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Jean-Louis Albertini : « Les entreprises corses essaieront de respecter les objectifs de réduction de 10% des dépenses énergétiques »


Pierre-Manuel Pescetti le Mercredi 31 Août 2022 à 18:28

Baisse du chauffage, de l’usage des ordinateurs et des mails, limitation des déplacements, co-voiturage… Ce 29 août, aux Rencontres des entrepreneurs de France (REF) à Paris, la Première ministre, Élisabeth Borne, a exhorté les entreprises à jouer leur rôle dans l’effort collectif pour la sobriété énergétique. Et prévenant qu'en cas de rationnement, les entreprises seraient les premières touchées. CNI a demandé au président du Medef corse, Jean-Louis Albertini, présent à Paris, de réagir à ce discours. Il explique la vision et le rôle que les entreprises corses joueront dans l’effort national imposé par le gouvernement.



Jean-Louis Albertini a été élu président du Medef Corse en janvier 2022. Photo CNI
Jean-Louis Albertini a été élu président du Medef Corse en janvier 2022. Photo CNI
 - Comment réagissez-vous au discours de la Première ministre sur la sobriété énergétique appliquée aux entreprises ?
 - Le discours de la Première ministre n’est pas une surprise en soi. Les entrepreneurs dans leur ensemble, y compris en Corse, ont déjà intégré et, pour certains, anticipé l’impérieuse nécessité de réduire la consommation énergétique, tout en maintenant un outil de production performant aboutissant à une croissance sobre. Ce discours a néanmoins le mérite de fixer des objectifs. Pour la première fois, la préoccupation de la transition écologique passe devant celle de la fiscalité chez les chefs d’entreprises. L’État doit accompagner la planification écologique des entreprises en émettant les règles du jeu stables et fixées à l’avance.

 - Certains se sont plaints d’une intervention quelque peu paternaliste de la part d'Élisabeth Borne …
- Le Medef n’a pas attendu le discours de la Première ministre pour s’engager dans la voie de la transition écologique. En région corse, une commission transition écologique a été créée en mars 2022 et se réunit régulièrement. Nous avons, de plus, une responsabilité collective d’entrer dans une croissance sobre.

 - Les entreprises corses pèsent-elles autant dans la balance énergétique que les entreprises d’autres régions métropolitaines ?
- Il y a peu d’entreprises en Corse qui sont vraiment énergivores. Il n’y a pas d’usines électro-intensive, par exemple. Ceci dit, il y a des secteurs plus exposés comme la grande distribution qui a besoin d’énergie pour maintenir sa chaîne du froid. Mais les entreprises corses s’adapteront au mieux en faisant en sorte que les secteurs les plus énergivores n’en souffrent pas.

 - La première ministre appelait les entreprises à établir un plan de sobriété énergétique et à réduire les dépenses énergétiques de 10 %. Les entreprises corses peuvent-elles seulement se le permettre ?
 - Quoi qu’il en soit, nous essaierons de respecter globalement les objectifs de 10%, déjà difficiles à atteindre, en tentant de préserver une activité économique suffisante. Nous soutiendrons et informerons sur l’obligation de la mise en place des « référents sobriétés » dans les entreprises. La diminution de l’usage des ordinateurs et des courriers électroniques qui est demandée, alors même qu’on nous encourage et qu’on subventionne la transition numérique, est assez ambivalente. De surcroit, les entreprises corses ont déjà fait énormément d’efforts en matière de réduction des dépenses énergétiques, il est à prévoir que ces mesures qui concernent l’ensemble du territoire français n’auront pas le même impact dans toutes les régions. En tout état de cause, si ces restrictions devaient entrainer des baisses d’activité dans certains secteurs, ceux-ci devront faire l’objet de mesures de soutien.

 - Le patron du Medef national, Geoffroy Roux de Bézieux, parle de baisser les chauffages dans les bureaux et de limiter les déplacements. À quoi doivent réellement s’attendre les employés corses, cet hiver ?
 - Les restrictions sur le chauffage et les 19 degrés dans les bureaux seront vraisemblablement plus faciles à mettre en place, compte tenu d’une période hivernale moins intense et plus courte qu’en métropole. Néanmoins, la limitation des déplacements automobiles et le covoiturage risquent d’être plus sensibles, compte tenu des particularités de notre territoire. Nous allons réunir nos instances - bureau, conseil d’administration, Commission sur la Transition écologique - et ferons une réunion d’étape à la mi-octobre.