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Anita Pehou : le souffle de la grâce et de la transmission sur la scène du théâtre de Bastia


Charlie Rebeyrol le Vendredi 18 Février 2022 à 17:27

Ce samedi 19 février à 20h30 au sein du Théâtre Municipal de Bastia, la talentueuse chorégraphe bastiaise, Anita Pehou, présentera son ballet"Danser le souffle". Séquencé en deux actes avec entracte, le premier sera consacré à "La force du destin de Verdi, puis à "Pamina - La flûte enchantée" de Mozart et à "Carmen" de Bizet. Le second honorera "Les enfants terribles" de Philippe Glass avec l'ensemble des danseurs et se clôturera par la "Manoula-mou de Manos Hadjidakis" chorégraphiée par le respecté défunt Maurice Béjart.



Un casting étoilé
Sur scène se succèderont, Rafaël Molina, Laëtitia Brighi, Jean-Baptiste Ferreira, Laëtita Canaletti et David Serpi, l  groupe A.D.L.C ainsi que la soliste Kathleen Thielmhelm du Béjart Ballet Lausanne, invitée d'honneur.
"Danser le souffle est une réflexion sur le destin, c'est un regard qui dit tout. Une incapacité d'aimer sans souffrir"
A quelques entrechats de sa dernière création,
Anita Péhou, tapie dans l'ombre, s'exprime en toute humilité

- En tant que directrice artistique, comment avez-vous construit ce ballet  ?
- Le souffle c'est la vie. La création est vitale. Une véritable sensation d'infini. Je l'ai confectionné au travers  ce ressenti. Puis j'ai mis en corrélation des artistes de talent qui ont des points communs et de là, une véritable symbiose a émergé. L'alchimie s'est faite naturellement car certains avaient, déjà, collaboré ensemble ou fréquenté les mêmes instituts.  


- Au travers cette création, quel message souhaitez-vous transmettre ?
- De danser le souffle, le plus souvent possible. Surtout en cette période de crise sanitaire, qui a laissé transparaître un étouffement. Ce que je souhaite évoquer c'est la transmission, les échanges. Malheureusement, ces derniers se font de plus en plus rares et rapides. Un bien triste constat qui est dommageable. La vitesse n'est pas salutaire. La temporalité est mise de côté. Il faut prendre conscience que le temps est aussi précieux que la santé.


- Que pouvez-vous nous dire de la Masterclasse ?
- Organisée l'après-midi de 14 à 17 heures dans la salle Gaudin du Conservatoire Henri-Tomasi, j'espère que ceux qui y assisteront vont ressortir avec des éclats dans les yeux. La discipline et l'exigence en permanence seront retranscrites. Il n'est pas question de souffrance. Au contraire, c'est aimer son corps. Les regards extérieurs ne sont pas justes à ce sujet. Le travail, d'une danseuse ou d'un danseur, commence tôt le matin et se finit tard le soir. Tout d'abord à la barre par un échauffement, qui permet une connaissance profonde de son corps. Ensuite un équilibre puis surgissent les émotions, les sensations. Et se clôt par l'aboutissement avec la danse.


- Que conseillerez-vous aux générations futures ?
- Quand on choisi ce métier, on y consacre sa vie. Il faut persévérer et ne pas s'arrêter à des réflexions nuisibles et négatives. Le plaisir et la joie sont nécessaires pour exercer. La volonté, la motivation, l'amour sont les maîtres-mots. C'est le fil d'Arianne de la réussite et de l'accomplissement.

​Un pas chassé pour laisser la lumière sur les artistes

Entre les répétitions, deux danseurs ont eu la gentillesse de se livrer. 

- Rafaël Molina, que pouvez-vous nous dire de ce ballet ?
- J'avais déjà collaboré avec Anita en 2016 à Bastia. J'apprécie énormément sa manière de travailler et son univers. Elle dessine une scénographie, une richesse qui nous permet de nous imprégner. Même si elle a déjà sa projection, elle nous met au cœur de son œuvre et nous sollicite en nous demandant notre avis. J'aime beaucoup le respect qu'elle nous accorde. On s'épanouit pleinement au delà de la performance.


- Jean-Baptiste Ferreira, quel regard portez-vous sur la danse ?
- La danse est un art de vivre. Tout tourne autour de cela quand on s'y consacre professionnellement. Pour moi, la discipline est de mise mais pas de manière néfaste. Il faut se pousser vers ses limites mais pour être au plus juste afin d'atteindre une forme de perfection. La rigueur est nécessaire. Si la souffrance est abordée, elle est plus d'ordre psychologique que physique. Il faut réussir à canaliser ses émotions, apprendre à se contrôler et acquérir une aisance.