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J-C. Angelini : « Nous devons trouver les voies d’un compromis pour la Corse »


Nicole Mari le Dimanche 15 Septembre 2013 à 23:15

Les prochaines échéances électorales, notamment municipales, étaient dans tous les esprits lors de la rentrée politique des Nationalistes modérés, dimanche à l’Université de Corse. Un des leaders de Femu a Corsica, Jean-Christophe Angelini, a réaffirmé une volonté d’ouverture sans exclusive. Répondant à l’appel à l’union lancée par les indépendantistes de Corsica Libera et d’U Rinnovu, il explique, à Corse Net Infos, que l’enjeu n’est pas de s’enfermer dans une relation bilatérale, mais de promouvoir une alternative qui rassemble, bien au delà des Nationalistes, l’ensemble du peuple corse.



Jean-Christophe Angelini, conseiller territorial, conseiller général, co-leader de Femu a Corsica et leader du PNC.
Jean-Christophe Angelini, conseiller territorial, conseiller général, co-leader de Femu a Corsica et leader du PNC.
- Pourquoi, lors de cette rentrée politique, avez-vous ressenti le besoin de revenir aux fondamentaux nationalistes ?
- C’est une façon pour Femu a Corsica de marquer, par un événement politique et populaire important, l’affirmation et la reconnaissance de principes qui sont, pour nous, fondamentaux et qui tiennent à des revendications anciennes. En même temps, de les consacrer dans une volonté d’ouverture, de dialogue et de compromis.
 
- C’est-à-dire ?
- Chacun sait que les Nationalistes, pour importants et centraux qu’ils puissent être, n’en sont pas moins une composante politique parmi d’autres. Ils doivent, donc, être, aujourd’hui, en capacité de s’ouvrir à d’autres forces pour trouver les voies d’un compromis pour l’ensemble de l’île. C’est ce à quoi nous travaillons depuis maintenant des années. Femu a Corsica, depuis 2008 et plus particulièrement depuis 2010, est clairement inscrit dans cette stratégie. Il importe, désormais de la renforcer et de faire en sorte que les échéances de 2014 et de 2015, avec en toile de fond la réforme constitutionnelle et les différents scrutins, permettent cette évolution majeure.
 
- Cela signifie-t-il que, pour les élections municipales, vous ferez des alliances avec les partis traditionnels ?
- Avant de parler d’alliance, nous parlons de projets. Ce n’est ni une posture, ni une tactique quelconque. Il nous paraît fondamental, aujourd’hui, non pas de rassembler des gens qui, mathématiquement, pourraient composer une majorité, mais, au contraire, de rassembler des gens de tous horizons qui se reconnaissent dans un corpus d’idées, de projets, de réalisations, dans une idée de ce qu’il convient de réaliser pour un territoire, pour une commune, pour une intercommunalité, pour la Corse.
 
- Comment comptez-vous gagner sans alliances ?
- Cette dynamique de projets et d’idées est autrement plus puissante que toutes les combinaisons que l’on nous a opposées et que l’on nous opposera demain. Nous ne combinons pas des appareils, nous brassons des idées, nous faisons mouvement autour des fondamentaux et de thèmes plus actuels que nous intégrons. Notre but est de constituer des projets qui fédèrent.
 
- Les autres forces nationalistes vous ont lancé un appel à l’union, tant au niveau de la CTC que des prochains scrutins. Que leur répondez-vous ?
- Chacun sait qu’il existe, dans le mouvement nationaliste, deux grandes tendances qui ont fait des choix stratégiques différents. Ces tendances, depuis 2010 notamment, s’expriment avec une force renouvelée. Au 2nd tour des Territoriales, les 2 listes cumulées ont réalisé près de 40% des suffrages. Je crois vraiment que cette volonté de pluralité, de diversité, de pratiques étendues d’expression de nos idées correspond à une véritable aspiration des Corses. Pour preuve, ceux-ci la valident dans des proportions de plus en plus larges.
 
- Cette pluralité est-elle synonyme de concurrence ?
- Non ! Je constate que, sur l’ensemble des thèmes et des idées qui ont été abordés ces derniers jours par les uns et les autres, il existe énormément de convergences sur lesquelles nous pourrons travailler de concert. Mais, il serait néfaste, pour les uns comme pour les autres, de nous enfermer dans une relation bilatérale au préjudice de tous ceux qui sont prêts à nous rejoindre et qui ne sont pas nationalistes.
 
- Refusez-vous l’union ?
- Aujourd’hui, l’enjeu n’est pas de revenir à une posture de dialogue bilatéral, mais, au contraire d’aller vers un dialogue large, fécond et pluriel. Ce dialogue associera, de façon naturelle, les autres Nationalistes. A Femu a Corsica, nous y sommes favorables. Mais, il doit aussi associer l’ensemble du peuple corse, tous ceux qui s’accordent sur une volonté de rupture avec le système actuel et de promotion d’une alternative. Donc, pas d’exclusive ! Nous avons la volonté de prolonger les échanges avec notre famille naturelle, mais aussi de les populariser et de les étendre très au-delà des frontières du nationalisme.
 
- Sur Ajaccio, ne présentez-vous pas une liste d’union avec les seuls Nationalistes pour les prochaines municipales ?
- Dans des tas de villages et de villes, il y aura des démarches de convergence. Et, dans certains cas, dès le 1er tour ! Mais, devez-vous en déduire que ces démarches sont l’avènement d’une stratégie nouvelle ? La réponse est : non ! Ce n’est pas le cas. Et, pour cause ! Dans bien d’autres cas emblématiques, nous avons décidé d’opter pour des choix différents. Il ne faut pas s’abriter derrière tel ou tel cas pour tirer des conclusions générales et définitives. Il y a des convergences heureuses et des démarches de divergence, des approches doubles tout aussi heureuses.
 
- Vous affronterez-vous ailleurs ?
- Il n’y a, d’aucune façon, de conflits, de divergence, de concurrence ou de polémique entre nous. Il y a la volonté de continuer à construire. L’échéance municipale est, par excellence, celle qui permet des convergences sur le terrain. Ces convergences sont, parfois, de nature différente de celles que l’on peut observer au moment des Territoriales et des Législatives. Nous allons continuer dans cette optique et faire en sorte que les choses soient toujours plus importantes pour nos idées avant de l’être pour nous tous.
 
Propos recueillis par Nicole MARI

Les 11 élus territoriaux de Femu a Corsica.
Les 11 élus territoriaux de Femu a Corsica.