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Hyacinthe Vanni : « Les élus viennent à l’Assemblée pour se faire plaisir ! »


Nicole Mari le Dimanche 7 Juillet 2013 à 00:37

Lors de la dernière session de l’Assemblée de Corse, l’examen de l’avis de la Chambre régionale des comptes concernant le déficit du budget de l’Office des transports (OTC) a dérapé dans un long débat usé, hors sujet, sur la desserte maritime. Ce qui a fini par agacer un élu de Femu a Corsica, Hyacinthe Vanni, qui n’a pas mâché ses mots, à la fois, contre le double langage de l’Exécutif et le manque de travail et de sérieux des élus. Il explique, à Corse Net Infos, les raisons de son mécontentement.



Hyacinthe Vanni, élu de Femu a Corsica.
Hyacinthe Vanni, élu de Femu a Corsica.
- Pourquoi avez-vous tancé les élus territoriaux ?
- Nous devions, en session, examiner le rapport de la Chambre régionale des comptes concernant le déficit du budget de l’Office des transports (OTC). Au lieu de se limiter à commenter ce document, la plupart des élus ont dévié sur le débat des transports maritimes que l’on a déjà fait et refait tellement de fois et qui peut durer jusqu’au lendemain matin, et même des journées et des nuits entières ! Les élus doivent travailler dans les Commissions et dans les Offices, mais, là, il n’y a pratiquement personne ! J’ai l’impression que la majorité des élus viennent à l’Assemblée pour se faire plaisir !
 
- Etes-vous en train de dire que vos collègues ne travaillent pas ?
- Très peu d’élus étaient présents au Conseil d’administration de l’OTC. Je le regrette ! Femu a Corsica étaient représentés par deux élus avec chacun deux procurations. Il y avait également deux élus de Corsica Libera et Michel Stefani pour le Front de gauche. C’est tout !
C’est en Commission que le travail doit se faire. Mais depuis que je suis à l’Assemblée de Corse, je me suis aperçu que, là où il faut vraiment travailler, il n’y a pas beaucoup d’élus présents. Il y en a là où il faut paraître et communiquer, surtout pendant les sessions publiques, devant les journalistes et les caméras. Communiquer est à la mode, mais ça n’exclut ni le travail, ni le sérieux !
 
- Vous fustigez, également, l’absence des élus à la 1ère réunion de la Commission d’étude sur la compagnie maritime régionale, qui s’est tenue, il y a peu. Combien étiez-vous ?
- Pour la compagnie régionale, c’était encore pire que dans les autres Commissions ! Nous étions deux ! Jean-Guy Talamoni et moi. Les deux représentants des deux groupes nationalistes qui sont, je le pense, les deux meilleurs groupes de l’assemblée. Il faudrait être plus sérieux, que tout le monde se mette au travail.
 
- Juste deux élus ! Cela signifie-t-il que l’Exécutif et les partis traditionnels ne prennent pas cette option au sérieux ?
- Pas du tout ! L’Exécutif a délégué un chargé de mission de grande valeur qui travaille d’arrache pied sur ce dossier de la compagnie régionale. Il nous a donné des documents sur lesquels réfléchir. Ensuite, la Commission recevra les syndicats, notamment Alain Mosconi du STC Marins qui a une compétence incontestable sur le sujet. La compagnie régionale est, aujourd’hui, à portée de main. Elle est, techniquement et financièrement, faisable. Il faut y travailler tous ensemble. J’appelle mes collègues des autres groupes à venir débattre. Essayons de sortir de l’impasse, de régler, une fois pour toutes, le problème des transports maritimes et qu’on n’en parle plus !
 
- Dans la foulée, pourquoi reprochez-vous à l’Exécutif de tenir un double langage ?
- L’OTC présente un budget en déséquilibre. L’Exécutif demande l’avis de la Chambre régionale des comptes, mais ne le suit pas ! Vendredi, en session, à l’Assemblée, quand l’Etat n’est pas présent, il interpelle l’Etat sur cet avis et lui tombe violemment dessus. Quand les représentants de l’Etat sont présents, les propos ne sont pas aussi virulents, l’Exécutif leur passe la pommade. Ce qui n’est pas mon cas, ni celui de mon groupe ! Lorsque nous interpellons l’Etat, nous le faisons toujours avec courtoisie, certes, mais avec fermeté. Nous avons commenté ce document, nous avons analysé le budget et fait des propositions d’amendements pour mettre l’Etat devant ses responsabilités. Notre amendement n’a pas été retenu. J’ai interpelé le représentant de l’Etat qui était présent lors du Conseil d’administration de l’OTC. Il ne m’a pas répondu. Il ne répond, d’ailleurs, jamais !
 
- Vous avez fait une proposition d’amendements. De quoi s’agit-il ?
- Dans son projet de budget de l’OTC, le président, Paul-Marie Bartoli, minimise les dépenses, mais ces dépenses sont obligatoires ! Dans le document de la Chambre régionale des comptes, il est écrit, noir sur blanc, que le gel de la dotation de la continuité territoriale a coûté 23 millions € à la CTC. Ce n’est pas nous qui avons écrit ce chiffre, ni fait ce calcul. C’est la Chambre régionale des comptes ! J’ai, donc, proposé d’inscrire cette somme en recettes de façon à mettre l’Etat au pied du mur. Cela ne coûtait rien de l’inscrire ! L’Etat, ensuite, aurait répondu. Le président de l’OTC a refusé. Interpelle-t-il l’Etat ou pas ?
 
- Pourquoi, selon vous, l’Exécutif a-t-il refusé ?
- Pour ne pas trop contrarier l’Etat ! Pourtant que l’Etat nous paye ce qu’il nous doit et beaucoup de problèmes seront réglés !
 
Propos recueillis par Nicole MARI