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L’Inrap met au jour des vestiges du Néolithique à Coggia


MP le Lundi 22 Septembre 2025 à 16:05

Avant la construction d’une maison individuelle, une fouille préventive menée par l’Inrap au lieu-dit a Torra à Coggia a révélé les traces de deux bâtiments et d’une fosse datant du Néolithique. Une découverte « rare sur l’île », selon l’Institut, qui ouvre de nouvelles perspectives sur les premiers habitats en Corse.



(Photo : Nathalie Gonzalez, Inrap)
(Photo : Nathalie Gonzalez, Inrap)
C’est une nouvelle preuve de l’importance de l’archéologie préventive. En amont de la construction d’une maison individuelle, au printemps dernier, une équipe d’archéologues de l’Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap) a réalisé une fouille sur un terrain de près de 300 m2 au lieu-dit a Torra sur la commune de Coggia qui ont permis de mettre en évidence les vestiges de deux bâtiments et d’une petite fosse attribués au Néolithique ancien et au Néolithique final.
 
Dans une publication sur son site Internet, l’Inrap se félicite de cette découverte « rare sur l’île » qui a nécessité la mise en œuvre d’une approche spécifique. Pour ne rien abîmer, les chercheurs ont en effet choisi une approche très fine : le terrain a d’abord été dégagé avec une pelle mécanique légère, mais le décapage des niveaux archéologiques a été réalisé entièrement à la main, sur plusieurs dizaines de centimètres. Chaque anomalie a ainsi pu être identifiée et relevée. Pour cette opération, l’équipe a aussi été renforcée par un géomorphologue et un micromorphologue, spécialistes de l’étude des sols. Une approche pluridisciplinaire qui a permis de mieux comprendre la complexité du terrain et les techniques employées par les premiers bâtisseurs.
 
Un diagnostic préventif, mené en 2024, avait déjà mis au jour « des vestiges ténus liés à l’implantation d’une structure du Néolithique ancien sur petits poteaux porteurs ». La fouille a confirmé cette structure et en a révélé une seconde, plus ancienne, située en dessous.
Selon l’Institut, le bâtiment le plus ancien « se traduit par 26 anomalies dont certaines sont des trous de poteaux aménagés dans un mur de soubassement intégré dans un remblai ». Très érodé, il semble avoir été construit au moyen d’une ligne de poteaux formant un espace ovalaire. Les lambeaux de sols associés « ne livrent que peu de mobilier ».
 
Le bâtiment le plus récent, construit sur l’arase du précédent, correspond à « 68 anomalies dont environ 60 sont des trous de poteaux avérés ». L’Inrap décrit « une structure construite au moyen de deux rangées parallèles de petits poteaux porteurs, de forme presque circulaire ». Pour les archéologues, il s’agit d’une adaptation aux contraintes de pente et d’érosion.
 
La petite fosse repérée lors du diagnostic en 2024 a également été étudiée. « Déconnectée de tout autre vestige relatif à cette période, probablement en raison de la forte érosion ayant touché le secteur, il est envisagé qu’elle marque la limite occidentale d’un habitat terrinien implanté sur les pentes et le sommet du massif granitique proche », indique l’Institut.
 
L’Inrap souligne que plusieurs analyses sont toujours en cours. Le prélèvement d’échantillons de terre « permettra de procéder au tamisage des sédiments afin de constituer une série anthracologique représentative». L’étude des charbons et des graines carbonisées, si elles sont retrouvées, devrait pour leur part éclairer « le spectre du couvert végétal de l’époque et les choix faits par les premiers agriculteurs-éleveurs de l’île pour la combustion de chauffage et culinaire ». Enfin, le mobilier archéologique, bien que rare, sera confié à des spécialistes de la céramique, de l’industrie lithique et de l’industrie pondéreuse.