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Journal du confinement, jour 7 : "Merci la Corse, d'être un phare dans la nuit pour nous tous confinés loin de toi"


Anne Lise le Lundi 23 Mars 2020 à 20:49

Le coronavirus est rentré dans nos vie en basculant nos habitudes et en bouleversant nos vies. C'est un moment difficile pour les Corses : on doit continuer à vivre ensemble mais physiquement séparés.

"Le Journal du confinement" est la nouvelle rubrique que CNI à crée pour vous faire raconter chaque jour vos journées confinées.

Ce soir Anne Lise nous livre mon témoignage, celui d'une Corse confinée hors de chez elle...



Journal du confinement, jour 7 : "Merci la Corse, d'être un phare dans la nuit pour nous tous confinés loin de toi"
Je m'appelle Anne-Lise, j'ai 39 ans et suis propriétaire gérante d'un hypermarché dans les Alpes de Haute Provence.
Je suis née et j'ai grandi en Corse, et toute ma famille y vit...ma mère, qui tourne en rond sur sa terrasse (coucou Mia !), mon frère, en première ligne face à l'urgence sanitaire en tant que pharmacien d'officine,... ceux que l'on surnomme affectueusement "nos vieux", alias grand-pères et grand-mères, tous plus de 90 ans...

Et moi, pour la première fois de ma vie confinée hors de chez moi, sans savoir quand je pourrais rentrer la prochaine fois, alors que j'ai toujours eu un billet d'avion "retour open" dans ma boite mail.
Je sais que c'est le quotidien de beaucoup de monde, et ce sont les consignes sanitaires de base de ne pas s'approcher de sa famille. Mais quand en plus il y a une mer entre nous, et le manque viscéral d'un pays qui prend aux trippes, le confinement a vraiment un goût de prison.

Pourtant j'ai encore le droit de sortir, le devoir même, puisque mon magasin est ouvert. Mon équipe et moi, nous accueillons chaque jour des centaines de personnes qu'il faut bien nourrir, et pour lesquelles désormais nous sommes le seul lien social. Notre quotidien, le sens de notre métier, c'est de les rassurer, de les protéger aussi, avec les moyens et le matériel que nous avons (bien dérisoires). Nous étions épiciers hier, nous sommes aujourd'hui psychologues, assistant sociaux, livreurs, infirmiers, gendarmes aussi... 

Je crois que finalement c'est une chance, au moins le sentiment d'être utile donne du sens à toute cette histoire. Sachez en tous les cas que vu de l'autre rive, vous, les Corses, vous n'avez pas changé : vous avez donné l'exemple en stoppant très tôt les manifestation politiques, en parlant d'une seule voix, en collectant des fonds pour nos hôpitaux, en refusant de vous battre pour un paquet de pates et en continuant de dire bonjour à vos caissières sans insulter leur patron(ne).

Vous ne pouvez pas savoir à quel point c'est rassurant de savoir que dans ce monde en train de changer brutalement, il y a au moins un endroit sur Terre qui restera le même : chez nous. Merci d'être ce phare dans la nuit pour des milliers de Corses confinés hors de chez eux.

Attendez nous, nous serons là bientôt.

Prenez soin de vous, State in casa e Tenite forte !