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Ghjuvan’Teramu Rocchi : L’émotion et les premiers hommages de la Corse en deuil…


Nicole Mari le Samedi 3 Mars 2018 à 21:14

« C’est la Corse qui est en deuil aujourd’hui », « C’est un monument qui est parti… ». « On est tous orphelins ! »… Les premières réactions à chaud après la mort du grand poète Ghjuvan’Teramu Rocchi, chantre du Riacquistu et de la langue corse, sont toutes empreintes de tristesse et de larmes. L’émotion du chanteur Feli, son compagnon de route musicale, le bel hommage de Saveriu Luciani, conseiller exécutif en charge de la langue corse et militant culturel. La tristesse d’Edmond Simeoni, compagnon de route politique, et du président de l’Exécutif, Gilles Simeoni… et tant d’autres sur Twitter in lingua nustrale.



Ghjuvan’Teramu Rocchi et le chanteur Feli à la cinémathèque de Folelli.
Ghjuvan’Teramu Rocchi et le chanteur Feli à la cinémathèque de Folelli.
Feli : « C’est la Corse qui est en deuil aujourd’hui, un morceau de nous qui s’en va »
« Au-delà de notre peine à tous, je pense à ses enfants, à ses petits-enfants…, c’est la Corse qui est en deuil aujourd’hui. Il a tellement donné, tellement fait pour sa terre, pour son pays, pour son peuple… cela nous laisse tous abasourdis... Tout ce qu’il a semé toute sa vie... Cette petite école qu’il a ouverte à Loretu a été le début de beaucoup de choses. Il a fait la preuve qu’on pouvait enseigner notre langue, apprendre à l’écrire, à la parler, la chanter… Cela va être dur de tourner cette page qui, je pense, ne se tournera pas. En dehors de tout ça, c’était un homme très fidèle en amitié et en affection, quelqu’un qui ne trichait pas. Comment imaginer ne plus entendre sa voix… La Corse perd beaucoup et nous, c’est un morceau de nous-mêmes qui s’en va ».
 
Saveriu Luciani : « C’est un monument, un repère, une perte immense pour notre peuple… »
« J’ai connu Ghjuvan’Teramu quand j’étais étudiant. C’était déjà un grand poète, on chantait ses chansons. C’est mon premier souvenir. Ensuite, quand j’étais instituteur, il était conseiller pédagogique pour la langue corse, il venait nous voir souvent. Inlassable militant de la langue, il parlait le corse, l’enseignait, le partageait, le faisait chanter, s’amusait avec… C’est l’homme du développement de la langue corse dans le système éducatif. Il poussait les enseignants à l’enseigner à l’école. Il a porté à bouts de bras la revendication linguistique. Il a travaillé à des méthodes d’enseignement… Il a marqué 50 ans de lutte pour la langue corse, il a œuvré jusqu’au bout : c’est l’artisan du centre d’immersion de Loretu… On a grandi avec lui ! On est tous les héritiers de cette passion et de cette manière de faire vivre la langue et de l’enseigner aux enfants. Il a sa place au panthéon de la croisade pour la langue corse. Il avait une telle passion que personne ne pouvait rester insensible. Pour nous, c’est la perte d’un immense repère !
C’est aussi un pilier de la chanson corse, un grand acteur du Riacquistu : il a écrit pour Canta, I Muvrini, I Chjami Aghjalesi, A Filetta, Feli… Tous les groupes culturels du Riacquistu ont été marqués par son empreinte. C’est un immense bonhomme ! C’est un monument ! C’est, pour moi, le plus grand poète corse contemporain, la plus belle plume, une écriture sublime… C’était un homme extrêmement sensible. Très peu de gens ont cette finesse, cette sensibilité… et cette puissance. Il avait le corse sur la pointe de la langue et sur la pointe de la plume. Des fois, il composait même la musique... U Muvrinu, Simu sbanditi dans l’album Libertà de Canta U Populu Corsu a marqué notre époque… Machja chanté par A Filetta, Simu di stu paese è ci vulemu campà, a fiaccula di a vita de Canta… Di i mei de Feli… c’est magnifique ! Et toutes les comptines pour les enfants… Il a tant semé... Il prenait tellement de plaisir à voir les jeunes générations prendre la relève dans la poésie et le chant. C’est une perte immense pour notre peuple ! Pour nous, Ghjuvan’Teramu fait partie des immortels. Il ne peut pas mourir ! Je lui dirais une phrase très simple d’I Chjami Aghjalesi : A tè, a Corsica regina ».

Gilles Simeoni : « C’est un exemple pour des générations de militants. Aujourd’hui, on se sent tous orphelins »
« C’est une grande tristesse, je pense d’abord aux siens... C’est un poète, un enseignant passionné, et un exemple pour des générations de militants culturels et politiques. C’est un grand pionnier dans la lutte contemporaine du peuple corse pour la reconnaissance de son identité, de son existence et de ses droits. C’est aussi un ami, un homme très attachant, un humaniste qui a épousé le combat de nos idées pendant près d’un demi-siècle. Il a écrit pour tous les groupes parmi les plus belles poésies, les plus belles chansons corses. Je pense à la chanson qu’il a écrite pour Feli « Emu bisognu di tè ». On a envie de le lui dire à lui. Aujourd’hui, on se sent tous orphelins ».
 
