Aménager la piste d’accès à la plage de Saleccia et mettre en valeur le massif de l’Agriate tout en le protégeant est un projet porté depuis au moins dix ans, c’est dire si l’inauguration des travaux d’aménagement pour organiser l’accès du public à la plage à partir de la RD 81 était un rendez-vous très attendu, notamment par les élus locaux venus en nombre. Pourtant cette inauguration, initialement prévue en juin, intervient dans une temporalité particulière marquée, à la fois, par la mise en place par l’Exécutif corse de sa stratégie de préservation des sites sensibles naturels avec quotas et régulation des flux, et par l’incendie quatre jours auparavant de la guérite qui venait d’être installée à l’entrée de la piste de Saleccia pour justement réguler les flux terrestres, informer le public et percevoir une éco-redevance de stationnement de 6 euros par véhicule. L’une découlant de l’autre, le nouveau modèle vertueux de gestion et de sécurisation des sites et de lutte contre le sur-tourisme ne faisant visiblement pas que des heureux. C’est ce nouveau modèle « porteur d’un sens profond » que le président de l’Exécutif, Gilles Simeoni, entouré des représentants du Conservatoire du littoral, des agents de la Collectivité de Corse et des services de l’Etat, a confirmé par sa présence, vendredi matin, en réaffirmant avec force « son engagement inaltéré pour la préservation et la gestion maitrisées des espaces naturels, avec comme objectif premier, la défense de l’intérêt général ». Pour preuve, quatre jours plus tard, plus aucune trace de l’incendie : la guérite est déjà remplacée et opérationnelle, et les deux agents saisonniers de la commune de San Petru-di-Tenda sont à leur poste.
L'inauguration de l'aménagement de l'accès au piblic de la plage de Saleccia avec le président de l'Exécutif corse, Gilles Simeoni, entouré de la présidente du Conseil d’administration du Conservatoire du littoral, Agnès Langevine, du président de l'Office de l'environnement, Guy Armanet, du maire de la commune de San-Petru-di Tenda, Marc Tomi, et du sous-préfet de Calvi, Yoann Thoubans. Photo CNI.
Une volonté politique
Si sous les arbres au-dessus de la guérite, l’atmosphère rythmée par le chant incessant des cigales semble détendue, le fâcheux incident a marqué les esprits, comme le souligne d’emblée le président de l’Exécutif corse : « On pourrait croire que dans cette atmosphère virgilienne, tout n’est que paix, sérénité et tranquillité, mais les choses ne sont pas aussi simples et aussi faciles… L’intérêt général, le bien commun sont des notions universelles qui, en Corse, puisent à l’histoire. Certains, qui sont propriétaires privés, ont choisi de donner un bien privé pour l’affecter à l’usage général, d’autres font la démarche inverse. Partout en Corse, ils considèrent qu’u cumunu est à eux, et ils se l’approprient et c’est ce à quoi nous devons répondre aujourd’hui. C’est pourquoi notre présence est fondamentalement politique ». Et de préciser : « Elle l’est à Saleccia, à Bavellu dans l’Extrême-Sud, à Cavallu, dans les îles Lavezzi, dans la Restonica et sur le plateau du Cuscionu parce que nous avons à inventer ensemble un nouveau modèle qui permet de concilier protection, transmission, mise en valeur, développement économique, activité touristique, mais en rappelant toujours un certain nombre de fondamentaux. L’activité économique est légitime et créatrice de richesse, mais ne peut s’inscrire que dans un respect absolu des équilibres humains, environnementaux et dans le respect de la biodiversité. C’est ce que nous avons commencé à faire dans cette opération exemplaire sur terre comme sur mer ». Le ton est donné et sera emboité par le Conservatoire du littoral : « Nous sommes ensemble pour poursuivre cette opération emblématique qui permet de porter haut un certain nombre de valeurs sociales, culturelles, écologiques et environnementales sur lesquelles le conservatoire du littoral travaille avec les territoires », déclare Agnès Langevine, présidente du conseil d'administration. Elle estime que le projet est « cohérent » et « nécessaire » : « Il nous faut transformer, équiper avec une réflexion sur cet accès que l'on doit réguler ».
