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Engie : Le marathon de la CGT pour maintenir le gaz à Bastia


Philippe Jammes le Mardi 19 Janvier 2021 à 17:04

A l’initiative de la CGT d’Engie et de la FNME CGT, auxquelles se sont ralliés les syndicats STC et CFE/CGC Unsa d’Engie, entre 200 et 300 personnes se sont rassemblées mardi matin devant préfecture de la Haute-Corse pour dénoncer la décision de la société Engie de se désengager de l’activité gazière à Bastia, en raison d’un fort déficit.



« Engie vient d’officialiser une procédure de désengagement de l’activité gazière en Corse » explique Xavier Nesa de la CGT. «Pour nous c’est inacceptable. On vient aujourd’hui demander à la préfecture qu’elle respecte les engagements pris à travers le courrier du ministre de la transition écologique de l’époque François De Rugy adressé il y a 2 ans au président de la CdC Gilles Simeoni, qui garantissait la mise en place d’un mécanisme de compensation du déficit d’exploitation du gaz à hauteur de 10 millions d’euros ».

Selon la CGT, ce sont 33 emplois directs qui sont menacés au sein d’Engie et une centaine dans le privé. Les choses semblent toutefois avancer puisque lors d’une réunion la semaine dernière, la mairie de Bastia a assuré à l’Etat et à Engie qu’un appel d’offre serait lancé dans les 6 prochains mois. Une décision rassurante certes mais qui  pour l’heure ne règle pas le problème de la compensation budgétaire pour combler le déficit de 10 millions d’euros. «La clé du problème se trouve à la fois à la mairie, qui doit passer l’appel d’offre et à la préfecture car c’est l’Etat qui doit compenser la perte d’Engie » souligne Philippe Grandju de la CFE CGC Unsa. «L’Etat doit compenser le déficit comme il le fait pour l’électricité. Engie étant déficitaire souhaite un nouveau cahier des charges. Le même problème se pose à Ajaccio. Le risque est aujourd’hui que la ville de Bastia soit privée de gaz. L’alimentation d’Engie pourrait s’arrêter fin mars et il n’y aurait alors plus de gaz dans les cuves en septembre. Plus de gaz donc pour les 11 000 clients de la ville, plus de gaz pour l’hôpital, plus de gaz pour les collectivités. En résumé, la mairie doit passer un appel d’offre, Engie doit y répondre et l’État doit compenser ses pertes ».

Présent aussi le STC qui entend que le combat soit mené par une intersyndicale solidaire. « Aujourd’hui nous suivons le mouvement car pour nous c’est par l’action d’une intersyndicale qu’on résoudra les problèmes et donc la sauvegardes des emplois en Corse » déclare Charles Manenti du STC Engie.
Après qu’une délégation a été reçue par le préfet François Ravier, les manifestants se sont rendus devant la mairie de Bastia. «Le préfet nous a indiqué qu’il n’avait pas mandat pour prendre une décision mais qu’il pourrait y avoir une ouverture pour une compensation. Reste à la concrétiser. Maintenant nous attendons la déclaration du maire de Bastia» confiait alors Xavier Nesa sur le chemin qui menait à la mairie.
Et Pierre Savelli prit en effet la parole pour informer les manifestants de la position de la mairie. «La position de la mairie n’a pas varié depuis plusieurs années et notamment depuis le vote d’une motion du conseil municipal demandant à l’Etat de faire que cette concession qui concerne 4 communes de l’agglo et qui existe depuis 1993, soit renouvelée, que le concessionnaire soit Engie et qu’au travers de ce renouvellement il y ait le maintien de l’approvisionnement des foyers de Bastia et de l’agglo, le maintien des tarifs et le maintien des emplois. Pour cela l’État doit mettre en place une péréquation comme pour l’électricité ».

 


Cet appel d’offre, cette DSP se ferait en fait sur une durée de 15 ans. «15 ans car d’ici là on veut travailler sur la transition énergétique » explique Pierre Savelli, «c'est-à-dire la production de gaz, d’énergie par d’autres moyens afin de nous sortir de la dépendance du gaz. Les emplois seraient bien sûr préservés, sauf que la production de gaz se ferait par un autre moyen. Deux comités de pilotage ont été mis en place et Engie s’est engagée à ne pas couper le gaz le 31 mars ».
 

Du coté de la CGT, si on semble un peu rassuré, pas question de relâcher la pression. «On va maintenir la pression pour que les engagements pris par le ministre De Rugy soit respectés et mis en œuvre et aussi pour qu’Engie stoppe son plan social qui prévoit 3 suppressions de poste au 31 mars et une trentaine en décembre. A partir du moment où la mairie assure qu’un appel d’offre va être lancé, Engie doit stopper son plan » conclut  Xavier Nesa.
Rendez-vous maintenant le 28 janvier à Ajaccio pour un CSE d’Engie.