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François-Xavier Ceccoli souhaite "incarner une droite sociale"


Pierre-Manuel Pescetti le Vendredi 17 Juin 2022 à 18:47

Candidat de droiten parti sans étiquette dans ces élections législatives, François-Xavier Ceccoli compte bien ravir la place de député de la seconde circonscription de Haute-Corse à Jean-Félix Acquaviva. Seules1 403 voix séparaient les deux candidats au premier tour. Le second sera serré. Pour l'emporter, François-Xavier Ceccoli veut incarner l'alternative à la politique menée par les nationalistes ces cinq dernières années et le renouveau d'une droite insulaire plus sociale. Dans un entretien à CNI, il dévoile sa stratégie pour le second tour et ses ambitions s'il est élu.



François-Xavier Ceccoli
François-Xavier Ceccoli
 - François-Xavier Ceccoli, les électeurs de la seconde circonscription de Haute-Corse vous retrouvent au second tour des élections législatives grâce à un score de 29,06 %, à 1 403 voix du député sortant Jean-Félix Acquaviva. La proximité entre les deux scores a-t-elle été une surprise pour vous ?
  - Non pas du tout. Pendant la campagne, nous avions vu que notre discours touchait les gens. Surtout celui concernant la pensée unique et la manière de faire de la politique comme le font les nationalistes avec la Collectivité Territoriale de Corse et le comité de massif. Cela déplaît aux Corses et nous l’avons ressenti pendant nos échanges sur le terrain. Je pense aussi que notre discours sur le volet social et le pouvoir d’achat fait écho chez les électeurs qui sont préoccupés au quotidien par ces points-là.
 

 - Un fort taux d’abstention de 51,81 % était également au rendez-vous de ce premier tour dans votre circonscription. Autant de voix potentielles à aller chercher pour le second tour. Comment comptez-vous convaincre les abstentionnistes ?
- Tout d’abord en restant sur la même ligne. Nous allons continuer à expliquer aux gens que pas grand-chose n’a changé en cinq ans. Il est temps d’avoir un autre député pour qu’enfin, ça bouge et que les choses changent. Puis nous voulons nous adresser à tout le monde : les électeurs qu’ils soient de gauche, de droite, ou encore des nationalistes déçus par l’actuelle majorité territoriale et le député en poste.
 

- Quelle sera votre priorité si vous êtes élu, le premier dossier sur lequel vous aller vous pencher ?
- Au-delà de l’enjeu national, ma priorité sera d’œuvrer pour que les Corses aillent mieux, qu’ils vivent mieux. C’est d’autant plus important sur le territoire de ma circonscription, qui est majoritairement rural, avec une population âgée où la pauvreté bat des records. J’œuvrerai pour améliorer leur quotidien en travaillant sur le volet social en y incluant le pouvoir d’achat et la santé.

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 - Pouvoir d’achat, santé ou encore accès à la propriété. Vous avez, et vous évoquez encore des thèmes qui sont pourtant fortement ancrés à gauche …
- Comme l’a dit Valéry Giscard D’Estaing à François Mitterrand en 1974 : « Vous n’avez pas le monopole du cœur ». Et ce monopole, personne ne l’a. Dans un territoire en tension comme celui de la deuxième circonscription de Haute-Corse, si on ne s’occupe pas du volet social, nous allons vivre des jours difficiles. Il faut œuvrer pour un développement harmonieux, répondant à la notion d’équilibre avec une vraie politique sociale. Certes je suis de droite, mais d’une droite sociale.
 


- Pour ces élections législatives vous vous êtes présenté sans étiquette. Cependant, vous restez président de la Fédération Les Républicains de Haute-Corse. Si vous êtes élu, où allez-vous siéger au Palais Bourbon ? Avec Les Républicains ou avec le groupe Horizons et la majorité présidentielle ?
- Première chose, j’exclus totalement de siéger avec la majorité présidentielle. Je dois cette clarté aux électeurs. Je n’ai pas soutenu Emmanuel Macron lors de la précédente élection présidentielle, je ne le ferai pas pendant ces législatives et encore moins après. Je serai bien dans l’opposition.
 
