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Fin de vie en Corse - Questions à Julie Ortusi, psychologue clinicienne en soins palliatifs


Livia Santana le Dimanche 18 Septembre 2022 à 20:42

Julie Ortusi, est psychologue clinicienne auprès des patients en soins palliatifs. Elle s'exprime sur son rôle auprès des personnes qu'elle accompagne



Julie Ortusi, psychologue clinicienne
Julie Ortusi, psychologue clinicienne
- Que pensez-vous du débat sur la fin de vie, de la possible légalisation du suicide assisté ? 
- Je pense que cela pose question. Imposer cela au corps médical, s’en remettre à lui est un débat complexe. Il faut qu’il y ait un véritable encadrement législatif car derrière la question du suicide assisté médicalement, il y a une réelle question éthique, philosophique et sociétal sur la mort. A partir de quand peut-on estimer que la souffrance est acceptable ou non ? Tout cela doit être discuté de façon rigoureuse pour pouvoir être tranché.


- Un patient a-t-il déjà exprimé le souhait de partir ?  
-Je n’ai pas le souvenir de patient qui m’ait clairement signifié son désir de mourir. En revanche beaucoup exprime une certaine lassitude, des interrogations sur le sens de la maladie, des angoisses quant à leur avenir ou le devenir de leurs proches. Sur le plan physique, s’il n’y a pas de manifestations douloureuses ou si celles-ci sont soulagées par des antalgiques, les patients restent attachés à tout ce qui les relie à la vie, notamment à travers les relations familiales ou tout autre interaction, dans la relation aux soignants notamment.

- En quoi consiste votre rôle auprès des patients en fin de vie ?  
-Il s’agit d’établir une relation de confiance, qui se construit patiemment. Selon son histoire, chacun est traversé par des éprouvés différents. Régulièrement, le patient nous fait vivre sa propre impuissance par rapport à l’expérience de la maladie et la perspective de sa propre mort. Il s’agit de recevoir ses angoisses ou questionnements, faciliter la communication avec la famille - ou chacun cherche à préserver l’autre - , se préparer et préparer l’entourage à la séparation ultime. Souvent, être présent et pleinement disponible à ce que l’autre peut nous livrer, suffit à apaiser. Outre le travail d’écoute, le regard, le choix des mots ou des silences, assurent à l’autre une forme de sécurité et le consolide dans son humanité, malgré un corps atteint. En tant que psychologue, je vis des moments privilégiés avec chacun de ces patients qui nous offre lors des parcelles de vie d’une forte intensité.