L’association Parlemu Corsu : « Ghjuvan Teramu Rocchi si n'hè andatu... Tamantu impegnu pà a lingua ch’era u soiu… Un pircursori in u insignamentu di u corsu Un pueta strasurdinariu Un militanti inèrgicu Un asempiu Tamanta pèrdita oramai… I to sforza ùn sarani stati fatti indarru… ».
 
Edmond Simeoni : « Il a fourni un travail considérable pour la rédemption linguistique »
« C’était un ami. Je suis très touché, très affecté par la disparition de Ghjuvan’Teramu. J’étais très lié avec lui, avec sa famille. Je le connaissais depuis des décennies. J’ai travaillé avec lui. J’ai souvent été chez lui à Loretu. Il a été l’un des contributeurs les plus importants à la renaissance, d’abord, puis à la reconnaissance de la langue corse. Il a fourni un travail considérable à telle enseigne que son village, Loretu, a été une balise allumée très tôt sur le chemin de la rédemption linguistique. C’était un homme très apprécié sur le plan humain, sur le plan de la générosité et de l’engagement total au service du peuple corse ».

Ligue des droits de l'homme, section Corse : « Ghjuvanteramu si n'hé andatu. Tristezza profondu. Un immense poète, un humaniste, un vrai militant des justes causes s'en est allé. La ligue des droits de l'homme salue la mémoire de l'homme et partage le deuil de sa famille. son engagement, sa parole mesurée, intelligente et lucide va manquer à la Corse ».
 
Pierre Poggioli : « Une grande perte pour la littérature et la langue corses »
 
Jean-Guy Talamoni : « U mo sonniu di corre da Monte Cintu à mare Cantendu a canzona di chì m'hà fattu fiume S'ellu ci hè un dumane di pace à mezu à e sciume Parlà ne inseme o Senna parlà ne fiume à fiume" RIP o Ghjuvan'Teramu, puntellu di u Riacquistu, di l'educazione è di a puesia di u nostru paese  ».
 
Josepha Giacometti : « Si n'hè andatu Ghjuvan'Teramu Rocchi Puntellu maiò di a nostra cultura,di a difesa di a nostra lingua.Autore di prima trinca ci hà lasciatu cusì trimendi scritti. Camperà sempre in bocc'à tanti zitelli è maiò,ellu chì li piacia tantu tramandà.Oghje,cume noi Cursichella hè trista ».
 
Jean-Christophe Angelini : « Si n'hè andatu Ghjuvan'Teramu Rocchi, pueta corsu di prima trinca è militante di a Lingua è di a Cultura. I so scritti, e so mosse, u so estru firmeranu pè u sempre indè l'anima culletiva. Riposa in pace, Amicu caru. Pienghjenu cù i toii a Casinca, a Corsica è i so figlioli ».
 
Paul-André Colombani : « Un pueta maiò di a noscia cultura si n’hè andatu : aghju avutu a dulosa nutizia di a perdita di Ghjuvan Teramu Rocchi ».
 
A Ghjuventu Nazuinalista : « Si n'hè andatu oghje à l'eternu u pueta Ghjuvan Teramu Rocchi, tercanu di a nostra lingua. A so anima è i so filari seranu per u sempre ind'è e nostre mente. A Ghjuventù Naziunalista manda e so parte à a so famiglia è à tutti quelli tocchi da stu dolu ».
 
Ghjuventù Paolina : « U pueta è militante culturale Ghjuvan'Teramu Rocchi si n'hè andatu, lasciendu daretu à eddu un'opara tamanta. U so impegnu par a lingua corsa ma dinò u so stintu hà marcatu qualchì generazione di corsi, da i più anziani à i ziteddi. Ch’ellu riposi in pace in u so paese di Loretu ».
 
Cunsulta di a Ghjuventù Corsa : « Avemu amparatu cù tristezza a disparizione di Ghjuvan Teramu Rocchi militante linguisticu di prima trinca, autore è pueta ma sopratuttu omu di gran’volore. E so opere è u so impegnu per a lingua corsa seranu sempre in la nostra memoria. Ch’ellu riposa in santa pace ».
 
I Kongoni : « Hè pertutu Ghjuvan Teramu Rocchi. Pueta è omu di stintu corsu, si porta cun ellu un mondu sanu ».


LDH Corsica
" Ghjuvanteramu si n'hè andatu. Tristezza profonda. Un immense poète, un humaniste, un vrai militant des justes causes s'en est allé. La ligue des droits de l'homme salue la mémoire de l'homme et partage le deuil de sa famille. Son engagement, sa parole mesurée, intelligente et lucide vont manquer à la Corse."