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Jean-Louis Paoli, président de l'Ilocc : "nous allons travailler sur l'IGP agneau de Corse"


Livia Santana le Dimanche 21 Février 2021 à 18:25

L'éleveur ovin, Jean-Louis Paoli a pris la présidence de l'interprofession laitière ovine caprine Corse (Ilocc), ce vendredi 5 février à Altiani. L'homme de 52 ans, originaire du Fium'Orbu et basé sur Aleria, succède à Sebastien Mercuri. Dans une interview accordée à CNI, Jean-Louis Paoli revient sur les enjeux de sa mandature.



Jean-Louis Paoli, nouveau président de l'Ilocc.
Jean-Louis Paoli, nouveau président de l'Ilocc.
Vous venez d'être élu à la tête de l'Ilocc, quels seront les enjeux des 3 prochaines années ?
- Il va tout d'abord falloir s'atteler à un problème important, celui de la baisse de la production du lait. Ces 3, 4 dernières années la lactation des brebis a diminué de 10%. Pour contrer cela, il va falloir un véritable travail sur la race corse, mais aussi sur le centre de sélection déjà en place. C'est important que l'on défende nos races, de préserver le patrimoine génétique de nos bêtes qui sont tout à fait adaptées aux spécificités montagneuses de notre île. Nous nous devons de maintenir une banque de brebis pour les générations d'agriculteurs à venir.
Il faudrait également que nous continuions à moderniser les outils de travail des éleveurs (bâtiment, machines à traire, matériel d’alimentation...). Mais aussi que nous travaillions en étroite relation avec tous les organismes agricoles pour pérenniser et développer notre métier. 
 
-Que prévoyez-vous pour les jeunes qui veulent se lancer ? 
-Nous allons essayer de mieux flécher l’installation des jeunes. Nous aimerions qu’ils aient plus de motivation à embrasser cette profession. Cela passe par des bâtiments modernes, un accompagnement financier pour ceux qui démarrent avec peu de moyen. On va également s'atteler à la problématique du foncier, qui est très compliqué à trouver quand un jeune veut s'installer. L'enjeu sera de garder la tradition du métier en intégrant du modernisme.

- Du modernisme ? 
- Pour attirer les jeunes dans ce métier difficile. En tant qu'éleveur nous n'avons pas de jours de repos, c'est un métier à plein temps et la jeune génération a de nouveaux besoins. On aimerait qu'ils puissent souffler de temps en temps. On pourrait réfléchir à la possibilité de faire des systèmes de remplacements pour que les agriculteurs puissent partir en vacances. Cela a un coût, mais cela permet aussi de vivre plus normalement. C'est une piste à creuser. 

- Ces derniers temps on a beaucoup parlé du problème de l'abattage des agneaux, qu'entend faire l'Ilocc ? 
-C'est un domaine dans lequel nous avons de nombreux axes de réflexion. Nous devons travailler sur la valorisation de notre agneau et reprendre le travail sur l’élaboration d’une Indication géographique protégée (IGP), "Agneau de Corse".  Pour le moment, le gros des bêtes est exporté en Sardaigne. Les Sardes disposent des outils de traitement nécessaires à l'abattage des petits ruminants. Il faudrait également aboutir à la valorisation de notre viande. Pourquoi pas procéder à de la surgélation pour qu'elle soit ressortie en été. Les touristes pourraient goûter ce produit de qualité, ce qui leur donnerait envie d'en acheter même à leur retour chez eux. 

- La crise sanitaire a beaucoup impacté l'activité ? 
- Pendant le premier confinement, la baisse des ventes a été spectaculaire. La marchandise s'accumulait dans les chambres froides. Il y a eu une grande entraide entre les fermiers et laitiers pour essayer d’écouler leurs produits. On espère que les restaurants vont pouvoir réouvrir. Si ça se prolonge, nous allons vraiment avoir de grosses difficultés, de gros problèmes de trésorerie.