Corse Net Infos - Pure player corse

Emploi en Haute-Corse : "ce pôle de 12 communes qui attire plus de monde que Bastia chaque matin"


David Ravier le Samedi 3 Juin 2023 à 16:07

Bastia jouit de sa position centrale pour attirer les emplois, mais les communes alentour ont l'avantage de proposer un foncier plus accessible avec une qualité de vie similaire.



Véronique Daudin, la directrice régionale de l'Insee, et Michel Prosic, le préfet de Haute-Corse, dévoilent le rapport de l'Insee sur la zone d'emploi de Bastia.
Véronique Daudin, la directrice régionale de l'Insee, et Michel Prosic, le préfet de Haute-Corse, dévoilent le rapport de l'Insee sur la zone d'emploi de Bastia.
Bastia est le pôle administratif et économique de la Haute-Corse, mais des villes à sa périphérie se débrouillent tout aussi bien pour faire vivre le territoire. L'institut national des statistiques et des études économiques (Insee) a présenté le vendredi 2 juin à la Maison des affaires sociales son rapport sur la zone d'emploi de Bastia et de ses environs. En présence de Michel Prosic, le préfet de Haute-Corse, les équipes de l'Insee ont dressé un portrait détaillé de la situation économique des 112 communes composant le deuxième bassin d'emploi de l'île, qui s'étend de la pointe du Cap Corse jusqu'à Cervioni, en passant par Saint-Florent et Canavaggia.

Dans son rapport, l'Insee a découpé l'aire économique en quatre catégories ayant chacune leur spécificité. La première est constituée de Bastia, le poumon économique et administratif du département, la deuxième catégorie comprend 12 communes, baptisée "pôles secondaires", elles sont placées le long du littoral, parmi lesquels on retrouve des communes telles que Furiani, San-Nicolao, Saint-Florent ou San-Martino-di-Lota, qui structurent tout autant le territoire que la préfecture. La troisième catégorie, composée de 38 villages tels que Murato, Rutali ou Prunelli-di-Casacconi, fait partie des "communes résidentielles" tandis que le dernier groupe, rassemblement en 61 communes, est considéré comme celui des "communes rurales éloignées des pôles".

Chaque catégorie possède ses atouts

La zone d'emploi de Bastia. Sources : Insee, Recensements de la population 2019 et 2020, Flores 2019, Filosofi 2019, BPE 2021 ; Corine Land Cover 2018, Metric-OSRM 2019.
La zone d'emploi de Bastia. Sources : Insee, Recensements de la population 2019 et 2020, Flores 2019, Filosofi 2019, BPE 2021 ; Corine Land Cover 2018, Metric-OSRM 2019.
Pour Michel Prosic, le préfet de Haute-Corse, cette étude "montre qu'on a un équilibre de développement économique multipolaire qui n'est uniquement concentré sur Bastia. Je trouve que c'est une chance pour le territoire, car cela montre qu'il est possible d'habiter à proximité des lieux fournisseurs d'emplois et de services tout en ayant une complémentarité avec Bastia quand il s'agit d'équipements de qualité, que ce soit pour les hôpitaux, les lieux culturels ou le sport". 

Selon cette étude, grâce à son poids économique, Bastia concentre la moitié des emplois de la zone d'activité. Si la cité agit comme un aimant, elle n'en reste pas moins l'une des catégories les moins fortunées de la zone d'emploi, avec un niveau de vie médian de 19 460€. A contrario, les 12 pôles secondaires se distinguent de Bastia par une population plus aisée financièrement (21 200€), plus jeune car composée de familles, qui produisent plus que la préfecture de Haute-Corse, majoritairement tournée vers les services et le secteur tertiaire. Surtout, ces communes attirent plus de monde que les autres, une surprise à laquelle ne s'attendait pas Véronique Daudin, la directrice régionale de l'Insee: "ces 12 pôles secondaires cumulent plus d'entrées de 'navetteurs' que Bastia, c'est-à-dire de gens qui se rendent dans ces communes pour travailler ou pour étudier. Nous n'avions pas idée que ces 12 communes réunies puissent attirer plus de monde que Bastia chaque matin."

En ce qui concerne les 38 communes résidentielles et les 61 communes rurales, elles sont certes moins peuplées et avec une population beaucoup plus âgée, elles compensent leur déficit en ayant un plus grand nombre de personnes propriétaires de leur résidence principale et secondaire. Un constat qui est compréhensible pour Antonin Bretel, chef du service Etudes et Diffusion de l'Insee. "Avec la population qui continue de grandir, il faut bien des espaces pour loger les habitants. Soit on densifie l'espace disponible en ville, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui, soit on va là où il y a du foncier disponible pour construire des maisons, des immeubles ou le rêve de la villa avec jardin, c'est dans ces communes-là, qui restent à proximité de l'emploi et des centres-ville."

​Mieux dessiner le futur des politiques publiques pour améliorer le territoire

Le maillage de ces différentes zones montre l'interconnexion qu'elles ont entre elles, mais également tout le chemin qu'il reste à accomplir, notamment en matière d'infrastructures, qu'elles soient routières, ou ferroviaires. "Cette étude doit, d'une façon générale, nous éclairer car nous agissons souvent de manière intuitive, explique Michel Prosic. Pour la première fois, nous avons une image précise des flux humains, économiques de cette zone d'emploi. A l'avenir, je regarderai  les questions de mobilité, de logement, de création de services publics et d'offres de services commerciales à l'aune des éclairages portés par cette étude." 

Le préfet assure que "ce travail sera présenté aux élus des 112 communes concernées, à la Collectivité de Corse mais également aux intercommunalités qui structurent ce territoire, afin que tout le monde puisse agir sur les politiques publiques de demain en ayant une vision claire des flux sur le territoire."