Corse Net Infos - Pure player corse

Incendie en zone périurbaine : à Bastia, un test grandeur nature pour les services de secours


Léana Serve le Dimanche 18 Mai 2025 à 16:12

Et si un incendie frappait aux abords de Bastia ? Pompiers, élus et services de secours ont participé jeudi à un exercice de simulation coordonné par l’Agglomération de Bastia et le SIS 2B. Objectif : anticiper et se préparer à une situation d’urgence en zone périurbaine.



Un exercice de gestion de crise pour anticiper les feux de forêt a eu lieu ce jeudi
Un exercice de gestion de crise pour anticiper les feux de forêt a eu lieu ce jeudi

Comment réagir face à un feu de forêt en zone périurbaine, menaçant directement des habitations et des vies humaines ? C’est à cette question qu’ont tenté de répondre élus et services de secours, à l’occasion d’un exercice de gestion de crise organisé ce jeudi après-midi sur le port de Toga. Pilotée par la Communauté d’Agglomération de Bastia, en partenariat avec le Service d’Incendie et de Secours de la Haute-Corse (SIS 2B), la simulation visait à tester la coordination et la réactivité des acteurs en cas de scénario réel. « La conception de cet exercice a commencé il y a six mois, avec les équipes des communes et les sapeurs-pompiers, pour être au plus proche de la réalité. Les secours et les actions de sauvegarde doivent se coordonner pour être efficaces. Se préparer permet de mettre en place des organisations qui faciliteront la gestion sur le terrain », explique Frédéric Antoine-Santoni, chef du groupement formation au SIS 2B.

Pour appuyer cet entraînement, les pompiers ont utilisé le simulateur Serious Game, déjà expérimenté à Furiani en 2023 lors d’un précédent exercice. L’outil numérique permet de modéliser les zones à risque, ici les communes de Ville-di-Pietrabugno et de San-Martino-di-Lota, virtuellement menacées par un incendie.

Pour les élus locaux, l’objectif était clair : apprendre à réagir vite, dans un contexte de danger soudain. « Un événement accidentel de ce type est par définition imprévu, donc il faut se préparer à toutes sortes de situations. On n’a pas connu d’incendie depuis longtemps, mais cela peut toujours arriver. Dans cet exercice, notre rôle est de prendre soin de nos populations. Cette réalité virtuelle est impressionnante, elle nous rappelle la fragilité du quotidien », confie Michel Rossi, maire de Ville-di-Pietrabugno.


Adapter les territoires face à une menace croissante

Si les feux de forêt restent rares dans cette zone géographique, le risque est toujours présent, et les conditions évoluent rapidement dans les communes. “Le changement climatique, la sécheresse, le manque d'eau sont des facteurs aggravants. De plus, le couvert végétal, notamment sur mon territoire, est de plus en plus important. C’est une zone très urbanisée, proche de Bastia, où il y a une évolution de la construction, et des villas qui sont entourées d'arbres et de jardins, beaucoup plus qu'auparavant. Ce sont d'autant plus de dangers que la population a augmenté, il faut la tenir à l'écart de tout danger ou de toute catastrophe”, souligne Michel Rossi.
 

Au-delà de l’aspect technique, cet exercice s’inscrivait dans une semaine complète de préparation opérationnelle, organisée par le SIS 2B avec leurs homologues venus du continent. “On ne s’entraîne plus forcément sur des feux réels”, précise Frédéric Antoine-Santoni. “On a un couvert végétal qui est en train de devenir de plus en plus dense, donc la force des feux va être encore plus importante, alors que les populations sont de moins en moins prêtes. Travailler ces exercices prend tout son sens à la lumière de ces événements. On a aussi eu une séquence sur les facteurs humains, comme l'organisation et le stress en intervention. C'est une réflexion beaucoup plus large que simplement des exercices.”

Cette semaine de préparation a aussi été l’occasion de renforcer la coopération entre les territoires, avec la venue d’Éric Grohin, directeur du SIS du Var. Invité pour partager son expérience des incendies sur le continent, il a notamment évoqué les feux hors normes de Gonfaron, ou ceux en Gironde. “Ces feux sont des dangers pour la population et pour les sapeurs-pompiers, et il est nécessaire d’avoir une résilience du territoire, qui passe par un certain nombre de concepts liés aux constructions ou à l'aménagement du terrain. Dans le Var, nous sommes descendus en dessous des 3 ou 4 % des maisons abîmées lorsqu'il y a un feu, quand le terrain est bien débroussaillé. Il faut une accessibilité vers ces maisons proches de la forêt, et des matériaux adaptés au feu, pour que nous puissions nous concentrer non plus sur la défense des habitations, mais plutôt sur l'attaque du feu, parce que si on a rendu le territoire résilient, les habitations ne risquent plus grand-chose.”