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Isabelle Ciaravola, danseuse étoile, fera ses adieux à l’Opéra de Paris ce vendredi


José Fanchi le Dimanche 23 Février 2014 à 19:41

Elle a passé le plus clair de son temps sur une scène. Le Travail, elle connaît. Le travail encore et toujours, mais aussi la souffrance, les répétitions, les privations, les blessures, il faut une sacré dose de passion doublée de d’une farouche volonté pour atteindre le but, gravir des échelons et devenir danseuse étoile de l’Opéra de Paris. C’est pourtant le merveilleux parcours accompli par Isabelle Ciaravola, fidèle à sa Corse où elle revient régulièrement y retrouver ses parents, Christian et Paulette



Vendredi prochain, elle se produira une dernière fois sur la scène de l’opéra de Paris et cette retraite - elle à 42 ans – sera plutôt active, mais nous y reviendrons. Pour ses adieux, Isabelle Ciaravola interprètera le ballet « Onéguine » de John Cranko, celui-là même qu’elle avait joué en 2009, année où elle fut nommée danseuse étoile. C’est dire si le public attend la belle danseuse brune qui a décidé de tourner la page. Le public et probablement ses parents et tous les membres de sa grande famille ajaccienne qui aura les yeux rivés à la scène.

Arrêter de danser ? Impossible
Une retraite à 42 ans, cela peut paraître jeune, certes, mais Isabelle Ciaravola ne s’arrêtera pas en chemin. La danseuse étoile est un exemple de travail et de détermination et a certainement pensé à son avenir et à celui de ses élèves.
Elle a répondu aux questions de quelques journalistes spécialisés à ce sujet. Voici ce qu’elle leur a dit : « C’est une retraite officielle car je vais tourner une page, celle de l’Opéra de Paris. Je me laisse le temps de préparer la suite, car il y a quelques mois encore, je ne voyais pas les mêmes choses qu’aujourd’hui. Je suis passée par une phase nostalgique, cette impression qu’on va n’être plus rien, abandonnée. Depuis, j’ai eu le temps de me projeter grâce aux adieux d’Agnès Letestu qui est d’ailleurs encore bien là! Depuis huit, neuf ans, mon corps n’a cessé de travailler alors, arrêter du jour au lendemain, c’est impossible. Je me donne encore un ou deux ans pour faire le deuil de la scène. Maintenant, j’aimerais enchaîner les choses, être “ma” directrice, moi qui ai passé des années à attendre que l’on vienne me chercher." 

Une vie entièrement consacrée à la danse, une nomination, le succès ?
- J’ai été nommée danseuse étoile assez tard ! Mais du coup, j’étais vraiment prête, en pleine maturité même si j’aurais aimé l’être un peu plus tôt… Avec le temps, je suis devenue également beaucoup plus à l’aise par rapport à ce que je demande dans mes cours avec tout ce que j’ai emmagasiné depuis, qu’à l’âge de 13 ans, j’ai débarqué avec ma mère de ma Corse natale pour devenir danseuse. » Place à l’enseignement.

Isabelle Ciaravola, danseuse étoile, fera ses adieux à l’Opéra de Paris ce vendredi
Vous allez maintenant transmettre votre savoir aux jeunes générations?
- J’ai reçu tellement de mes professeurs comme Ghislaine Thesmar. C’est important de visualiser car la danse, c’est très anatomique, très géométrique, mais c’est aussi capital de pouvoir apporter ce que l’on a soi-même vécu sur scène. J’essaye de faire rire aussi car je suis plutôt sévère en maintenant une certaine distance avec mes élèves. A mon époque, il y avait beaucoup de respect d’autant que si l’on est trop “copains” on ne fait pas autant confiance. Avec ma coach, j’ai une relation très amicale mais j’ai 42 ans! Avant cela, le mieux, c’est de suivre l’ancienne école même s’il ne faut pas tomber dans l’excès. Professeur peut avoir une image un peu dégradante mais je suis passionnée; c’est très prenant au niveau de l’énergie. Cela demande beaucoup de concentration si l’on s’investit totalement.  

- Quitter l’Opéra de Paris après un quart de siècle passé dans cette grande maison ?
- Aujourd’hui je me prépare pour la soirée d’adieu qui sera très intense émotionnellement. Je pense peu à l’après. Depuis quatre ans, je m’adonne à l’enseignement. Je donne des cours d’ensemble et de répertoire, en France et à l’étranger. Il est très intéressant de voir la diversité entre les différents pays, entre le Japon par exemple et l’Europe. La pédagogie me passionne. Je souhaite partager ce que j’ai appris au fil des années avec tous les professeurs que j’ai côtoyés, grâce aux rôles que j’ai interprétés, et notamment apporter cette musicalité qui me tient à cœur. Passer le flambeau à la nouvelle génération…
J.F.