Corse Net Infos - Pure player corse

En Corse, la multiplication des incendies criminels inquiète


VL le Mercredi 4 Juin 2025 à 10:16

Vingt-quatre heures après l’incendie criminel de cinq bateaux à Calvi, un catamaran d'une société de promenade en mer a été entièrement détruit dans la nuit de mardi à mercredi. Le dernier épisode d'une série d’incendies criminels ciblant le secteur du tourisme maritime et qui fait réagir.



Capture d’écran vidéo Facebook
Capture d’écran vidéo Facebook

Il était environ 4 heures du matin, ce mercredi 4 juin, lorsque l’alerte a été donnée. Le catamaran Dolce Vita, un bateau hybride de 23 mètres équipé de voiles et de panneaux solaires, a été entièrement ravagé par les flammes dans le port de Calvi. L’embarcation appartenait à une société spécialisée dans les croisières touristiques. Malgré l’intervention rapide des secours et la mobilisation de moyens importants, le navire a été totalement détruit. Un barrage flottant antipollution a aussitôt été déployé.

Ce nouveau sinistre vient s’ajouter à une série d’incendies qui visent directement des entreprises du secteur maritime insulaire. La veille, cinq embarcations semi-rigides appartenant à trois sociétés de promenade en mer — Corse Promenade, Calvi Aventure et Giru Mare — avaient été incendiées. Le 29 avril à Saint-Florent, quatre bateaux avaient été détruits, dont Le Popeye, un navire emblématique actif depuis plus de 30 ans. Le 12 mai, un bateau de la compagnie Nave Va avait été la cible d’un incendie à Ajaccio, après une première tentative sur la même embarcation en février.

Face à cette escalade, la Chambre de commerce et d’industrie de Corse a publié ce mercredi un communiqué. « À trois reprises depuis le début de l’année, nous avons publiquement exprimé notre soutien aux professionnels victimes d’attentats, d’incendies et d’autres atteintes à leurs commerces ou entreprises », rappelle l’institution consulaire. Mais cette fois, le ton est plus grave encore : « Les dégâts physiques, financiers et psychologiques de cette spirale désastreuse ne laissent plus aucun répit à celles et ceux qui font vivre notre territoire. » Dans un message sans détour, la CCI alerte sur le risque d’effondrement économique de certains secteurs insulaires : « Ces actes condamnent des familles, des emplois, des pans entiers de notre économie au déclin, voire à la disparition. » Et d’ajouter : « Les auteurs et commanditaires de cette vague de violence autodestructrice doivent être mis hors d’état de nuire sans délai, au risque de précipiter l’économie corse, déjà fragile, vers le chaos et l’anarchie. »

Le communiqué insiste également sur la menace que ces violences font peser sur l’avenir entrepreneurial de la jeunesse corse : « Elles annihilent nos valeurs, détruisent la liberté du commerce et ferment les perspectives de création d’activité pour les jeunes générations. » La CCI appelle à une réponse immédiate de l’État, de la justice et des forces de l’ordre, pour enrayer une dynamique de peur et d’instabilité croissante. Elle rappelle aussi que ces violences ne sont pas seulement le fait d’actes isolés mais qu’elles « sapent les fondations même de notre société, en instaurant un climat de défiance et de repli ».

 



Déjà, le 20 mai dernier, le collectif « Maffia No – a vita iè » dénonçait dans un communiqué une série « d’attentats crapuleux » contre le tourisme maritime insulaire, y voyant « des pratiques mafieuses visant à ruiner les entreprises pour mieux asseoir leur emprise ». Le collectif mettait en garde contre une escalade : « Ces méthodes gangrènent insidieusement notre société. Il est urgent de les arrêter avant qu’elles ne basculent dans des formes de violence encore plus graves. »

Ces derniers mois, plusieurs établissements de plage ont également été la cible d’incendies volontaires, notamment à Bastia, Bonifacio ou Calvi, alimentant un climat d’inquiétude sur l’île, à l’aube de la saison touristique. Les enquêtes se poursuivent, mais les autorités restent, pour l’heure, prudentes sur l’identification des auteurs.


"Certains ont la volonté de mettre la Corse en coupe réglée "
À la veille du nouvel incendie, Core In Fronte s’était déjà exprimé sur les réseaux sociaux. Dans un message publié mardi matin, le mouvement apportait son soutien à Mylène Beretti, militante et gérante de la société Giru Mare, dont deux bateaux ont été touchés la nuit précédente. « Mylène est une personne travailleuse, reconnue et appréciée à Calvi et en Balagna. Cet acte crapuleux met en péril économique sa société », écrit le mouvement qui rappelle avoir alerté l’Assemblée de Corse dès février sur les tensions qui traversent le secteur de la promenade en mer, évoquant « sinistres de bateaux et assassinats » comme autant de signes d’un climat délétère. « Certains ont la volonté de mettre la Corse en coupe réglée (...). La société corse doit s’opposer à ces logiques mafieuses. »

Le groupe d’élus Un Soffiu Novu à l’Assemblée de Corse a également condamné ces faits. Dans un communiqué, ses membres se disent « particulièrement inquiets de la recrudescence des actes de violence ». Ils assurent leur soutien aux entreprises concernées et appellent à « refuser les tentatives d’intimidation, les destructions de biens, le recours à la force » qu’ils jugent contraires à toute perspective d’avenir pour la Corse.