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Jean d'Ormesson : Un amoureux de la Corse


Jacques RENUCCI le Mardi 5 Décembre 2017 à 11:23

L'Académicien avait fait de Saint-Florent sa résidence de prédilection



Jean d'Ormesson : Un amoureux de la Corse








« Quelquefois, des Corses me disent : 'vous ne parlez jamais de la Corse dans vos livres'.... C'est vrai, j'aurais peur de l'abîmer. » Ainsi parlait Jean d'Ormesson, qui vient de décéder, à l'âge de 92 ans. L'académicien laisse une œuvre considérable, mais il laisse aussi le souvenir d'un ami de l'île, fidèle à sa résidence de Saint-Florent depuis plusieurs décennies. De sa patrie d'élection, il savait parler, tout en reconnaissant avec humour ce qu'avaient de stéréotypées les louanges habituelles. « Ici, je me sens comme ce personnage ridicule de L'Enquête corse, qui passe son temps à dire 'j'adore la Corse' », disait-il. Sa maison, face à la petite ville, avait été construite par « un Anglais fou », lord Warren Chilcott, venu s'installer à Saint-Florent avec un équipage de chasse à courre pour traquer le cerf. Il avait dû se rabattre sur le sanglier, mais en gardant sa pratique cynégétique, plus qu'étrange en ces lieux. La maison ? « Un peu baroque, de style Walter Scott, de style Ivanohé », avec un jardin où se côtoient pins, lauriers roses, citronniers et oliviers.
   
Cette résidence est plus qu'une halte, qu'un refuge, elle est un lieu de création. « J'ai parcouru le monde, il y a peut-être vingt pays que je ne connais pas ; presque tous les autres, je les ai au moins traversés. » Avoir un père ambassadeur, cela fait voyager dès l'enfance... « Depuis que je suis en Corse, je voyage évidemment beaucoup moins, parce que c'est un endroit d'une beauté extraordinaire. »
Au mois de juillet, à Saint Florent, Jean d'Ormesson accorde une long entretien à RTL, dans le cadre de la série Chemins d'écrivains, une de ses dernières interviews. Pour lui, la Corse est indissociable de la Méditerranée, comme l'eau est indissociable de la lumière et de l'air. L'air, c'est avant tout les parfums qu'exhale le maquis, avec ses genêts, ses arbousiers, ses myrtes et ses lentisques. « Napoléon disait qu'il reconnaissait l'odeur de la Corse de très loin... L'eau ici est magnifique. J'ai follement aimé le soleil et la mer, exclusivement la Méditerranée, mare nostrum, car c'est bien notre mer, à la fois par les Juifs, les Grecs, les Romains. Déjà enfant je l'adorais. Un de mes rêves jamais réalisé aurait été d'en faire le tour en bateau. C'est aussi pour cela que je ne me lasse pas de lire et de relire Homère. »
   
Quel est l'emploi du temps d'un Académicien insularisé ? « Je me couche très tôt, je dors beaucoup, mais je me lève tôt aussi. A six heures, je suis sur la terrasse, et je travaille jusqu'à une heure. Le monde n'est fait que de matins... Ici, on écrit tellement bien. Et on peut rester immobile sans écrire, à regarder ce paysage qui est tellement satisfaisant. »