Jean-Martin Mondoloni, co-président du groupe U Soffiu Novu à l’Assemblée de Corse et conseiller municipal d’opposition bastiaise. Photo Michel Luccioni.
- C’est une rentrée politique chargée, en Corse avec les discussions sur l’autonomie, et sur le plan national avec l’inflation. Dans quel état d’esprit attaquez-vous cette rentrée ?
- Avec l’état d’esprit qui nous a toujours animés, c’est-à-dire celui de servir les intérêts des Corses et de répondre à leurs préoccupations. La question, que l’on doit se poser, est de savoir si les discussions sur l’autonomie ne vont pas se surajouter à ce qui doit être le cœur d’activité de l’assemblée de Corse, et comment tout cela va s’organiser. J’ai les plus vives craintes qu’en termes d’organisation, on ne puisse utilement agir au service des Corses et, en même temps, mener de front des négociations qui seront longues, ardues et complexes avec Paris. Je me demande comment tout cela va pouvoir réussir parce qu’il faudra réussir sur les deux fronts. Très objectivement, cette collectivité a du mal à répondre à son cœur de compétences par défaut de volonté et d’investissement politiques. J’ai, donc, quelques doutes et quelques préoccupations.
- En clair, craigniez-vous que les discussions sur l'autonomie ne phagocytent le règlement des problèmes quotidiens ?
- Je suis pragmatique et observateur. Je dis que la collectivité unique n’a pas produit les effets escomptés que déjà, nous sommes engagés dans une fièvre institutionnelle. Si l’on avait pris le temps du bilan, du diagnostic de cette énième réforme, on aurait pu objectivement mettre en lumière que cette collectivité ne tourne pas à plein régime et pire, parce qu’elle est unique, concentre les pouvoirs et attentes d’une saine démocratie. La majorité absolue exerce ainsi un pouvoir sans partage sur la Corse, devenue dépendante d’un seul homme. Ce qui me fait dire que l’on est passé d’un clientélisme résiduel à un tribalisme institutionnel.
- Quels seraient, pour vous, les grands dossiers prioritaires de cette rentrée ?
- J’ai mené une campagne en 2017 sous l’acronyme SAPE qui veut dire en Corse : « savoir ». S comme Salute. Ce qui est aujourd’hui une préoccupation de santé publique était prémonitoire à l’époque. A comme Acqua. Là aussi, c’était un peu prémonitoire. P pour Prufessiunalisazione. Tout ce qui touche à la formation des hommes est un vrai enjeu. E comme Ecunumia. Dans l’économie, j’inclus évidemment une notion sociale. Tout était dit à l’époque : préoccupations de santé publique, d’accès à l’eau, d’accès au savoir et préoccupations sociales. Je pense que cela devrait nous animer et faire fonctionner la Collectivité à plein régime pour répondre à des préoccupations qui ne sont pas celles d’il y a 10 ans et qui ne seront pas celles de demain. On ne peut pas parler aujourd’hui d’un processus d’autonomie sur la base de vieilles revendications qui datent du Riacquistu des années 70 c’est-à-dire qui étaient portées il y a un demi-siècle. Tout a changé. Les préoccupations ne sont plus les mêmes. Alors, oui à la reconnaissance du fait identitaire ! Oui à la reconnaissance de la singularité de notre territoire ! Oui au fait que l’on doit mieux gérer sur place ce qui est aujourd’hui gérer de Paris ! Je suis un régionaliste et un décentralisateur convaincu. Après, je ne suis pas sûr que les évolutions institutionnelles et l’autonomie vont rendre les gens plus heureux. Ce n’est pas la biographie, que m’a donnée la présidente de l’assemblée de Corse avant les vacances d’été, qui m’en convainc.
- Cela veut-il dire que vous êtes contre le processus d’autonomie ?
- Non ! Cela veut dire que laisser penser que tous les problèmes dont on vient de parler, qui sont les préoccupations des Corses telles que les révèlent toutes les enquêtes d’opinion, seront réglés avec un processus d’autonomie, est une vaste illusion. Et j’ai l’habitude de dire : plus grande est l’illusion, plus grande sera la désillusion ! Il faut être prudent. Quant au reste, le processus est engagé aussi sur la base d’une promesse de l’État, cette promesse doit être honorée et satisfaite.