Quant à Les Républicains, j’attends de voir quelle sera la ligne directrice du parti après les législatives. Je souhaite incarner une droite sociale et si Les Républicains s’éloignent trop de cette idée de la droite, je ne siégerai pas avec eux.
 

 - Pourriez-vous quitter Les Républicains ?
- Même si je resterai à droite, c’est une possibilité.
 
 
- Vous dites que la droite est de retour et que les partis traditionnels qu’on pensait « moribonds » sont toujours là. Pourtant, si on cumule le score des deux candidats de droite dans votre circonscription en 2017, Jean-Martin Mondoloni et Stéphanie Grimaldi, vous êtes 400 voix en dessous…
- Je pense que les gens, en majorité, n’ont pas voté en fonction des logiques de partis. Je ne me hasarderai pas à faire une simple analyse droite-gauche sur cette élection mais plutôt à me baser sur les observations faites par les électeurs. Je pense qu’ils ont considéré que j’étais l’alternative qu’il faut. Ce qui est sûr, c’est que Jean-Félix Acquaviva avait dit que l’opposition des partis traditionnels avait disparu de Corse. C’est bien la preuve du contraire.
 
 
- N’y-a-t-il pas pour vous un double enjeu dans ce second tour ? Celui de revenir au centre du jeu politique insulaire et de peser sur les discussions sur l’autonomie qui vont s’engager avec le gouvernement ?
- Bien évidemment ! L’important en démocratie est que l’alternative existe. Aujourd’hui, la majorité territoriale nationaliste est omnipotente. Elle détient le conseil exécutif, la présidence de l’Assemblée de Corse, trois députés sur quatre, un sénateur sur deux. Il faut que d’autres voix puissent exprimer des façons de penser différentes.
 
 
- En Casinca, vous sortez largement en tête à Venzolasca avec 84,6 % des voix. Vous êtes également vainqueur à Vescovato et à Penta-di-Casinca, trois communes historiquement à gauche et qui ont soutenu le nationaliste Jean-Christophe Angelini aux élections territoriales de 2021. Comment expliquer ce revirement ?

- Je ne crois pas qu’il faille parler de revirement. Je pense que l’absence de candidats à gauche, et ce n’est pas bon en démocratie, les a rendus orphelins. Les électeurs ont voulu se rapprocher du programme qui leur ressemble le plus. Mais je pense aussi à Corte et à d’autres communes où il n’y a pas que les voix de droite qui se sont reportées sur ma candidature.
 
 
- Ne pensez-vous pas avoir bénéficié de la guerre entre les nationalistes et d’avoir récupéré les voix dissidentes et les soutiens de Jean-Christophe Angelini ?

- En tout cas je n’ai pas eu de discussion avec Jean-Christophe Angelini. Je reste dubitatif sur cela car quand on regarde la Balagne et certaines communes du Centre Corse, beaucoup d’électeurs ont choisi Lionel Mortini. S’il y avait vraiment eu des consignes, cela aurait basculé autrement. Je pense tout simplement que la gauche républicaine a voté en ma faveur, là où la gauche régionaliste a fait le choix de Lionel Mortini.
 
 

- Lionel Mortini comptabilise justement 5 736 voix au premier tour. Un réservoir important pour faire pencher l’élection. Comptez-vous récupérer ses voix ?
 - De mon avis personne n’est propriétaire des voix. Je ne sais pas s’il donnera des consignes de vote aux électeurs qui l’ont choisi au premier tour. Mais je compte bien parler à tous les électeurs, y compris à ceux de Lionel Mortini.
 
 
- En quatrième position, Jean Cardi et le Rassemblement National totalisent également plus de 10 % des votes exprimés sur la circonscription. Comment comptez-vous les convaincre de vous rejoindre ?

 - Très simplement. Même si je représente une offre plus sociale, je suis attaché aux valeurs de la droite. Celles de la sécurité, du régalien. Je pense avoir un programme à même de séduire aussi ces électeurs.