Si sous les arbres au-dessus de la guérite, l’atmosphère rythmée par le chant incessant des cigales semble détendue, le fâcheux incident a marqué les esprits, comme le souligne d’emblée le président de l’Exécutif corse : « On pourrait croire que dans cette atmosphère virgilienne, tout n’est que paix, sérénité et tranquillité, mais les choses ne sont pas aussi simples et aussi faciles… L’intérêt général, le bien commun sont des notions universelles qui, en Corse, puisent à l’histoire. Certains, qui sont propriétaires privés, ont choisi de donner un bien privé pour l’affecter à l’usage général, d’autres font la démarche inverse. Partout en Corse, ils considèrent qu’u cumunu est à eux, et ils se l’approprient et c’est ce à quoi nous devons répondre aujourd’hui. C’est pourquoi notre présence est fondamentalement politique ». Et de préciser : « Elle l’est à Saleccia, à Bavellu dans l’Extrême-Sud, à Cavallu, dans les îles Lavezzi, dans la Restonica et sur le plateau du Cuscionu parce que nous avons à inventer ensemble un nouveau modèle qui permet de concilier protection, transmission, mise en valeur, développement économique, activité touristique, mais en rappelant toujours un certain nombre de fondamentaux. L’activité économique est légitime et créatrice de richesse, mais ne peut s’inscrire que dans un respect absolu des équilibres humains, environnementaux et dans le respect de la biodiversité. C’est ce que nous avons commencé à faire dans cette opération exemplaire sur terre comme sur mer ». Le ton est donné et sera emboité par le Conservatoire du littoral : « Nous sommes ensemble pour poursuivre cette opération emblématique qui permet de porter haut un certain nombre de valeurs sociales, culturelles, écologiques et environnementales sur lesquelles le conservatoire du littoral travaille avec les territoires », déclare Agnès Langevine, présidente du conseil d'administration. Elle estime que le projet est « cohérent » et « nécessaire » : « Il nous faut transformer, équiper avec une réflexion sur cet accès que l'on doit réguler ».
Un projet partagé
Sur terre, les travaux, portés en co-maîtrise d’ouvrage par le Conservatoire du littoral et la commune de San Petru di Tenda, avec le soutien financier et opérationnel de la Collectivité de Corse, gestionnaire du site, sont quasiment achevés, comme s’en réjouit le maire de la commune : « Lorsque j’ai été élu en 2008, j’ai pris en marche un train qui avait débuté sa longue route en 2006, avec une large concertation locale. Le but était de construire un projet partagé pour la protection et la mise en valeur de l’Agriate. Cette concertation a été à la base de nos travaux tout au long des années qui nous ont menés jusqu’à aujourd’hui. Et elle est encore ouverte. Après avoir en 2020 donné un statut à une piste qui officiellement n’existait pas, nous avons pu nous concentrer sur nos objectifs », explique Marc Tomi. Le projet, dont le coût total s’élève à 3,22 millions d’euros, a été cofinancé par la Collectivité de Corse à hauteur de 1,7 million €, la commune, le Conservatoire du littoral avec le concours de France Relance et l’Etat ont versé un peu moins de 500 000 € chacun. Il a consisté d’abord à déplacer l’entrée de la piste de Saleccia dans un lieu sécurisé pour y aménager un point d’accueil et d’information du public où est encaissée la fameuse redevance qui permettra à la commune de couvrir les frais de gestion et d’accueil et d’assurer l’entretien de la piste, du sentier et des équipements de sécurité. La nouvelle entrée de piste se base sur le tracé d’un ancien sentier communal. La piste de 12 kms a été refaite de façon à faciliter son entretien régulier, des équipements de sécurité contre l’incendie ont été installés sur son parcours, notamment des zones de regroupement, des points d’eau et de la signalisation. Une nouvelle aire de stationnement de 120 places a été aménagée en arrière de la plage de Saleccia. Un nouveau sentier pédestre de 11 kms d’accès à la plage et une halte équestre sont en cours de réalisation. « Aujourd’hui, il reste à peaufiner des tronçons le long du sentier communal et sur une partie de la piste. Nous devons aussi installer des équipements de sécurité supplémentaires et réaliser l’aménagement de la halte équestre », indique Marc Tomi. « Cette opération est indissociable des efforts accomplis ces dernières années et reconduits cet été sur les plages de Saleccia et du Lotu, tant du côté terrestre que sur le domaine public maritime », ajoute-t-il.
