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Jean-Paul Poletti, fondateur du Festival Henry-Mary de Sartene : "un esprit de rencontres"


Julia Sereni le Lundi 18 Juillet 2022 à 16:14

Le festival Henry-Mary de Sartène revient, pour sa quatrième édition, du 26 au 29 juillet. Son fondateur et directeur artistique, Jean-Paul Poletti, dévoile, pour Corse Net Infos, la programmation de ces rencontres musicales internationales.



Jean-Paul Poletti et le choeur d'hommes de Sartène, qui inaugurera le festival le 26 juillet. Photo : Paule Santoni
Jean-Paul Poletti et le choeur d'hommes de Sartène, qui inaugurera le festival le 26 juillet. Photo : Paule Santoni
- Quel est l’ADN du festival Henry-Mary ?
L’esprit du festival, c’est transmettre, mais dans l’excellence. La manifestation a quatre ans d’existence maintenant, elle a accueilli de grands noms de la musique, comme elle en accueille d’autres, moins connus. Le festival invite aussi des artistes corses qui ont fait des choix qui nous intéressent. Nous essayons de faire de Sartène une plateforme assez extraordinaire, où des gens de tous horizons peuvent se rencontrer. Il y a de nombreux festivals en Corse pour d’autres choses : certains ne font que de la polyphonie, d'autres que de l’orchestre. On ne va pas se copier les uns, les autres. Nous, nous sommes partis sur une autre destination, qui est un contrat de partenariat avec ceux que nous invitons. Ce qui nous intéresse, ce sont les rencontres, et si des partenariats peuvent naître ensuite, c’est encore mieux, car c’est dans ce sens que nous travaillons.
 
- Un mot sur Henry Mary, puisque le festival porte son nom.
Henry avait non seulement un talent d’artiste, mais aussi celui de bâtisseur. C’est lui qui a fait le Kallisté. C’est lui qui a fait refaire le théâtre de Bastia. C’est lui qui a fait le centre culturel communal de Sartène. Il avait créé aussi la maison de la culture itinérante de la Corse, cela veut bien dire ce que cela veut dire. Le festival Henry-Mary a cela en héritage.
 
- Quel est le programme de cette édition?
Le 26 juillet, le festival ouvre avec le chœur d’enfants de l'Opéra de Paris et le choeur de Sartène sur une oeuvre que j’ai composée il y a quelques années pour les 2 000 ans de la Corse chrétienne : un oratorio qui s’appelle Terra Mea. Je l’avais créé pour Voix d’Hommes, et Jean-Louis Blaineau l’a remixé en voix mixtes. Le 27 juillet, j’ai voulu organiser une soirée en hommage à Petru Guelfucci : il y aura sur scène le groupe qu’il a créé, Voce di Corsica, avec son fils et quelques chanteurs qui l'accompagnaient. Yvan Cassar et Natalie Dessay seront là le 28 juillet, pour un concert exceptionnel, avec un répertoire qui va de George Gershwin à Michel Legrand, et, enfin, le 29 juillet nous recevrons la soprano Anne Calloni et le pianiste Antoine Alerini, deux jeunes artistes corses en devenir.

- Une nouveauté cette année ?
Cette année, le festival sortira de ses murs, mais avec le même esprit, la même volonté. Il y aura des évènements ailleurs sur l'île. C’est un peu la nouveauté de cette année, mais ce sera encore plus le cas l’an prochain. Par exemple, Michel Wolkowitsky, directeur du festival de Sylvanès, chef de choeur, viendra à Bastia faire un stage au nom du festival.
 
- L’hommage à Petru Guelfucci sera, on l’imagine, un moment fort de cette édition. Pouvez-vous nous en parler ?
Nous ne voulions pas faire un hommage comme les autres, alors nous allons parler de Petru Guelfucci autrement. Nous allons créer un espace de dialogue : si le public pose des questions, nous y répondrons. Aujourd’hui, tout le monde parle du Riacquistu, mais sans connaître. Or, lorsque nous nous sommes rencontrés avec Minicale, l’idée de Canta, ce n’était pas gagné au départ. Parfois, nous étions plus nombreux sur scène que dans le salle ! Mais notre idée, à l’origine, était sociale : nous aurions pu faire le groupe à trois ou quatre, mais nous avons préféré que toute la Corse participe. Et jusqu’à preuve du contraire, cela n’a pas été un échec, même si, à un moment donné, certains ont cru bon de renverser la table et de devenir quasiment les serviteurs d’un parti politique. Cela, nous l’avons toujours refusé, avec Petru et Minicale.
 
- Le festival est aussi intrinsèquement lié au choeur d’hommes de Sartène, que vous avez créé.
Je suis à l’origine de la création du festival, et je l’avais pensé dans l’optique de continuer le travail que le choeur d’hommes réalise à l’extérieur, car il a aujourd'hui une très belle place dans la musique en France, et même ailleurs. Nous voulions amener ici ce que le choeur d’hommes apporte à l’extérieur. Le travail que nous menons avec Saint-Petersbourg, avec les Bulgares, ici nous le faisons avec les choristes de l’opéra de Paris. Pour nous, le festival, c’est un esprit de rencontres.
 
- Vous êtes actuellement en tournée, quelle est votre actualité au-delà du festival ?
Nous enchainons concert sur concert ! Nous sommes ce soir (lundi 18 juillet) à Nantua, demain à Pontarlier, après-demain à Tours, ensuite nous filons sur Aix-les-Bains… Le 25 juillet nous rentrons, le 26 nous attaquons le festival, puis nous repartons le 4 août en tournée en commençant par la Saône-et-Loire, Aurillac, Dax… Jusqu’à la fin du mois d’août, et même jusqu’en décembre. La route fatigue, mais quand on sort de concert et qu’on voit le sourire des gens, c’est incomparable ! Surtout après les années Covid. Le choeur en a souffert, mais moins que d’autres, car malheureusement certains artistes ne s’en relèveront pas. Nous, nous avons cette chance de faire notre métier comme nous avons envie de le faire, avec un public resté fidèle.
 
Retrouvez la programmation complète ici.