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Drive de la discorde à Lumiu : Lionel Mortini et Bernard Acquaviva s'expliquent


Maria-Serena Volpei-Aliotti le Dimanche 16 Septembre 2018 à 16:11

Le 27 juillet dernier, la commission départementale d'aménagement commercial, (CDAC) s'est réunie à la préfecture de Haute-Corse afin de statuer sur la création d'un drive sur la commune de Lumiu. Mise au vote, la Collectivité de Corse s'y est opposée.



Drive de la discorde à Lumiu : Lionel Mortini et Bernard Acquaviva s'expliquent

Cette demande de création commerciale, plus précisément d'un "drive" - on fait ses courses sur internet puis on va les chercher en magasin - a donc été validée par 8 voix, (notamment celles des municipalités de Lumiu, Calvi et Lisula), contre 1, celle de Lionel Mortini, conseiller exécutif, président de L'Odarc, représentant ce jour Gilles Simeoni, président du Conseil Exécutif.   
Bernard Acquaviva, propriétaire de l'établissement commercial E. Leclerc de Lisula, nouvel acquéreur du " Carrefour Market" édifié sur un terrain de 6 492 m2 (situé en espace stratégique agricole), en bordure de la RT 30, commune de Lumiu, projette d'y créer un drive E. Leclerc.   
Cependant, la bâtisse exitante de 1 200m2 étant trop petite pour accueillir cette nouvelle structure, ce dernier a déposé un permis de construire de 1 200m2 supplémentaires, afin d'en agrandir le local.   

 

 
A noter que depuis quelques années, déjà, un drive existe au Casino de Calvi.


" Les petits commerces de la zone vont être impactés par ce projet" : Lionel Mortini, président de L'ODARC, représentant le Conseil Exécutif, seul opposant à cette création de drive commercial le jour de vote,  explique son refus 
"En se basant sur les rapports faits par les services de la Collectivité de Corse et de l'Agence de l'Urbanisme, l'extension de ce bâtiment qui se fait sur l'Espace Stratégique Agricole (ESA), est contraire au document opposable qu'est le PADDUC, au Plan d'Aménagement de Développement Durable, (PADD) du SCot, outil de développement et de planification des politiques de la Balagne.   
Fort de cela, nous ne pouvions pas présenter une position favorable pour ce projet. À un moment donné, il faut être cohérents avec les documents et la politique que nous voulons mettre en place !  


De plus, d'un point de vue commercial, il y a de nombreux petits commerces dans cette partie de la Balagne. Toute la zone pourrait être impactée par une réalisation de ce type et de cette dimension. Nous ne pouvons pas défendre le petit commerce, comme nous le faisons avec le projet PROSSIMA de L'ADEC, et avec la délibération 2018/170 CA* votée le 31 mai 2018, amendée et adoptée à l'unanimité par l'assemblée de Corse, "approuvant la mise en place d'une stratégie territoriale de régularisation des surfaces commerciales en Corse, pour un urbanisme commercial durable" et derrière continuer à soutenir ce genre projets.   


Aujourd'hui, nous ne le faisons pas contre les uns ou les autres. Nous ne votons pas en fonction de nos affinités ou de nos discordances. Nous devons tenir une logique de continuité politique. Donc, pour certains aspects réglementaires, nous ne pouvions pas voter ce projet. Nous devons être vigilants, restés présents et faire changer ce modèle d'aménagement incompatibles avec le modèle de société que nous voulons et que nous sommes en train de construire.    

https://www.isula.corsica/file/201716/


"C'est un service supplémentaire pour les consommateurs et la création d'une quarantaine d'emplois" affirme Bernard Acquaviva, le porteur du projet, à Corse Net Infos
Aujourd'hui, la première chose que l'on doit savoir quand on fait du commerce, c'est d'en connaître son utilité. Refaire un super marché à Lumiu ne servirait à rien et ne m'intéresse pas. Mais je sais qu'il y a un besoin de "drive" en Balagne.


C'est dans l'air du temps car les gens n'ont plus envie de perdre leur temps à tourner dans les magasins. C'est un service supplémentaire que j'apporte à la clientèle. Je fais les courses pour elle, lui mets les sacs en voiture et lui fait gagner du temps. Cependant, pour faire un "drive" j'ai besoin de beaucoup plus de surface que celle déjà existante. Actuellement, la bâtisse fait 1200 m2. J'ai besoin de 2400m2. J'ai donc déposé un permis de construire de 1 200m2 supplémentaires. Puis on me dit " vous êtes en zone littorale et en Espace Stratégique Agricole ( ESA), espace déterminé par le PADDUC, créé il y seulement quelque années. Or, ce bâtiment a une vocation commerciale depuis 50 ans.
À côté et en face il y a des constructions, plus loin la légion et des habitations. Comment peut-on aujourd'hui décréter qu'un terrain, où est édifié un bâtiment à usage commercial, devienne un terrain agricole.
Que le PADDUC existe, c'est très bien mais il faut faire la part des choses. Je ne comprends pas les arguments de Lionel Mortini. 
 



Il y a un super marché existant depuis quelques années sur la commune de Lumiu. Aujourd'hui il est à vendre. En l'achetant, je crée une quarantaine d'emplois. Et je tiens à rappeler que les prix proposés seront les mêmes que ceux du Leclerc de Lisula. Je ne pense pas déshumaniser la société, bien au contraire. Avec le "drive", les consommateurs passeront plus de temps en famille. Et pour ceux qui préfèrent le commerce de proximité, ils continueront à aller où ils allaient avant l'implantation du "drive". Je ne pense donc pas être nocif pour les autres commerces.   


Aujourd'hui, avec la CDAC, je suis en mesure d'ouvrir le "drive" dans le bâtiment tel quel. Mais pour cela, je serais obligé de garder le stock à Algaiola. Ce qui entraînerait de nombreux aller-retours, et ce, plusieurs fois par jour, afin d'achalander le drive, alors qu'aujourd'hui nous souhaitons diminuer les émissions de CO2. Ces va-et-vient pèseraient considérablement dans la balance du bilan carbone. De plus, les salariés ne travailleraient pas dans de bonnes conditions".