Sur terre, les travaux, portés en co-maîtrise d’ouvrage par le Conservatoire du littoral et la commune de San Petru di Tenda, avec le soutien financier et opérationnel de la Collectivité de Corse, gestionnaire du site, sont quasiment achevés, comme s’en réjouit le maire de la commune : « Lorsque j’ai été élu en 2008, j’ai pris en marche un train qui avait débuté sa longue route en 2006, avec une large concertation locale. Le but était de construire un projet partagé pour la protection et la mise en valeur de l’Agriate. Cette concertation a été à la base de nos travaux tout au long des années qui nous ont menés jusqu’à aujourd’hui. Et elle est encore ouverte. Après avoir en 2020 donné un statut à une piste qui officiellement n’existait pas, nous avons pu nous concentrer sur nos objectifs », explique Marc Tomi. Le projet, dont le coût total s’élève à 3,22 millions d’euros, a été cofinancé par la Collectivité de Corse à hauteur de 1,7 million €, la commune, le Conservatoire du littoral avec le concours de France Relance et l’Etat ont versé un peu moins de 500 000 € chacun. Il a consisté d’abord à déplacer l’entrée de la piste de Saleccia dans un lieu sécurisé pour y aménager un point d’accueil et d’information du public où est encaissée la fameuse redevance qui permettra à la commune de couvrir les frais de gestion et d’accueil et d’assurer l’entretien de la piste, du sentier et des équipements de sécurité. La nouvelle entrée de piste se base sur le tracé d’un ancien sentier communal. La piste de 12 kms a été refaite de façon à faciliter son entretien régulier, des équipements de sécurité contre l’incendie ont été installés sur son parcours, notamment des zones de regroupement, des points d’eau et de la signalisation. Une nouvelle aire de stationnement de 120 places a été aménagée en arrière de la plage de Saleccia. Un nouveau sentier pédestre de 11 kms d’accès à la plage et une halte équestre sont en cours de réalisation. « Aujourd’hui, il reste à peaufiner des tronçons le long du sentier communal et sur une partie de la piste. Nous devons aussi installer des équipements de sécurité supplémentaires et réaliser l’aménagement de la halte équestre », indique Marc Tomi. « Cette opération est indissociable des efforts accomplis ces dernières années et reconduits cet été sur les plages de Saleccia et du Lotu, tant du côté terrestre que sur le domaine public maritime », ajoute-t-il.
La régulation maritime
Si le but de ce dispositif est à terme de réguler le flux terrestre, c’est-à-dire le nombre de véhicules en fonction de la capacité de stationnement avec la possibilité de fermer la piste quand le parking en arrière de la plage sera saturé, l’enjeu de la protection et de la gestion du littoral de l’Agriate, que ce soit la plage de Saleccia ou celle du Lodu, est avant tout maritime puisque le gros du flux arrive par mer. C’est le lourd et épineux chantier qui s’ouvre maintenant et que la Collectivité et l’Office de l’Environnement comptent bien prendre à bras le corps. L’idée est d’instaurer, dès la saison prochaine, des quotas sur le nombre de bateaux qui abordent ces plages, comme c’est déjà le cas dans les îles Lavezzi, et de mettre de l’ordre dans une activité de transports de touristes anarchique et parfois même illégale. Un quai de débarquement, un chenal pour les bateaux, et un espace sécurisé pour la baignade ont déjà été mis en place sur ces plages. Mais la discussion, qui devrait s’ouvrir avec les acteurs économiques, semble d’ores et déjà compliquée et houleuse. Une autre problématique porte sur la gestion du massif de l’Agriate, notamment le devenir du site de Ghignu, où se trouvent des gîtes en pleine nature gérés par la Collectivité de Corse, mais également l’accès au massif où là encore, l’enjeu de protection environnementale reste premier. La volonté de l’Exécutif corse est d’y développer un projet global basé sur l’agriculture, notamment l’élevage. L’inauguration de la piste de Saleccia ne s’avère en définitive qu’un point d’étape dans un chemin qui promet d’être long et fastidieux.
N.M.
Si le but de ce dispositif est à terme de réguler le flux terrestre, c’est-à-dire le nombre de véhicules en fonction de la capacité de stationnement avec la possibilité de fermer la piste quand le parking en arrière de la plage sera saturé, l’enjeu de la protection et de la gestion du littoral de l’Agriate, que ce soit la plage de Saleccia ou celle du Lodu, est avant tout maritime puisque le gros du flux arrive par mer. C’est le lourd et épineux chantier qui s’ouvre maintenant et que la Collectivité et l’Office de l’Environnement comptent bien prendre à bras le corps. L’idée est d’instaurer, dès la saison prochaine, des quotas sur le nombre de bateaux qui abordent ces plages, comme c’est déjà le cas dans les îles Lavezzi, et de mettre de l’ordre dans une activité de transports de touristes anarchique et parfois même illégale. Un quai de débarquement, un chenal pour les bateaux, et un espace sécurisé pour la baignade ont déjà été mis en place sur ces plages. Mais la discussion, qui devrait s’ouvrir avec les acteurs économiques, semble d’ores et déjà compliquée et houleuse. Une autre problématique porte sur la gestion du massif de l’Agriate, notamment le devenir du site de Ghignu, où se trouvent des gîtes en pleine nature gérés par la Collectivité de Corse, mais également l’accès au massif où là encore, l’enjeu de protection environnementale reste premier. La volonté de l’Exécutif corse est d’y développer un projet global basé sur l’agriculture, notamment l’élevage. L’inauguration de la piste de Saleccia ne s’avère en définitive qu’un point d’étape dans un chemin qui promet d’être long et fastidieux.
N.M.