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Donne di Corsica, plus que jamais mobilisée aux côtés des femmes victimes de violences


le Lundi 15 Septembre 2025 à 16:30

Après un été marqué par une hausse des appels de victimes, l’association Donne di Corsica ouvre ce lundi une permanence à Ajaccio, dans le quartier Saint-Jean. Un nouveau lieu d'accueil qui vise à offrir un espace d’écoute, de proximité et d’accompagnement afin de poursuivre l'action de l'association qui agit dans la lutte contre les violences faites aux femmes partout en Corse depuis 5 ans.



(Photo d'illustration)
(Photo d'illustration)
Ses membres le confient sans détour. Cet été a été la pire période depuis que Donne di Corsica s’est donnée pour mission d’aider les victimes de violences conjugales, de violences intra-familiales et de violences sexuelles en Corse. La preuve d’une parole qui commence à se libérer, mais aussi de l’utilité de cette structure 100% bénévole créée en novembre 2020, sous l’impulsion de son infatigable présidente Laetizia Costantini. Révoltée par le meurtre de Julie Douib – dont la maman, Violetta, est la marraine de l’association – elle monte Donne di Corsica aux côtés de Jean-Paul Gianonni et d’Andrée Nicolaï. 
 
Depuis l’association propose une écoute aux victimes via sa hotline disponible tous les jours de 9h à minuit, y compris les jours fériés, mais aussi un accompagnement et un soutien tout au long des parcours de reconstruction et des procédures judiciaires. Afin de poursuivre au mieux son action aux côtés des victimes, Donne di Corsica ouvre ce lundi une nouvelle permanence à Ajaccio, quartier Saint-Jean. « Nous avons des appels qui viennent de toute la Corse et pour avoir une bonne prise en charge, il nous fallait rencontrer les personnes dans un lieu adapté. Nous avons déjà deux permanences au CCAS de Bastia, une à Pietranera. Jusqu'à présent, à Ajaccio, on donnait rendez-vous dans le bureau de nos avocates.  La mairie nous a proposé cette permanence à Saint-Jean où nous pourrons recevoir toutes les plaignantes d’Ajaccio et des environs », indique Laetizia Costantini en soulignant que disposer de tels lieux permet à l’association de créer une certaine proximité et de faciliter les démarches pour les femmes victimes de violences. 
 

L'équipe de Donne di Corsica à Ajaccio
L'équipe de Donne di Corsica à Ajaccio
Une nouvelle permanence à Ajaccio
 

Après un été très difficile, lors duquel l’association a certains jours enregistré plus de quatre appels provenant de différentes victimes sur sa hotline, l’installation de cette permanence sera bienvenue pour l’équipe d’Ajaccio. « Isabelle Claudot, qui est la coordinatrice, Laurence Nivaggioli, ainsi que Sabine et Petru Bonelli font un travail extraordinaire », note la présidente de Donne di Corsica en indiquant que désormais, lorsque des femmes victimes de violences de la région ajaccienne contacteront la hotline, elles pourront être dirigées vers cette permanence à Saint-Jean. « C’est un lieu où on trouve du silence et du calme pour pouvoir se réfugier, pour pouvoir se confier, mais aussi pour pouvoir enclencher notre suivi, c'est-à-dire mettre en relation les victimes avec tous les acteurs de Donne di Corsica que sont les avocates, les assistantes sociales, les psychologues… Nous faisons un point avec la plaignante sur ses premiers besoins, et on l'accompagne tout le long de sa procédure judiciaire et au-delà », souligne encore Laetizia Costantini.  

Dans la procédure judiciaire l’association peut compter sur l’appui de quatre avocates dévouées que sont Mes Stéphanie Antomarchi et Linda Piperi sur Bastia et Mes Margaux Bousquet et Johana Giovanni sur Ajaccio. « Dès que l’association a un contact avec une victime et qu'il y a un problème juridique qui se pose, on nous contacte déjà dans un premier temps pour avoir des conseils. C'est tout ce qui fait la force de Donne di Corsica : ils ne font jamais rien sans avoir au préalable consulté un de leurs avocats, justement pour être dans les clous et pour éviter de mettre une victime en difficulté, parce qu'ils veulent vraiment respecter les procédures », dévoile Me Johana Giovani. « Souvent passer la porte du bureau d’un avocat fait peur à la fois par rapport au coût que cela peut impliquer, mais aussi du fait de se lancer dans une procédure où les victimes craignent ne pas être entendues, être soutenues, ou même être crues. Nous sommes aussi là pour leur dire de ne pas avoir peur, pour les soutenir dans cette démarche, et pour leur dire que même si les procédures peuvent être longues, il y a aussi des procédures d'urgence qui existent », ajoute-t-elle. 

Une parole qui se libère pour les victimes
 
Des consultations précieuses pour les victimes qui se sentent tout de suite plus en sécurité et soutenues. « Pour ma part, l’une de mes plus grandes fiertés, c'est quand une victime arrive en compagnie de l'association et hésite encore à déposer plainte parce qu'elle a peur, et qu’elle finit par le faire en sortant de mon cabinet. On ne les force pas à déposer plainte, mais on s’astreint à leur ôter toute peur sur le plan juridique. On leur donne un petit coup de pouce pour leur aider à franchir cette étape, et ensuite, on les accompagne tout au long de la procédure judiciaire », pose encore l’avocate en saluant le travail des associations et notamment de Donne di Corsica qui ont beaucoup aidé les victimes à libérer leur parole. « Maintenant les femmes n'attendent plus. Dès les premiers gestes de violence, elles nous contactent, et ça c'est une grande avancée », confirme pour sa part Laetizia Costantini, en constatant également des avancées importantes au niveau de la justice. « Nous avons en Corse deux procureurs très investis contre les violences faites aux femmes et aux enfants, on a moins de classements sans suite, on a plus de comparutions immédiates. Et je pense également qu’il y a une meilleure formation des gendarmes et des policiers ». Chaque année, Donne di Corsica reçoit environ 300 appels de victimes et traite jusqu’à une cinquantaine de dossiers. La preuve du caractère désormais indispensable de cette association qui ne bénéficie d’aucune aide.