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Jean-Christophe Angelini : « Nous avons voté contre un ersatz de compagnie régionale ! »


Nicole Mari le Vendredi 17 Juillet 2015 à 21:02

Les Nationalistes modérés de Femu a Corsica ont voté contre les rapports présentés par le Conseil Exécutif de l’Assemblée de Corse (CTC) sur la Délégation de service public (DSP) maritime et contre la délibération demandant la création d’une SEM d’investissement. Les deux premiers, validant le principe de la DSP et la poursuite des aides à la SNCM, ont été adoptés. La troisième a été rejetée. Jean-Christophe Angelini, président du groupe Femu a Corsica, explique, à Corse Net Infos, les raisons de ces votes de refus.



Jean-Christophe Angelini, président du groupe Femu a Corsica.
Jean-Christophe Angelini, président du groupe Femu a Corsica.
- Lors du vote du 1er rapport sur la validation du principe de la DSP, aucun membre de votre groupe n’était présent dans l’hémicycle. Est-ce à dessein ?
- Tout à fait ! C’est à dessein ! Nous avons choisi, symboliquement, de ne pas être présents et de ne pas participer au vote de la DSP pour une raison simple : nous ne comprenons toujours pas l’intérêt de voter une DSP pour 8 ans alors même que le contexte est particulièrement tourmenté. Nous sommes presqu’à la veille d’une décision du Tribunal de commerce de Marseille. Surtout, nous savons bien que nous évoluons vers une forme de maîtrise des transports maritimes qui n’est pas compatible avec une DSP ancienne à durée longue. Nous avons, donc, opté pour un choix de clarté. Nous espérons que l’Exécutif, et plus généralement, les acteurs du dossier en prendront la mesure et jetteront les bases d’un vrai débat, dès l’instant que les décisions de justice seront connues.
 
- Vous dites que le monde ancien est terminé. Qu’entendez-vous par là ?
- Chaque Corse sait que, depuis 30 ou 40 ans, on parle de continuité territoriale. A quoi assiste-t-on ? A des transports peu fiables et très couteux, des grèves à répétition, des conflits interminables ! J’étais présent, au titre de mon groupe, à la Chambre de commerce pour assister à la remise de l’étude réalisée par Guillaume Guidoni et Marc Simeoni sur les conséquences financières de la grève de l’an dernier. On atteint des sommes incalculables avec des dommages économiques, directs et collatéraux, qui sont très lourds. Nous ne voulons, à aucun prix, retrouver une situation de conflit, comme celle que nous vivons depuis 40 ans et comme celle qui a été créée en 2005, au moment de la privatisation de la SNCM. Aujourd’hui, sous couvert de compagnie régionale, on reprivatise la compagnie actuelle.
 
- C’est-à-dire ?
- En clair, on passe d’un opérateur à un autre en agitant l’idée qu’à terme, la CTC pourrait être propriétaire de la flotte. Pour nous, ce n’est pas une compagnie régionale !
 
- Est-ce pour cela que vous avez voté contre la délibération demandant la création d’une SEM d’investissement, ce que tout le monde n’a pas forcément compris ?
- C’est pourtant tout à fait compréhensible ! S’il s’était agi d’une compagnie régionale, depuis 40 ans que nous la revendiquons, vous pensez bien que nous aurions voté pour ! C’est bien parce ce qui nous était proposé était un ersatz, une vraie-fausse compagnie régionale que nous n’avons pas soutenu la délibération.
 
- Qu’appelez-vous une vraie compagnie régionale ?
- Une compagnie régionale, c’est, pour nous, à la fois, une SEM d’investissement et une SEM d’exploitation. C’est la collectivité qui se donne les moyens, avec d’autres partenaires, y compris des partenaires privés dans des proportions à déterminer, de maîtriser son offre de transport maritime. Ce n’est pas passer d’un opérateur à un autre avec la vague promesse d’une propriété de la flotte à terme ! Nous ne nous battons pas, en tant que Nationalistes corses, depuis 40 ans, pour arriver à pareil résultat ! Nous ne laisserons pas dire que nous avons voté contre la compagnie régionale ! Si nous avons voté contre, c’est bien que ce n’était pas une compagnie régionale, mais une forme de compagnie qui aurait emprunté les mêmes chemins que toutes celles qui ont échoué depuis des décennies !
 
- Pourquoi vous êtes-vous abstenus sur le 2nd rapport concernant la poursuite du paiement des aides compensatoires à la SNCM ?
- C’est un rapport qui vient en conséquence de la situation que nous connaissons, notamment des deux rapports que l’on vient de citer. Il ne nous paraissait pas opportun de participer à un vote d’ajustement. En ne participant pas aux opérations électorales, nous n’avons pas voulu cautionner une situation globale. Le rapport proprement dit n’est pas spécialement en cause.
 
- Cela signifie-t-il que vous n’êtes pas contre la continuation des paiements ?
- On peut difficilement être contre ! Nous voulions signifier une approche globale, et pas une approche dossier par dossier, comme l’Exécutif nous invitait à le faire !
 
Propos recueillis par Nicole MARI.