- Avec l’état d’esprit qui nous a toujours animés, c’est-à-dire celui de servir les intérêts des Corses et de répondre à leurs préoccupations. La question, que l’on doit se poser, est de savoir si les discussions sur l’autonomie ne vont pas se surajouter à ce qui doit être le cœur d’activité de l’assemblée de Corse, et comment tout cela va s’organiser. J’ai les plus vives craintes qu’en termes d’organisation, on ne puisse utilement agir au service des Corses et, en même temps, mener de front des négociations qui seront longues, ardues et complexes avec Paris. Je me demande comment tout cela va pouvoir réussir parce qu’il faudra réussir sur les deux fronts. Très objectivement, cette collectivité a du mal à répondre à son cœur de compétences par défaut de volonté et d’investissement politiques. J’ai, donc, quelques doutes et quelques préoccupations.
- En clair, craigniez-vous que les discussions sur l'autonomie ne phagocytent le règlement des problèmes quotidiens ?
- Je suis pragmatique et observateur. Je dis que la collectivité unique n’a pas produit les effets escomptés que déjà, nous sommes engagés dans une fièvre institutionnelle. Si l’on avait pris le temps du bilan, du diagnostic de cette énième réforme, on aurait pu objectivement mettre en lumière que cette collectivité ne tourne pas à plein régime et pire, parce qu’elle est unique, concentre les pouvoirs et attentes d’une saine démocratie. La majorité absolue exerce ainsi un pouvoir sans partage sur la Corse, devenue dépendante d’un seul homme. Ce qui me fait dire que l’on est passé d’un clientélisme résiduel à un tribalisme institutionnel.
- Quels seraient, pour vous, les grands dossiers prioritaires de cette rentrée ?
- J’ai mené une campagne en 2017 sous l’acronyme SAPE qui veut dire en Corse : « savoir ». S comme Salute. Ce qui est aujourd’hui une préoccupation de santé publique était prémonitoire à l’époque. A comme Acqua. Là aussi, c’était un peu prémonitoire. P pour Prufessiunalisazione. Tout ce qui touche à la formation des hommes est un vrai enjeu. E comme Ecunumia. Dans l’économie, j’inclus évidemment une notion sociale. Tout était dit à l’époque : préoccupations de santé publique, d’accès à l’eau, d’accès au savoir et préoccupations sociales. Je pense que cela devrait nous animer et faire fonctionner la Collectivité à plein régime pour répondre à des préoccupations qui ne sont pas celles d’il y a 10 ans et qui ne seront pas celles de demain. On ne peut pas parler aujourd’hui d’un processus d’autonomie sur la base de vieilles revendications qui datent du Riacquistu des années 70 c’est-à-dire qui étaient portées il y a un demi-siècle. Tout a changé. Les préoccupations ne sont plus les mêmes. Alors, oui à la reconnaissance du fait identitaire ! Oui à la reconnaissance de la singularité de notre territoire ! Oui au fait que l’on doit mieux gérer sur place ce qui est aujourd’hui gérer de Paris ! Je suis un régionaliste et un décentralisateur convaincu. Après, je ne suis pas sûr que les évolutions institutionnelles et l’autonomie vont rendre les gens plus heureux. Ce n’est pas la biographie, que m’a donnée la présidente de l’assemblée de Corse avant les vacances d’été, qui m’en convainc.
- Cela veut-il dire que vous êtes contre le processus d’autonomie ?
- Non ! Cela veut dire que laisser penser que tous les problèmes dont on vient de parler, qui sont les préoccupations des Corses telles que les révèlent toutes les enquêtes d’opinion, seront réglés avec un processus d’autonomie, est une vaste illusion. Et j’ai l’habitude de dire : plus grande est l’illusion, plus grande sera la désillusion ! Il faut être prudent. Quant au reste, le processus est engagé aussi sur la base d’une promesse de l’État, cette promesse doit être honorée et satisfaite.
- Le 16 septembre, devrait débuter, dans le cadre du processus, la première réunion thématique consacrée au modèle économique et social. Qu’allez-vous dire ?
