On dit souvent que les goûts et les couleurs ne se discutent pas, pour signifier que chacun fait comme il veut. Pourtant, lorsque nos enfants choisissent d’aller à l’encontre de nos codes installés c’est tout à coup une autre paire de manches…
Oui, chers amis les goûts et les couleurs ça se discute, ça fait même tourner le monde.
Explications :
J’étais la semaine dernière dans l’un de ces magasins immenses qu’on appelle des supermarchés, qui regorgent de rayons interminables me faisant perdre un temps incroyable, à me questionner si je préfère sentir la vanille poivrée ou le pivoine dorée. Perdue dans l’une de ces antres, en train justement de sentir les effluves chimiques de mon prochain gel douche, j’ai surpris la conversation entre une mère et son fils.
« Aiò, tu vas prendre ça Lisandru ! ». Curieuse, je détourne le regard vers ce fameux produit que Lisandru ne pourrait pas utiliser, avant d’entendre : « Pour ta sœur oui, mais toi… ».
Il s’agissait d’un savon à l’effigie de la fameuse, Reine des neiges, celle qui suscite les haines et les passions de millions d parents, celle qui finit sans prince, celle que même les petits garçons aiment…
Un petit garçon qui aime le rose, la Reine des neiges ou les activités ménagères ça dérange. Ca dérange parce que l’enfant, fille ou garçon qui ne rentre pas dans les codes genrés, est très vite montré comme différent voire taxé d’homosexualité (surtout les garçons, soyons francs, on a rarement entendu qu’une petite fille déguisée en cowboy mettait en péril sa lignée).
Vivre ses goûts et ses couleurs est encore plus compliqué à l’école du village où les camarades se moquent du petit garçon qui adore la Elsa, bien qu'ils sine nombreux à adorer ce dessin animé, une fois les regards détournés.
Non, la vie au village n’est pas simple quand on est catégorisé à part. Certes, les enfants à l’école ne font pas de cadeaux mais il y aura aussi souvent un ancien pour signifier qu’un petit qui ne s’intéresse pas à la chasse aura « les réflexes inversés à l’adolescence ».
Mon ami Léo, 35 ans, me parle souvent de son enfance difficile dans le Nebbiu, avec son père et ses amis, car le sanglier n’était pas son fort. Les animaux il aimait les observer, les imiter mais certainement pas les tuer. Alors il se forçait de temps en temps pour être, lui aussi, un homme.
Le pire dans tout cela, est-ce le fait qu’on attribue une sexualité à un enfant de 5 ans, qu’on lui reproche son orientation avant même qu’il ait fait son choix ou qu’on stigmatise une minorité ?
Si Lisandru a voulu le savon de la Reine des Neiges, rien n’indique qu’il sera gay plus tard. Elsa, c’est juste la tendance depuis 2014 pour les disneylanders. En revanche, il existe bel et bien des situations complexes où des jeunes découvrent leur sexualité, parfois bi, parfois homo, parfois trans, et ils vivent tous les jours avec, en habitant au village.
Bianca
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