- Durant l'audience solennelle, vous avez installé Olivier Valery et Laurent Andarelli, deux nouveaux juges pour remplacer une démission et l'assassinat de Jean-Christophe Mocchi en juin dernier. Le traumatisme est-il encore présent ?
- Cette installation fait effectivement suite à un décès tragique et une démission pour raisons professionnelles. Nous sommes des juges bénévoles et nous avons une activité professionnelle qui n'a pas permis à mon ancien juge de renouveler son mandat.
Concernant le traumatisme, il est, et sera toujours présent. C'est quelqu'un qui a officié au tribunal de commerce durant quatorze années. C'était une personne vraiment exceptionnelle, tolérante, désintéressée. Franchement, on peut dire de lui que c'était un homme bien. Il était président de chambre concernant les clôtures et il a malheureusement fallu le remplacer pour que l'institution continue de tourner. Mais c'est vraiment à contrecœur que ce remplacement a été effectué, d'autant plus qu'il était une pièce essentielle de notre institution.
- Comment se portent aujourd'hui les entreprises en Corse, à la sortie de l'année 2022 ?
- Une reprise économique s'est opérée durant le premier semestre 2022, notamment par un des piliers économiques de la Corse : le bâtiment. Cependant, cette reprise a été stoppée et modérée par la guerre en Ukraine. Elle paraît lointaine pour nous, ne concerne pas directement notre nation et nos institutions, mais ralentit les échanges, les livraisons, les matériaux, fait peser sur l'entreprise des surcoûts non négligeables comme ceux de l'énergie.
Nous sommes aussi dans le cadre du remboursement du PGE (Prêt Garanti par l'État) puisque les délais de prorogation ont été dépassés, donc les entreprises les remboursent. Pour le moment, les signaux semblent au vert : il n'y a pas de constatation de dégâts irrémédiables sur ce sujet fin 2022. Quid de 2023 ? Je n'en sais rien, mais on peut présumer que les procédures collectives - redressements voire liquidations pour être plus pessimiste - vont croître du fait de la réinsertion du contentieux de l'URSSAF - par exemple - et des institutionnels, qui en cette période de crise, ont su freiner les assignations et recouvrements de force.
- Par rapport à l'avant-crise en 2019, où en est-on aujourd'hui ? Reste-t-il des séquelles ?
- Il y a un traumatisme social et psychologique pour le chef d'entreprise, puisqu'il a dû parer à cette épidémie qui n'était pas envisageable en prévision des chiffres. Un chef d'entreprise réagit en prévision et ne peut le faire que d'un point de vue structurel. Au niveau conjoncturel et des crises exceptionnelles, il est impossible pour lui d'anticiper. Les séquelles seront là pendant pas mal de temps, mais sont sociales et psychologiques.
Les séquelles économiques, nous allons certainement en avoir la preuve cette année et courant deuxième semestre 2023, où l'on mesurera l'ampleur des dégâts qu'aura créé la crise. Aujourd'hui, nous sommes toujours dans cette période latente de sortie de crise. Au final, nous n'en sommes pas encore totalement sortis. Il y a encore des cas de covid qui empêchent les entreprises de travailler. Concernant les particularités de cette crise, ça se verra très vite au niveau de la trésorerie.
- Y'a-t-il pour vous des chiffres marquants qui ont un sens, une signification importante ?
- Non. Au niveau judiciaire, les chiffres marquants sont les injonctions de payer et les assignations. Sur ces deux points, nous sommes revenus au niveau de la période 2019, c'est-à-dire une navigation traditionnelle. Donc il n'y a pas eu de pic dans ces deux secteurs qui prouve éventuellement que les sociétés ont un problème au-delà de la normale.
En revanche, il faut modérer ces propos parce que les institutionnels n'ont pas encore envisagé les recouvrement forcés (assignations). C'est là que l'on verra si vraiment il y a des chiffres marquants selon notre mode de repérage des difficultés des entreprises. Mais je ne vous tiendrai peut-être pas le même discours en 2023. Là, nous affinerons les répercussions de la crise en termes économiques à partir de la fin d'année, puisque nous aurons toutes les statistiques.
- Les enjeux sont nombreux pour cette année qui démarre, comment envisagez-vous la suite ?
- Je parlerai en terme d'anticipation. Ce que je dis et martèle sans cesse, c'est que nous sommes un outil de gestion de crise. Les moyens que le législateur a donné à l'entreprise font partie du tribunal de commerce. Si le chef d'entreprise prend conscience qu'il risque d'avoir des difficultés à court ou moyen terme, le tribunal de commerce a les outils pour l'aider à passer ce cap.
En termes d'évolution, je ne sais pas. Tout dépendra de ce que le chef d'entreprise voudra faire de son entreprise et des problèmes qu'il a et rencontre. C'est ce qui donnera le tempo de cette évolution. Aujourd'hui, les signaux sont plus ou moins au vert, même si on enregistre une récession économique. Cette période 2023 sera cruciale, charnière dans le passage de l'époque Covid à une époque de fonctionnement normal de l'économie.