- La question est : qui vais-je avoir en face et de quoi va-t-on parler ? Le cadre méthodologique n’a pas été fixé. L’économie est un champ extrêmement large : on peut parler de numérique, d’économie souterraine, de transports, de tourisme, de tous les secteurs, du bâtiment jusqu’à l’hôtellerie en passant par l’artisanat. Par où commencer ? On a fait, par exemple, du transfert de fiscalité, l’alpha et l'oméga de la résolution des problèmes de la Corse. Je ne suis pas sûr que, si, demain, on nous octroie un peu plus d’autonomie en matière fiscale et donc un peu moins de subventions, la Corse sorte gagnant de ce deal. Je demande sur tous les sujets proposés, d’abord un diagnostic avant de voir si on a besoin d’aller plus loin, ensuite de définir quel sera le concours de l’État. Le sujet majeur, aujourd’hui, ce sont les finances de la collectivité qui sont structurellement dans le rouge, indépendamment de la gestion de la nouvelle majorité. La structure financière n’arrive plus à assumer et à assurer le champ de compétences que le législateur nous a octroyé. Il faudrait commencer par ça ! En matière d’économie, doit-on aller vers une fiscalité allégée au service des entreprises ? Si on y inclut tout ce qui relève du climat anxiogène social, à commencer par les prix du carburant, que les impacts des régulations aggravent, il serait de bon ton de sérier les problèmes entre nous. J’appelle de mes vœux, chaque fois que c’est possible, cette méthode, à savoir qu’on se voit déjà entre nous et qu’on monte à Paris avec nos différences, mais avec au moins une analyse partagée. Il n’y a, aujourd’hui, aucune d’analyse partagée sur l’économie et le social. Est-ce que chacun va travailler dans son coin et monter avec ses bagages, ses idées et ses contributions ? Si c’est le cas, nous réitérerons nos positionnements qui sont connus sur tous les sujets, y compris sur la fiscalité du patrimoine.
- Le président de la République annonce « la fin de l’abondance et de l’insouciance » et une « rentrée qui sera dure ». Qu’est-ce ça vous inspire ?
- D’abord, de l’inquiétude pour les citoyens de Corse qui, depuis belle lurette, ne connaissent plus l’abondance. La Corse est une région qui cumule à peu près tous les handicaps : handicaps sociaux, structurels, l’insularité, la montagne, difficulté d’aller d’un point A à un point B, difficultés liées au transport et au relief, difficultés démographiques, concentration urbaine débridée, ruralité mourante... Ces difficultés risquent d’être aggravées, c’est donc un vrai souci. Je pense, pour le coup, que les négociations peuvent être utiles, si nous sommes capables collectivement, indépendamment de l’évolution institutionnelle proprement dite, de faire entendre à l’État que ce territoire est aussi singulier de ce point de vue-là et qu’il a besoin - non dans un rapport de colon à colonisé - du concours de l’État, indispensable au titre de la solidarité nationale pour gommer les handicaps. Nous devons avoir les mêmes chances que tous les autres territoires au titre de l’équité et de la péréquation afin de trouver un modèle de développement équilibré entre la préservation de ce qui nous est le plus cher - notre environnement - et un modèle de développement qui assure la quiétude matérielle de nos concitoyens, ce qui n’est pas le cas actuellement. Le fossé se creuse entre les plus riches qui deviennent de plus en plus riches et les plus pauvres qui deviennent encore plus pauvres. Je suis particulièrement inquiet par la montée croissante du nombre de gens qui se retrouvent sous le seuil de pauvreté : on parle de 20 %, mais plus d’un quart de la population corse, aujourd’hui, vit dans une situation précaire.
- Pensez-vous que la Corse est mal préparée à faire face à l’inflation, à la flambée des prix de l’énergie ?
