À l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes, l’INSEE de Corse a publié ce 8 mars une infographie qui met en lumière une réalité bien connue mais encore trop souvent minimisée : les femmes corses réussissent mieux à l’école que les hommes, mais restent largement désavantagées dans la vie professionnelle et économique.
Salaires inférieurs, carrières morcelées, postes de direction inaccessibles et charge familiale écrasante : malgré des diplômes en poche, les femmes continuent d’être les grandes oubliées du marché du travail insulaire.
Dès le lycée, les trajectoires divergent. Les filles sont plus nombreuses à poursuivre des études supérieures et à obtenir un diplôme, mais leurs choix d’orientation les cantonnent souvent aux filières sanitaires, sociales et artistiques, loin des secteurs les plus rémunérateurs. Moins de 10 % des étudiantes choisissent les filières du numérique ou de l’électronique, limitant ainsi leur accès à des métiers d’avenir et bien payés.
Un déséquilibre qui se reflète dans le monde du travail. 98,4 % des secrétaires, 96,1 % des assistantes maternelles et la majorité des aides à domicile sont des femmes, des métiers où les salaires sont parmi les plus bas.
Un plafond de verre toujours infranchissable
Même diplômées, les femmes peinent à gravir les échelons. Elles ne représentent que 26 % des cadres dirigeants et restent quasi absentes des postes de décision en entreprise ou en politique. Seules 11 % des maires corses sont des femmes, un chiffre révélateur d’une sous-représentation persistante dans les sphères de pouvoir.
Si elles travaillent davantage, les femmes corses gagnent pourtant en moyenne 3 280 euros de moins par an que les hommes. Leur salaire net annuel moyen est de 23 990 euros, contre 27 270 euros pour les hommes. Cet écart ne s’explique pas seulement par les différences de métiers, mais aussi par des freins à la progression professionnelle, qui empêchent les femmes d’accéder aux postes les mieux rémunérés.
Même à poste équivalent, l’inégalité salariale persiste. L’absence des femmes dans les fonctions de direction renforce ce décalage, car elles restent largement sous-représentées parmi les cadres dirigeants, n’occupant que 26 % de ces postes.
La précarité comme quotidien
Au-delà des écarts de salaires, les femmes corses sont aussi plus touchées par le chômage et les carrières hachées. 15,8 % d’entre elles sont au chômage, contre 11 % des hommes. Près de la moitié des salariées occupent un emploi à temps partiel, contre seulement 7 % des hommes, souvent par contrainte et non par choix.
L’impact se fait également sentir à la retraite. Les femmes âgées sont plus exposées à la pauvreté que leurs homologues masculins, en raison de salaires plus bas tout au long de leur carrière et de parcours professionnels plus instables.
Et pour celles qui élèvent seules leurs enfants, la situation est encore plus critique. 72 % des familles monoparentales sont dirigées par des femmes, qui doivent jongler entre responsabilités familiales et instabilité économique.
Une égalité qui reste un mirage
Si les mentalités évoluent, l’infographie de l’INSEE rappelle que l’égalité femmes-hommes en Corse reste une promesse non tenue. Des chiffres qui parlent d’eux-mêmes, et qui posent une question simple : combien de générations faudra-t-il encore attendre pour que les diplômes des femmes ne se transforment enfin en égalité des chances ?
-
A màghjina - Un filu d’arcubalenu sott’à a Punta Cancellone
-
MSL Volley - Le GFC Ajaccio mal récompensé face à Poitiers
-
Ports et aéroports corses : L’Assemblée de Corse valide les contrats de concession à la CCI
-
Homme au couteau d'Ajaccio : l'inquiétude face à l’émergence de comportements nouveaux…
-
Ajaccio - Le témoignage de Félix Bonardi, l'un des deux Ajacciens qui s'est interposé pour stopper l'homme au couteau











Envoyer à un ami
Version imprimable