- Cette installation fait effectivement suite à un décès tragique et une démission pour raisons professionnelles. Nous sommes des juges bénévoles et nous avons une activité professionnelle qui n'a pas permis à mon ancien juge de renouveler son mandat.
Concernant le traumatisme, il est, et sera toujours présent. C'est quelqu'un qui a officié au tribunal de commerce durant quatorze années. C'était une personne vraiment exceptionnelle, tolérante, désintéressée. Franchement, on peut dire de lui que c'était un homme bien. Il était président de chambre concernant les clôtures et il a malheureusement fallu le remplacer pour que l'institution continue de tourner. Mais c'est vraiment à contrecœur que ce remplacement a été effectué, d'autant plus qu'il était une pièce essentielle de notre institution.
- Comment se portent aujourd'hui les entreprises en Corse, à la sortie de l'année 2022 ?
- Une reprise économique s'est opérée durant le premier semestre 2022, notamment par un des piliers économiques de la Corse : le bâtiment. Cependant, cette reprise a été stoppée et modérée par la guerre en Ukraine. Elle paraît lointaine pour nous, ne concerne pas directement notre nation et nos institutions, mais ralentit les échanges, les livraisons, les matériaux, fait peser sur l'entreprise des surcoûts non négligeables comme ceux de l'énergie.
Nous sommes aussi dans le cadre du remboursement du PGE (Prêt Garanti par l'État) puisque les délais de prorogation ont été dépassés, donc les entreprises les remboursent. Pour le moment, les signaux semblent au vert : il n'y a pas de constatation de dégâts irrémédiables sur ce sujet fin 2022. Quid de 2023 ? Je n'en sais rien, mais on peut présumer que les procédures collectives - redressements voire liquidations pour être plus pessimiste - vont croître du fait de la réinsertion du contentieux de l'URSSAF - par exemple - et des institutionnels, qui en cette période de crise, ont su freiner les assignations et recouvrements de force.
- Par rapport à l'avant-crise en 2019, où en est-on aujourd'hui ? Reste-t-il des séquelles ?
- Il y a un traumatisme social et psychologique pour le chef d'entreprise, puisqu'il a dû parer à cette épidémie qui n'était pas envisageable en prévision des chiffres. Un chef d'entreprise réagit en prévision et ne peut le faire que d'un point de vue structurel. Au niveau conjoncturel et des crises exceptionnelles, il est impossible pour lui d'anticiper. Les séquelles seront là pendant pas mal de temps, mais sont sociales et psychologiques.
Les séquelles économiques, nous allons certainement en avoir la preuve cette année et courant deuxième semestre 2023, où l'on mesurera l'ampleur des dégâts qu'aura créé la crise. Aujourd'hui, nous sommes toujours dans cette période latente de sortie de crise. Au final, nous n'en sommes pas encore totalement sortis. Il y a encore des cas de covid qui empêchent les entreprises de travailler. Concernant les particularités de cette crise, ça se verra très vite au niveau de la trésorerie.
- Y'a-t-il pour vous des chiffres marquants qui ont un sens, une signification importante ?
- Non. Au niveau judiciaire, les chiffres marquants sont les injonctions de payer et les assignations. Sur ces deux points, nous sommes revenus au niveau de la période 2019, c'est-à-dire une navigation traditionnelle. Donc il n'y a pas eu de pic dans ces deux secteurs qui prouve éventuellement que les sociétés ont un problème au-delà de la normale.
En revanche, il faut modérer ces propos parce que les institutionnels n'ont pas encore envisagé les recouvrement forcés (assignations). C'est là que l'on verra si vraiment il y a des chiffres marquants selon notre mode de repérage des difficultés des entreprises. Mais je ne vous tiendrai peut-être pas le même discours en 2023. Là, nous affinerons les répercussions de la crise en termes économiques à partir de la fin d'année, puisque nous aurons toutes les statistiques.
- Les enjeux sont nombreux pour cette année qui démarre, comment envisagez-vous la suite ?
- Je parlerai en terme d'anticipation. Ce que je dis et martèle sans cesse, c'est que nous sommes un outil de gestion de crise. Les moyens que le législateur a donné à l'entreprise font partie du tribunal de commerce. Si le chef d'entreprise prend conscience qu'il risque d'avoir des difficultés à court ou moyen terme, le tribunal de commerce a les outils pour l'aider à passer ce cap.
En termes d'évolution, je ne sais pas. Tout dépendra de ce que le chef d'entreprise voudra faire de son entreprise et des problèmes qu'il a et rencontre. C'est ce qui donnera le tempo de cette évolution. Aujourd'hui, les signaux sont plus ou moins au vert, même si on enregistre une récession économique. Cette période 2023 sera cruciale, charnière dans le passage de l'époque Covid à une époque de fonctionnement normal de l'économie.