- Aucun territoire n’y est préparé ! Encore moins les territoires les plus pauvres ! Si l’État n’est pas capable de mettre en place un véritable bouclier, il y aura de la casse. On va rentrer dans le dur. Les Corses, aujourd’hui, sont vraiment hantés par ces préoccupations-là. Je suis presque gêné de monter dans des salons parisiens parler d’évolution institutionnelle, sauf à ce que l’on me fasse la démonstration que ces discussions seront utiles pour que précisément nous puissions ériger des remparts à ce tsunami qui risque de nous toucher dans les prochaines semaines et les prochains mois. Il y a un décalage entre les revendications de la majorité territoriale, la façon dans l’État y a répondu à un moment donné pour éteindre l’incendie du printemps dernier, et ce que nous vivons actuellement : la guerre, le problème d’approvisionnement en gaz, la flambée du prix de l’électricité. C’est la première fois qu’on nous dit que, dans certaines parties de l’Europe et des États-Unis, un plein électrique va, demain, coûter plus cher qu’un plein de carburant. On n’avait pas prévu ça ! Personne ne pouvait l’imaginer ! Comprenez bien que les discussions, que nous avons avec Paris, sont quand même très décalées, c’est le moins qu’on puisse dire, avec ce climat anxiogène ! Lorsque le bateau coule, on essaye d’écoper et de colmater, alors que là, l’orchestre continue de jouer. Dans le métier que j’exerce, j’ai une vue panoramique, je suis en prise directe avec ces problématiques, je ne vois pas, dans ma vie de tous les jours, beaucoup de gens qui me parlent d’autonomie. L’autonomie, c’est le supplément d’âme ! J’ai presque envie de dire que c’est un problème de riches.
- La question est : qui vais-je avoir en face et de quoi va-t-on parler ? Le cadre méthodologique n’a pas été fixé. L’économie est un champ extrêmement large : on peut parler de numérique, d’économie souterraine, de transports, de tourisme, de tous les secteurs, du bâtiment jusqu’à l’hôtellerie en passant par l’artisanat. Par où commencer ? On a fait, par exemple, du transfert de fiscalité, l’alpha et l'oméga de la résolution des problèmes de la Corse. Je ne suis pas sûr que, si, demain, on nous octroie un peu plus d’autonomie en matière fiscale et donc un peu moins de subventions, la Corse sorte gagnant de ce deal. Je demande sur tous les sujets proposés, d’abord un diagnostic avant de voir si on a besoin d’aller plus loin, ensuite de définir quel sera le concours de l’État. Le sujet majeur, aujourd’hui, ce sont les finances de la collectivité qui sont structurellement dans le rouge, indépendamment de la gestion de la nouvelle majorité. La structure financière n’arrive plus à assumer et à assurer le champ de compétences que le législateur nous a octroyé. Il faudrait commencer par ça ! En matière d’économie, doit-on aller vers une fiscalité allégée au service des entreprises ? Si on y inclut tout ce qui relève du climat anxiogène social, à commencer par les prix du carburant, que les impacts des régulations aggravent, il serait de bon ton de sérier les problèmes entre nous. J’appelle de mes vœux, chaque fois que c’est possible, cette méthode, à savoir qu’on se voit déjà entre nous et qu’on monte à Paris avec nos différences, mais avec au moins une analyse partagée. Il n’y a, aujourd’hui, aucune d’analyse partagée sur l’économie et le social. Est-ce que chacun va travailler dans son coin et monter avec ses bagages, ses idées et ses contributions ? Si c’est le cas, nous réitérerons nos positionnements qui sont connus sur tous les sujets, y compris sur la fiscalité du patrimoine.
- Le président de la République annonce « la fin de l’abondance et de l’insouciance » et une « rentrée qui sera dure ». Qu’est-ce ça vous inspire ?
- D’abord, de l’inquiétude pour les citoyens de Corse qui, depuis belle lurette, ne connaissent plus l’abondance. La Corse est une région qui cumule à peu près tous les handicaps : handicaps sociaux, structurels, l’insularité, la montagne, difficulté d’aller d’un point A à un point B, difficultés liées au transport et au relief, difficultés démographiques, concentration urbaine débridée, ruralité mourante... Ces difficultés risquent d’être aggravées, c’est donc un vrai souci. Je pense, pour le coup, que les négociations peuvent être utiles, si nous sommes capables collectivement, indépendamment de l’évolution institutionnelle proprement dite, de faire entendre à l’État que ce territoire est aussi singulier de ce point de vue-là et qu’il a besoin - non dans un rapport de colon à colonisé - du concours de l’État, indispensable au titre de la solidarité nationale pour gommer les handicaps. Nous devons avoir les mêmes chances que tous les autres territoires au titre de l’équité et de la péréquation afin de trouver un modèle de développement équilibré entre la préservation de ce qui nous est le plus cher - notre environnement - et un modèle de développement qui assure la quiétude matérielle de nos concitoyens, ce qui n’est pas le cas actuellement. Le fossé se creuse entre les plus riches qui deviennent de plus en plus riches et les plus pauvres qui deviennent encore plus pauvres. Je suis particulièrement inquiet par la montée croissante du nombre de gens qui se retrouvent sous le seuil de pauvreté : on parle de 20 %, mais plus d’un quart de la population corse, aujourd’hui, vit dans une situation précaire.
