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François Alfonsi aux européennes : "Le message des écologistes fait écho aux priorités de la majorité nationaliste"


C.-V. M le Dimanche 19 Mai 2019 à 17:41

François Alfonsi (Femu a Corsica) en neuvième position sur liste Europe Ecologie Les verts est le seul corse susceptible de siéger au prochain Parlement européen. A huit jours de la consultation François Alfonsi, qui sollicitera pour la circonstance un second mandat, s'exprime sur CNI. Pour lui une seule question se pose aux électeurs nationalistes : la majorité à l’Assemblée de Corse, qui compte aussi trois députés, sortira-t-elle oui ou non renforcée si un député européen nationaliste est élu dimanche prochain ? Pour lui la réponse ne fait aucun doute...



Yannick Jadot et François Alfonsi
Yannick Jadot et François Alfonsi
- Comment en est-on arrivé à votre candidature en 9ème position sur la liste Europe Ecologie conduite par Yannick Jadot ?
- C’est le produit d’une négociation entre les écologistes et la Fédération Régions et Peuples Solidaires qui regroupe l’ensemble des partis politiques autonomistes et régionalistes dans l’Hexagone. L’UPC a participé à sa fondation il y a 25 ans, en 1994, à l’issue du mandat de Max Simeoni, et, depuis, RPS a mené une action politique constante qui en fait désormais un acteur reconnu de la vie politique en France. C’est dans ce cadre que j’ai exercé un premier mandat, et les négociations reprises pour cette élection de 2019 a débouché sur un accord qui a attribué la neuvième place à RPS, et cinq autres places sur la liste.
Ensuite, RPS a débattu de ses candidats. A Bayonne, en août dernier, la Fédération a souhaité qu’un candidat corse conduise son contingent de candidats sur la liste. PNC et Inseme pè a Corsica étaient en train de constituer ensemble Femu a Corsica. Le retrait ultérieur du PNC de cette construction a compliqué la procédure puisque Femu a Corsica m’a désigné, tandis que le « PNC maintenu » a désigné Roccu Garoby. C’est donc le Conseil Fédéral de RPS qui a tranché in fine en préférant ma candidature. Depuis je fais campagne aussi bien en Corse que dans tous les territoires de la Fédération, en Bretagne, en Alsace, en Savoie, en Occitanie, en Moselle, en Catalogne et au Pays Basque.
 
- Cette candidature est contestée par le PNC et Corsica Lìbera qui appellent l’un et l’autre à l’abstention ?
- C’est très paradoxal pour le PNC qui est membre de la Fédération RPS qui m’a investi et qui avait souhaité porter lui-même une candidature. L’attitude de sa direction est en fait le refus d’un choix majoritaire qui s’est pourtant déroulé dans des conditions irréprochables.
Pour Corsica Lìbera c’est différent dans la mesure où il n’a pas été associé à cette négociation avec les Verts et RPS. Ses dirigeants estiment ne rien avoir à faire dans une « élection française ». Dont acte, mais je constate qu’il y a dix ans ils avaient soutenu la liste d’Olivier Besancenot où figurait Alain Mosconi.
En fait une seule question se pose aux électeurs nationalistes : notre majorité à l’Assemblée de Corse, qui compte aussi trois députés, sortira-t-elle oui ou non renforcée si un député européen nationaliste est élu dimanche prochain ? Comme la réponse est évidemment oui, je ne doute pas que l’écrasante majorité de nos électeurs soutiendra la démarche.
 
- Comment votre élection pourra-t-elle favoriser la Corse ?
- L’expérience que j’ai d’un premier mandat m’a montré, sur de nombreux sujets, qu’il était capital d’être présent à Bruxelles au moment où s’élaborent les textes des directives qui seront ensuite appliquées dans toute l’Europe. En fait la Corse concentre les spécificités, insularité, population faible, relief montagneux, etc…, et ces spécificités ont besoin d’être défendues si l’on veut qu’elles soient prises en compte en temps et heure. Une fois les textes adoptés c’est trop tard ! Or un député européen a la possibilité en posant des amendements, de mener du « lobbying », ou, tout simplement en assistant aux travaux préparatoires, de faire valoir les intérêts de la Corse.
Toutes les régions françaises, qui sont bien plus peuplées que la Corse, peuvent s’appuyer sur des députés européens siégeant dans les différents groupes. Pour la Corse, ce sera moi, ou personne. Les Corses comprennent que c’est bien sûr important que je puisse siéger demain à Bruxelles et Strasbourg.
 
- Comment appréhenderez-vous ce nouveau mandat si vous êtes élu ?
- Je m’attends à des conditions plus favorables pour ce second mandat. D’abord l’expérience que j’ai acquise est précieuse car la « machinerie » institutionnelle du Parlement Européen, et de l’Union Européenne en général, est complexe et demande un temps d’adaptation dont je n’aurai pas besoin cette fois. D’autre part, en tant que président du Conseil exécutif, Gilles Simeoni, qui soutient pleinement ma candidature, a montré une implication beaucoup plus forte que ses prédécesseurs sur le terrain européen. Il est Président de la Commission des Îles de la CRPM, et Nanette Maupertuis, en charge des Affaires Européennes au sein de l’Exécutif, siège au Comité des Régions à Bruxelles. Tout cela forme un investissement collectif dont je pense qu’il sera efficace et donnera à ce mandat une plus-value par rapport au précédent.
J’y ajoute que la collaboration avec les trois députés corses au Parlement à Paris, et avec leur groupe Liberté et Territoires, apportera aussi une dimension  nouvelle très intéressante.
 
- La liste conduite par Yannick Jadot pourra-t-elle percer dans le contexte de la polarisation du scrutin entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen ?
- L’élection européenne a été mise en France sous la pression d’une volonté de bipolarisation par Emmanuel Macron qui chaperonne la liste de Nathalie Loiseau, et par Marine Le Pen qui cornaque un jeune inconnu. Aux électeurs de rejeter cette fausse alternative, en lui préférant le ni-ni : ni Macron, ni Le Pen !
En fait, voter Macron, c’est aider Le Pen, et voter Le Pen c’est légitimer Macron ! L’un et l’autre s’alimentent et leur duo infernal enferme la politique dans une voie sans issue.
L’élection européenne du 26 mai peut donner le signal que cette ère est révolue.
Des forces se font entendre, notamment les écologistes, qui, à l’égard de la Corse, prônent un véritable dialogue. Le message de Yannick Jadot, tête de liste des écologistes aux élections européennes, a fait écho à toutes les priorités de la majorité nationaliste qui préside les institutions de la Corse. En nous accordant une place éligible pour l’élection d’un député européen, ils ont joint le geste à la parole.
Les écologistes ont réussi à s’extraire du « magma » de forces politiques qui sont très éclatées et leur place dans les sondages laisse de bons espoirs d’un score qui permettra mon élection.
Il faudra bien sûr les soutenir le 26 mai prochain.