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Femu a Corsica se met en ordre de marche pour les municipales


Nicole Mari le Dimanche 19 Octobre 2025 à 20:10

A moins de cinq mois des élections municipales, Femu a Corsica a, dimanche matin, à Lavatoghju en Balagne, lors d’un cunsigliu naziunale, fixé le cap politique pour les prochains scrutins, les enjeux, la stratégie et la charte municipale qu’il entend proposer à ses propres candidats et à ses alliés. Pas d’annonce de candidatures, mais une Déclaration politique qui pose le socle que le parti majoritaire proposera à ses partenaires potentiels dans un appel aux nationalistes et aux progressistes pour une large plateforme autour de projets municipaux. Explications pour Corse Net Infos de Francois Martinetti, Secrétaire national de Femu a Corsica.



Cunsigliu naziunale de Femu a Corsica, dimanche matin, à Lavatoghju en Balagne.
Cunsigliu naziunale de Femu a Corsica, dimanche matin, à Lavatoghju en Balagne.
- A cinq mois des municipales, quel était l’enjeu de ce cunsigliu à Lavatoghju ?
- Aujourd’hui, c’était un cunsigliu nazuinale de rentrée politique de Femu a Corsica qui a rassemblé une centaine de militants du mouvement, représentant chacun une partie du territoire de Corse. C’est un moment assez classique de la démocratie de Femu avec la participation de Gilles Simeoni, le président du Conseil exécutif, Nanette Maupertuis, la présidente de l’assemblée, Romain Colonna, le président du groupe Fa Populu Inseme, et des élus territoriaux. Il y avait trois points à l’ordre du jour. Nous avons fait un premier point assez rapide sur la situation politique globale pour réaffirmer le cap de l’autonomie et débattre des déclarations de Mr Lecornu sur le maintien du processus d’autonomie. Mais, effectivement, l’enjeu principal de ce cunsigliu était avant tout de parler des municipales.
 
- Comment le parti se positionne-t-il sur ce scrutin ?
- Ce scrutin de proximité par excellence est une échéance stratégique, a fortiori dans le contexte actuel. On est parti du particulier, on était à Lavatoghju dans un territoire de la Balagne qui est très touchée par la spéculation foncière et immobilière. On y est allé à dessein chez un maire ami, François Croce, pour voir comment les maires au quotidien combattent la spéculation. On a pu prendre des exemples sur Lavatoghju, Muncale, Montegrossu où les maires, à droit constant, accompagnés par la Collectivité de Corse, luttent contre cette spéculation pour permettre aux Corses de se loger chez eux. C’était important de partir de ces expériences communales pour aller sur le général, c’est-à-dire la formalisation d’une Déclaration politique et solennelle de Femu a Corsica. On pourrait aussi la surnommer : « une charte » dans laquelle on a développé trois axes qui seront adressés aux Corses et, de manière plus précise, à nos partenaires.
 
- Quels sont les axes de cette Déclaration politique ?
- L’axe 1 concerne la nécessaire convergence avec les nationalistes prioritairement, mais aussi avec les forces de progrès et de gauche pour créer des démarches respirantes et exigeantes avec des partenaires, qui, bien sûr, partagent nos valeurs, nos principes et le soutien au processus d’autonomie. Des partenaires à trouver et des démarches qui ne seront pas nécessairement 100% Femu a Corsica - on l’assume très clairement -, mais où Femu a Corsica assumera un rôle de force motrice. L’axe 2 est la déclinaison très opérationnelle de nos fondamentaux à l’échelle communale. J’ai parlé du foncier et de la terre. On va s’engager dans des démarches qui vont promouvoir une maîtrise du foncier et permettre aux jeunes Corses d’accéder à la propriété par des programmes d’aide de la Collectivité de Corse. Évidemment, la langue pour construire nos villes et nos villages de demain avec des maires qui s’engageront avec Femu a Corsica pour des écoles a minima bilingues et a maxima immersives. L’immersif est, pour nous, la meilleure solution pour faire peuple. Egalement un urbanisme maîtrisé avec la valorisation du modèle « village » ou du modèle « quartier ». Aussi la gestion des ressources au sens large : l’eau, la forêt… Tout est écrit dans cette charte. Ce n’est pas une obligation pour nos partenaires, mais une proposition de travail. L’axe 3 est l’adaptation aux situations locales. Chaque commune, chaque territoire a ses propres dynamiques, ses propres incarnations avec des personnes venant parfois de la société civile, parfois du monde de l’entreprise, parfois du monde politique. On s’adaptera à chacune de ces situations locales pour créer, je le répète, des plateformes avec des démarches nationalistes et d’ouverture sur un projet commun. C’est le plus important, parce qu’on voit aujourd’hui des attelages hétéroclites pour le simple fait de faire perdre des candidats nationalistes. Nous disons : construisons ensemble autour de démarches, de valeurs et de cette déclaration politique qui est aujourd’hui sur la table des négociations avec nos futurs partenaires.