- Pensez-vous que la Corse est mal préparée à faire face à l’inflation, à la flambée des prix de l’énergie ?
- Aucun territoire n’y est préparé ! Encore moins les territoires les plus pauvres ! Si l’État n’est pas capable de mettre en place un véritable bouclier, il y aura de la casse. On va rentrer dans le dur. Les Corses, aujourd’hui, sont vraiment hantés par ces préoccupations-là. Je suis presque gêné de monter dans des salons parisiens parler d’évolution institutionnelle, sauf à ce que l’on me fasse la démonstration que ces discussions seront utiles pour que précisément nous puissions ériger des remparts à ce tsunami qui risque de nous toucher dans les prochaines semaines et les prochains mois. Il y a un décalage entre les revendications de la majorité territoriale, la façon dans l’État y a répondu à un moment donné pour éteindre l’incendie du printemps dernier, et ce que nous vivons actuellement : la guerre, le problème d’approvisionnement en gaz, la flambée du prix de l’électricité. C’est la première fois qu’on nous dit que, dans certaines parties de l’Europe et des États-Unis, un plein électrique va, demain, coûter plus cher qu’un plein de carburant. On n’avait pas prévu ça ! Personne ne pouvait l’imaginer ! Comprenez bien que les discussions, que nous avons avec Paris, sont quand même très décalées, c’est le moins qu’on puisse dire, avec ce climat anxiogène ! Lorsque le bateau coule, on essaye d’écoper et de colmater, alors que là, l’orchestre continue de jouer. Dans le métier que j’exerce, j’ai une vue panoramique, je suis en prise directe avec ces problématiques, je ne vois pas, dans ma vie de tous les jours, beaucoup de gens qui me parlent d’autonomie. L’autonomie, c’est le supplément d’âme ! J’ai presque envie de dire que c’est un problème de riches.
- Avec la démission de Laurent Marcangeli, votre groupe politique n’a plus de président. La co-présidence, dont vous parliez en juillet, n’est pas légale. Comment allez-vous résoudre ce problème ?
- Notre groupe ne se trouve pas sans présidence, nous animons la présidence à deux voix. Si cela pose un problème au niveau des textes, nous le réglerons en temps voulu. Ce qui compte c’est la coanimation de notre groupe dans sa diversité avec les trajectoires singulières des uns et des autres. Pour l’instant, chacun est satisfait de cette formule qui permet de maintenir la cohésion du groupe. C’est ce qui compte ! En ces temps difficiles, rien n’aurait été plus décalé, voir même gênant, que de donner en spectacle des voix divergentes, pour autant qu’elles aient pu exister.
- Les rumeurs de division ont beaucoup circulé. Le groupe peut-il survivre au départ de Laurent Marcangeli ?
- Ces rumeurs de division sont infondées. Elles traversent les groupes chaque fois qu'il s'agit d'assurer une relève ou une succession politique. Je suis un responsable politique, on m’a appris que chaque fois qu’il était possible, il fallait maintenir l'unité d'un groupe. Il est facile de faire exploser un groupe, il est plus difficile d’en maintenir la cohésion. J’ai choisi la difficulté.
- Comment envisagez-vous de vivre l’opposition dans une assemblée largement dominée par les Nationalistes, où vous représentez la seule opposition qui ne l’est pas ?
- On va continuer à être ce que l’on a toujours été, je crois : des gens responsables. Des électeurs nous ont octroyé la responsabilité d’être dans l’opposition. Il faut bien que l’on comprenne que nous sommes les élus de l’opposition et que les élus de l’opposition doivent s’opposer. Sans pour cela verser dans quelque chose de systématique ou dans un modèle sourd à tout ce qui peut venir d’ailleurs. La vérité a toujours un pied dans le camp d’en face. Il faut aussi être respectueux des propositions alternatives. Lorsque les choses vont bien, nous sommes les premiers à le dire. Lorsque les choses ne vont pas, et, en ce moment, ça ne va pas, c’est notre responsabilité de le dire. Et ce, en dépit de la majorité absolue et de la façon dont certains pensent que nous gérons notre groupe. Je crois qu’on s’en porte bien. La démocratie doit s’exercer et l’opposition faire valoir ses différences. Ce qui doit peut-être nous conduire à évoluer, c’est d’améliorer notre aptitude à mieux communiquer nos positions.
