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Élection du pape Léon XIV : ce qu’en pensent les fidèles corses


VL le Vendredi 9 Mai 2025 à 12:10

Jeudi 8 mai, les catholiques du monde entier ont découvert le visage du nouveau souverain pontife. Élu après 24 heures de conclave, l’Américain Robert Francis Prevost a été choisi par les 133 cardinaux réunis à Rome pour succéder à François. Sous le nom de Léon XIV, il devient le 267e pape de l’histoire de l’Église. En Corse, l’annonce a suscité surprise, parfois déception, mais aussi espoir.



La bandera qui flottait ce jeudi en place Saint Pierre. Capture d’écran
La bandera qui flottait ce jeudi en place Saint Pierre. Capture d’écran

C’est un nom que peu attendaient. Robert Francis Prevost, ancien missionnaire au Pérou, préfet du Dicastère pour les évêques, n’avait pas la faveur des pronostics. Et pourtant, ce jeudi soir à Rome, les 133 cardinaux réunis en conclave l’ont élu au premier jour du scrutin, pour succéder au pape François.

Né à Chicago, ancien missionnaire au Pérou plus de vingt ans, Léon XIV devient le premier pape originaire d’Amérique du Nord. Un double ancrage culturel qui en fait, selon plusieurs observateurs, un profil capable de parler à toutes les sensibilités de l’Église. Un profil peu médiatisé ces dernières semaines, et donc inattendu.

En Corse, l’annonce a suscité des réactions contrastées. Si de nombreux fidèles ont accueilli l’élection avec confiance, d’autres ont exprimé une certaine déception, notamment parmi ceux qui espéraient voir le cardinal François-Xavier Bustillo, évêque d’Ajaccio, accéder au siège de Pierre. « Bien sûr, il y a un peu de regret. Beaucoup de fidèles ici à Ajaccio rêvaient de voir un Corse devenir pape. Mais l’Église ne choisit pas selon la notoriété ou les attentes médiatiques. Elle suit une autre logique, souvent plus silencieuse », confie Marie-Paule, une fidèle ajaccienne.

Un nom porteur de sens
À Calvi, le père Louis El Rahi, curé de l’interparoissiale de Calvi, Calenzana et Montegrossu, voit dans ce choix une leçon spirituelle : « Les cardinaux ont élu celui qui n’était pas le favori des médias. Il faut se laisser surprendre par la Providence. Dieu n’agit pas selon les calculs humains, mais selon ce que nous devons devenir. Le Seigneur nous a donné le pape Léon XIV. Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur. » Le nom choisi par le nouveau pontife, Léon, a lui aussi fait réagir. Il fait écho à Léon XIII, auteur de l’encyclique Rerum novarum, texte fondateur de la doctrine sociale de l’Église.
« Ce n’est sûrement pas un hasard », souligne le père El Rahi. « Il y a là un appel à relire ce texte, qui interroge le lien entre foi, dignité du travail et justice sociale. »

Mais c’est surtout le ton et l’émotion du premier discours du nouveau pape qui ont marqué les fidèles. « Ce qui m’a touchée, c’est de voir ses yeux humides quand il a vu l'affection des fideles réunis sur la place Saint Pierre pour lui. Il semblait profondément ému. On sent un homme humble, tourné vers le peuple. » note Anne-Laure, paroissienne à Sait-Jean à Bastia. Le nouveau pape a lancé, depuis la loggia Saint-Pierre, un message direct et universel : « À tous les peuples, à toute la terre : que la paix soit avec vous. Voici la paix du Christ ressuscité, une paix désarmée, une paix désarmante. (...) Le mal ne prévaudra pas. Nous sommes tous dans les mains de Dieu. » 
« Cette idée d’une paix désarmée, ici, elle résonne fort. En Corse, on sait ce que c’est que les colères anciennes, les tensions qui s’accumulent. Ce que le pape a dit, c’est l’inverse de la force. C’est une paix qui ne s’impose pas, mais qui touche. Ça invite à réfléchir autrement », confie Marc-Antoine A. fidèle de Ville-di-Pietrabugno.


À Sartène, une messe d’action de grâce
À Sartène, le père Olivier Culioli, très actif sur les réseaux sociaux, a célébré vendredi matin une messe d’action de grâce à Saint Damien, dédiée à l’élection du nouveau pape. Dans un message publié sur Facebook il partage son émotion : « Joie et émotion de voir, hier soir, aux côtés du nouveau pape Léon XIV, le maître des cérémonies Monseigneur Diego Ravelli et son premier assistant, don Jan, avec qui j'avais eu l'honneur de travailler lors des préparatifs de la messe du 15 décembre. »  Cérémoniaire pontifical du cardinal Bustillo, Olivier Culioli a tenu à rappeler l’importance de ce service dans la liturgie « Le rôle de cérémoniaire est essentiel pour le bon déroulement des célébrations solennelles, qu’elles soient présidées par un évêque ou par le pape lui-même. Et surtout, rien ne peut se faire sans un service de messe digne de ce nom. » 

Enfin, certains voient dans cette élection une opportunité de dialogue renouvelé avec le monde américain, y compris ses courants conservateurs. « Il est né aux États-Unis, mais a passé plus de vingt ans au Pérou. Il a cette double culture, nord et sud-américaine, qui lui donne une vraie capacité d’écoute », analyse Isabelle M., fidèle du Cap Corse. « Contrairement à François, qui avait parfois du mal à dialoguer avec certains courants conservateurs américains, Léon XIV pourra peut-être établir un pont. Il a les codes pour parler aux deux camps. »

Inattendu mais déjà aimé, Léon XIV ouvre un pontificat dont beaucoup attendent désormais de voir les premiers pas.