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Ghjuvan Filippu Antolini : « Le président Macron est en train de creuser un fossé entre la Corse et la France »


Nicole Mari le Samedi 6 Avril 2019 à 22:57

Nouvelle réaction des Nationalistes aux propos du président de la République, Emmanuel Macron, prononcés jeudi à Cuzzà concernant le devoir de repentance que les Corses doivent à la mémoire et à la famille du Préfet Erignac, qu’il semble avoir fixé comme préalable indispensable à toute dialogue et avancée politique. L’Indépendantiste Jean-Philippe Antolini, porte-parole de l’association Patriotti - Collectif d'anciens prisonniers nationalistes corses -, renvoie, en son nom personnel, la balle au chef de l’Etat.



Ghjuvan Filippu Antolini : « Le président Macron est en train de creuser un fossé entre la Corse et la France »
- En tant que militant indépendantiste, que vous inspire les propos d’Emmanuel Macron sur le devoir de repentance des Corses ?
- Le président de la République française a dit, si mes souvenirs sont exacts, que les Corses n’avaient pas exprimé de regrets par rapport à l’assassinat du préfet Erignac et aux souffrances de la famille Erignac. Je constate que le président de la République française n’a émis aucun regret par rapport à la souffrance de tous les militants nationalistes qui sont morts dans cette lutte de libération nationale, y compris les morts pour lesquelles l’Etat français a une part de responsabilité. Je constate que le président de la République française n’a émis aucun regret par rapport aux souffrances injustes infligées aux patriotes corses qui ont été injustement exilés après avoir été injustement incarcérés. Je constate enfin que le président de la République française n’a émis aucun regret sur les 250 dernières années de colonisation que la Corse a subie.
 
- Comment interprétez-vous ce préalable mémoriel qu’il semble avoir posé pour avancer ?
- L’attitude du président de la République française est une attitude extrêmement fermée et jacobine. Il est très clair aujourd’hui qu’il n’a absolument pas l’intention de faire évoluer le statut de la Corse dans le sens de l’évolution européenne. Il considère, vraisemblablement, que c’est encore normal que toutes les décisions importantes, notamment au niveau législatif, concernant la Corse, soient prises à Paris. Il considère que c’est normal que la langue corse soit enseignée comme une langue étrangère et ne soit pas reconnue officiellement sur sa propre terre. Il considère que c’est normal qu’une partie de notre littoral soit défiguré par des constructions anarchiques. Il considère qu’il est normal de continuer à emprisonner les patriotes corses après l’arrêt de la lutte armée. Le président de la République française est en train de creuser un fossé de plus en plus grand parce la Méditerranée ne suffisait pas entre la Corse et la France. Face à une attitude aussi fermée, les Corses comprendront bientôt qu’il n’y a qu’une seule issue possible, puisqu’il n’y a pas de dialogue possible, et que cette issue sera de déclarer l’indépendance.
 
Propos recueillis par Nicole MARI.