- C’est-à-dire ?
- Il ne faut pas se contenter de dire que nous ne sommes pas d’accord avec la majorité, mais mieux faire connaître nos propositions alternatives. Très peu de gens ou trop peu savent que nous avons, sur tous les sujets qui traversent la vie de cette collectivité, des avis. Je parlais de l’eau, on aurait pu éviter les crises actuelles, si on avait investi comme je l’avais proposé en 2019 et en 2022. Nous avons des propositions en matière énergétique, en matière environnementale, en matière de planification des territoires, de tourisme, de transports… Le gouvernail de notre action politique est désormais de mieux faire connaître nos propositions pour qu’on sorte de cette posture d’opposition, souvent portée en caricature par certains, à une posture plus responsable. Derrière l’opposition, qui n'est pas une opposition de principe, nous devons faire valoir nos idées alternatives à celle de la majorité.
Propos recueillis par Nicole MARI.
- Notre groupe ne se trouve pas sans présidence, nous animons la présidence à deux voix. Si cela pose un problème au niveau des textes, nous le réglerons en temps voulu. Ce qui compte c’est la coanimation de notre groupe dans sa diversité avec les trajectoires singulières des uns et des autres. Pour l’instant, chacun est satisfait de cette formule qui permet de maintenir la cohésion du groupe. C’est ce qui compte ! En ces temps difficiles, rien n’aurait été plus décalé, voir même gênant, que de donner en spectacle des voix divergentes, pour autant qu’elles aient pu exister.
- Les rumeurs de division ont beaucoup circulé. Le groupe peut-il survivre au départ de Laurent Marcangeli ?
- Ces rumeurs de division sont infondées. Elles traversent les groupes chaque fois qu'il s'agit d'assurer une relève ou une succession politique. Je suis un responsable politique, on m’a appris que chaque fois qu’il était possible, il fallait maintenir l'unité d'un groupe. Il est facile de faire exploser un groupe, il est plus difficile d’en maintenir la cohésion. J’ai choisi la difficulté.
- Comment envisagez-vous de vivre l’opposition dans une assemblée largement dominée par les Nationalistes, où vous représentez la seule opposition qui ne l’est pas ?
- On va continuer à être ce que l’on a toujours été, je crois : des gens responsables. Des électeurs nous ont octroyé la responsabilité d’être dans l’opposition. Il faut bien que l’on comprenne que nous sommes les élus de l’opposition et que les élus de l’opposition doivent s’opposer. Sans pour cela verser dans quelque chose de systématique ou dans un modèle sourd à tout ce qui peut venir d’ailleurs. La vérité a toujours un pied dans le camp d’en face. Il faut aussi être respectueux des propositions alternatives. Lorsque les choses vont bien, nous sommes les premiers à le dire. Lorsque les choses ne vont pas, et, en ce moment, ça ne va pas, c’est notre responsabilité de le dire. Et ce, en dépit de la majorité absolue et de la façon dont certains pensent que nous gérons notre groupe. Je crois qu’on s’en porte bien. La démocratie doit s’exercer et l’opposition faire valoir ses différences. Ce qui doit peut-être nous conduire à évoluer, c’est d’améliorer notre aptitude à mieux communiquer nos positions.
- C’est-à-dire ?
- Il ne faut pas se contenter de dire que nous ne sommes pas d’accord avec la majorité, mais mieux faire connaître nos propositions alternatives. Très peu de gens ou trop peu savent que nous avons, sur tous les sujets qui traversent la vie de cette collectivité, des avis. Je parlais de l’eau, on aurait pu éviter les crises actuelles, si on avait investi comme je l’avais proposé en 2019 et en 2022. Nous avons des propositions en matière énergétique, en matière environnementale, en matière de planification des territoires, de tourisme, de transports… Le gouvernail de notre action politique est désormais de mieux faire connaître nos propositions pour qu’on sorte de cette posture d’opposition, souvent portée en caricature par certains, à une posture plus responsable. Derrière l’opposition, qui n'est pas une opposition de principe, nous devons faire valoir nos idées alternatives à celle de la majorité.
Propos recueillis par Nicole MARI.