bisous, proximité) ainsi que le port du masque, port des gants lors des repas, désinfection systématique des poignées de portes, interrupteurs, sonnettes, télécommandes, barrières de lit médicalisés et autres, sont devenus des gestes impératifs.
Pour d'autres bénéficiaires je ne suis plus intervenue à leur domicile, très souvent à leur demande, mais en revanche  j'ai toujours été là pour prendre de leurs nouvelles, leur faire les courses, aller à la pharmacie...
Je me suis aussi permise de dire à chacune et chacun  combien le confinement était important tout en leur prodiguant les  conseils et règles de confinement à respecter , notamment en matière de désinfection, l'utilisation des bons produits..." 


Catherine insiste sur sa mission première et sur ses gestes du quotidien entraînés par cette crise sanitaire:

Leur mission est d'apporter aide et soutien  aux personnes dépendantes 

" Au bout de deux mois, ces gestes préventifs sont mon quotidien et complètement intégrés à mes interventions. . Et je dirais tant mieux car cela risque de perdurer.
Quant à moi, la vigilance est la même afin de ne pas véhiculer le virus au risque de contaminer ma familles, mes amis. Je dois retirer les équipements de protection individuels  utilisés (blouse, masque, gants) en évitant le contact avec des parties extérieures et les déposer dans un sac poubelle dédié.
J'utilise mon véhicule personnel pour me rendre au domicile des personnes, et à ce titre je dois désinfecter les principaux éléments  manipulés (volant, levier de vitesse, poignées de portes...)
Aussitôt arrivée à mon domicile personnel, je dois laver en machine à 60° mes vêtements , masques alternatifs et blouse en coton. Mais tout cela ne gène en rien ma mission qui est d'aider les personnes dépendantes et leur apporter mon aide".


Des dotations toujours insuffisantes

"  Pour les bénéficiaires les plus dépendants, ces mesures sanitaires n'ont pas été toujours faciles à appliquer car les personnes aidées n'ont pas compris tout de suite ces démarches.
Il a fallu  un certain temps pour leur expliquer le pourquoi du comment, sans pour autant les inquiéter .
Avec l'appui de l'équipe pluri professionnelle (infirmiers libéraux, médecins généralistes...) cela s'est très vite mis en place  mais notre premier souci a été l'approvisionnement en matériel, nécessaire à ces démarches : masques, gants, gel hydro-alcoolique, blouses...

Au tout début nous n'avions pas de masques très peu de gants et pas de blouses.. Heureusement il y a eu quelques mains bénévoles, que je remercie au passage, pour nous venir en aide en confectionnant des masques.
En fin de confinement nous avons reçu une première dotation, puis une deuxième de la Collectivité de Corse, mais même si cela nous a fait plaisir, force a été de constater que c'était bien trop insuffisant".


Le portage de masques gratuits aux domiciles des anciens  par la municipalité salué

Catherine aborde ensuite cette phase de déconfinement avec toute la prudence que celle-ci impose:

" Oui c'est vrai que depuis le lundi 11 mai  nous ne sommes plus en confinement et que doucement la vie reprend son cours. Mais cela ne doit rien changer à nos habitudes prises durant ces 55 jours de confinement. Les gestes barrières sont là plus que jamais et notre vigilance ne doit pas faiblir. Pour moi, la seule chose qui change c'est la suppression des attestations pour mes déplacements.professionnels.
Je vais enfin pouvoir reprendre contact avec certains praticiens tels que podologue, audio-prothésistes sur rendez-vous ou à domicile selon les cas, mais toujours avec la même vigilance et surtout tout le matériel nécessaire et indispensable à la protection de la personne aidée mais pour nous protéger également.
De son côté, la municipalité de Calvi a effectué un portage à domicile de masques gratuits auprès de nos anciens et des personnes les plus fragiles et vulnérables. Un geste qui méritait d'être souligné".


Enfin, plutôt fataliste, sur le fait que les auxiliaires de vie sociale soient des "laissés pour compte" par le Gouvernement, et mlagré les risques encourus, Catherine lâche cette petite phrase qui résume tout "Rien de surprenant, nous en avons l'habitude" et préfère positiver en ajoutant pour conclure : " J'espère que l'on va très vite trouver un vaccin capable d'éradiquer ce virus".