- Concrétement, lancez-vous un appel à l’union à Core in Fronte et à Nazione ?
- Nous lançons un appel aux nationalistes au sens large, c’est-à-dire aux structures existantes, mais aussi aux militants non encartés, qui combattent au quotidien dans leur commune, et aux forces de progrès. C’est essentiel, à la fois, de suivre notre fil historique – c’est naturel d’aller discuter avec notre famille politique -, et, comme on le dit avec constance depuis 2014, d’ouvrir. La Corse, ce n’est pas seulement les nationalistes, ce sont aussi des gens de droite, de gauche ou sans étiquette avec qui on peut construire, comme sur l’exemple bastiais de 2014 : une démarche qui a tenu, qui va continuer et qui a marché. C’est ce principe-là que l’on propose aux forces politiques au sens large du terme.
 
- Avez-vous déjà choisi vos candidats, notamment sur les deux grandes villes, Bastia et Aiacciu ?
- Non ! Aujourd’hui, c’est le point de départ du projet politique de Femu a Corsica pour les municipales. La question des incarnations et de renouvellement des listes interviendra en temps et en heure. On discute en ce moment en interne à Femu a Corsica et avec nos partenaires à Bastia. L’objectif est de réussir pour les Bastiais et pour les Corses au sens large. C’est aux forces sur place de Femu de constituer des démarches, que ce soit sur Bastia, sur Aiacciu ou ailleurs. Nous avons présenté un socle, une proposition à nos potentiels partenaires, à eux de prendre la balle au bond pour avancer rapidement vers des candidatures, parce que le temps presse.
 
- Sur Bastia, Gilles Simeoni a annoncé qu’il serait présent dans la campagne. Sera-t-il tête de liste comme le laisse entendre la rumeur ?
- Des discussions sont en cours à Bastia pour chercher la meilleure formule pour permettre aux Bastiais et à la démarche de 2014 de continuer. Cette démarche doit être consolidée et, on le pense à Femu a Corsica, élargie. Il faut trouver évidemment le candidat qui réussit à la consolider et à l’élargir. C’est en débat. On essaye de trouver la meilleure formule sur Bastia et sur d’autres communes. C’est notre boussole. Après, on prendra la meilleure décision possible. Rien n’est encore finalisé.
 
- Jean-Christophe Angelini soutient la démarche d’une liste d’opposition à Bastia. Allez-vous présenter une liste d’opposition à Portivechju ?
- Plusieurs projets s’affrontent dans cette campagne : celui de l’Extrême-droite qui a constitué un front uni, et un projet hétéroclite mélangeant des forces conservatrices et des nationalistes, en particulier sur Bastia. Pour notre part, nous sommes prêts à travailler notre projet partout en Corse avec toutes les forces que j’ai évoquées précédemment. Là où nous pourrons constituer des démarches autour d’un projet clair et des fondamentaux du nationalisme corse, nous serons présents. Nous serons sur le terrain de manière large et nous annoncerons rapidement notre présence sur Portivechju et ailleurs.
 
- Y aura-t-il ou non une union nationaliste sur Aiacciu ?
- Aujourd’hui, je ne peux rien vous confirmer. Ce qui est sûr, c’est qu’on travaille assez largement avec des nationalistes encartés dans des partis, avec des nationalistes non encartés pour constituer la meilleure démarche sur Aiacciu. En tout cas, à Femu a Corsica, on met toute notre énergie là-dedans. Je pense que ça aboutira autour d’une candidature commune et d’un socle sur lequel on espère que tout le monde se retrouvera. Nous sommes confiants pour constituer une démarche sur Aiacciu.
 
- La déferlante RN a bousculé la donne des dernières législatives dans l’île. La craigniez-vous pour les municipales ?
- Bien évidemment, nous prenons en compte la nouvelle donne politique qui est apparue aux Européennes et aux dernières législatives après la dissolution parce que si on ne la prend pas en compte, on va vers une disparition de l’idéal nationaliste corse que l’on porte depuis 60 ans. C’est pour ça que nous sommes déterminés à réussir, que nous continuons à travailler et à réaffirmer nos principes fondamentaux pour ne pas que les Corses soient trompés. On veut construire une Corse émancipée, une Corse qui travaille, une Corse qui crée des Corses autour d’une langue et d’une culture. C’est notre vision des choses. On ne se reniera pas. Nous sommes des nationalistes corses, et nous ne sommes pas là pour servir les intérêts du nationalisme français.
 
- Quand comptez-vous désigner les candidats ?
- Il faut d’abord avancer sur les incarnations, les démarches et la constitution de ces démarches. Je ne peux pas vous donner de délai précis, mais dans les semaines à venir, il y aura des présentations de démarches dans des villes et des villages dans lesquels nous sommes impliqués.
 
Propos recueillis par Nicole MARI.