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Grève des pharmacies : en Corse, le mouvement se durcit et s’étend au-delà de la grève des gardes


le Dimanche 10 Août 2025 à 18:30

Alors qu’une grève des gardes est en cours depuis le 1er juillet et est particulièrement suivie sur l’île, la publication ce mercredi au Journal Officiel d’un arrêté prévoyant une baisse progressive des plafonds de remises sur les médicaments génériques et biosimilaires a renforcé la colère des pharmaciens qui annoncent un durcissement du mouvement. Une première journée de fermeture des officines est annoncée pour le 16 août, avant des fermetures reconductibles tous les samedis à partir du 27 septembre.



Grève des pharmacies : en Corse, le mouvement se durcit et s’étend au-delà de la grève des gardes
« La trahison est actée, la colère des pharmaciens n’en est que décuplée ». Alors qu’un bras de fer oppose depuis de longues semaines le Gouvernement et les principaux syndicats de pharmaciens, l’intersyndicale hausse le ton dans un communiqué en cette fin de semaine. Au-delà de la grève des gardes illimitée, en cours depuis le 1er juillet et particulièrement suivie en Corse, les pharmaciens annoncent un durcissement de leur mouvement suite à la publication, le 6 août, au Journal Officiel d’un arrêté entérinant une baisse des plafonds des remises à 30% pour les médicaments génériques et à 15% pour les médicaments biosimilaires. « Les annonces faites pour 2026 d’un doublement de la franchise et de sa récupération au comptoir constituent une nouvelle attaque contre l’accès au médicament de nos patients que nous combattons », fustige l’intersyndicale en appuyant : « Le Gouvernement a engagé une lutte à mort contre les pharmaciens ». 
 
Une alerte que Sandrine Leandri, présidente de l’Union des Syndicats de Pharmaciens d’Officine (USPO) en Corse, dit partager entièrement. « C’est de la persécution. Nous en avons marre, nous sommes à bout ! », souffle-t-elle. « Nous n’en pouvons plus que ce soit toujours la pharmacie qui soit visée à chaque fois que l’État veut faire des économies. Si on regarde tous les PLFSS depuis 10 ans, on voit qu’à chaque fois qu'il y a des économies qui sont demandées, c'est sur la pharmacie, sur le médicament. Nous ne pouvons plus supporter cette pression », martèle-t-elle en expliquant que la colère se cristallise donc autour de cette baisse  annoncée de la remise qui était jusqu’ici accordée par les laboratoires sur les achats de génériques à compter du 1er septembre. « À l’origine, cela garantissait un apport financier aux pharmacies pour leur permettre de continuer à vivre suite à la demande de l’État de passer des princeps aux génériques », développe-t-elle, « L’arrêté paru le 6 août que nous craignons depuis déjà quelques semaines, prévoit un calendrier jusqu’en 2027 pour raboter le maximum de remises qui peuvent nous être faites sur nos achats de génériques. On rabote la remise qui est accordée aux pharmaciens pour baisser le prix des génériques et que les laboratoires perdent moins. C’est clairement le fruit d’un lobbying de l’industrie pharmaceutique pour moins perdre face à une diminution des prix des médicaments que veut faire l’État ». Or, selon la présidente de l’USPO en Corse, cette mesure aura pour effet de perturber l’équilibre économique de nombreuses officines. « C’est de l’argent que l’on va prendre aux pharmaciens. C’est comme si l’État baissait les revenus d’un salarié », déplore-t-elle, « Cela impacte énormément notre situation économique parce que les éléments sur lesquels sont basés notre rémunération ne permettent plus une pharmacie de vivre. C’est une profession qui ne va pas bien en ce moment. On voit même qu'il y a des suicides ».
 
Dénonçant une multiplication des atteintes contre les officines, les pharmaciens entendent donc se faire entendre et affirment qu’ils jetteront « toutes (leurs) forces dans cette bataille ». L’intersyndicale prévoit ainsi un mouvement d’ampleur de fermeture des officines à partir du 18 septembre, « puis tous les samedis à compter du 27 septembre ». En outre, l’UPSO appelle à fermer les pharmacies le 16 août pour une journée symbolique. « C’est une journée de réflexion pour montrer à la population ce que pourra être leur commune quand les pharmacies impactées par ces changements auront fermé », indique Sandrine Leandri, annonçant que « jusqu’à 50% » des pharmacies insulaires pourront suivre le mouvement tant l’enjeu est de taille. « Nous estimons à 30% le pourcentage de pharmacies qui pourront fermer définitivement à cause de ces changements », précise-t-elle en soulignant que les pharmaciens ne s’interdisent de facto pas d’organiser d’autres actions plus fortes comme des manifestations locales ou même « des grèves du tiers payant » dans les prochaines semaines. Dans un communiqué, l’USPO a en outre annoncé préparer une « double procédure contre l’État », à la fois avec le dépôt d’une question prioritaire de constitutionnalité devant le Conseil d’État et avec un « recours pour inaction en matière d’accès aux soins devant le tribunal administratif ».