Deuxième circonscription de Corse-du-Sud : Entre satisfaction, espoir et déception, les réactions des candidats

Arrivé en tête de ce premier tour dans la deuxième circonscription de Corse-du-Sud avec 37,24% des suffrages, le député sortant Paul-André Colombani se dit « content » du résultat obtenu qui le place dix points devant la candidate de droite Valérie Bozzi. « Je suis satisfait, car c’est un quitus d’une bonne partie de la population pour le travail fait pendant cinq ans », estime-t-il. Seule ombre au tableau, l’abstention qui culmine à 57,13%, « même si cela est général sur le territoire », tempère Paul-André Colombani.
 
C’est donc confiant que le candidat du Partitu di a Nazione Corsa (PNC) aborde ce second tour. « Le trou est fait, il sera difficile à combler. Je ne suis pas inquiet, car j’ai déjà battu cette droite alliée au Front National. Je ne vois pas comment cette victoire pourrait nous échapper », indique Paul-André Colombani. Quant à envisager une défaite, ce dernier considère que ce serait « un retour en arrière pour la Corse ».

Pour Valérie Bozzi, arrivée deuxième avec 27,62% des voix, les résultats de ce premier tour sont encourageants. « Je suis très contente. Nous avons la capacité pour ce second tour à obtenir les reports de voix d’autres candidats et à mobiliser les abstentionnistes », assure la maire de Grosseto-Prugna. « Je compte sur tous les électeurs qui ont voté pour un candidat qui n’est pas au second tour et qui pourront trouver dans ma candidature une nouvelle voix pour la Corse », déclare-t-elle.
 
Si environ 2 500 voix la séparent du député sortant, Valérie Bozzi juge l’écart « largement rattrapable ». Elle rappelle que « Paul-André Colombani était beaucoup plus loin derrière Camille de Rocca Serra, lors de la dernière élection, donc nous sommes dans la même configuration », taclant le résultat « décevant » du député sortant « pourtant fort du soutien du maire de Porto-Vecchio ».

Avec 14,77 %, François Filoni se dit « très satisfait du résultat obtenu, compte tenu que nous n’avons aucun relais, qu’il s’agisse de mairies ou de collectivités ». Pour le candidat du Rassemblement National (RN), « tout s’est fait grâce au travail des militants ». Si les scores des candidats de son parti peuvent apparaître décevants au regard de ceux de Marine Le Pen à l’élection présidentielle, François Filoni veut rester positif. « On voudrait toujours faire plus, faire mieux, mais on est dans une phase d’enracinement », explique-t-il. « Le problème de fond, c’est la représentativité, il faut revenir à la proportionnelle », poursuit le candidat du RN.
 
Concernant le second tour, les instances locales du parti tiendront une conférence de presse ce mercredi 15 juin. « Nous aurons une position politique commune avec les quatre candidats. Nous ne sommes pas là pour fausser l’élection ou avancer masqués. Nous sommes là pour être clairs », annonce-t-il.

Pour sa première participation à une élection législative, Olivier Battistini, pour le mouvement  Reconquête! d’Éric Zemmour, recueille 4,69% des voix. « C’est ma première élection, je l’ai faite en ne respectant pas les canons habituels des campagnes, aller de village en village pour quémander des voix », révèle le candidat. « Je voudrais remercier les Sartenais qui m’ont donné 13% des voix, cela m’a fait chaud au coeur, et féliciter François Filoni qui a fait un beau score. À nous deux nous totalisons 20% des voix, cela veut dire que le courant identitaire que je pourrais lier à une Corse chrétienne est représenté par nous », déclare-t-il.

Pour le second tour, Olivier Battistini annonce qu’il se prononcera « dans quelques jours », tout en précisant que « chaque citoyen est responsable. La seule solution est de leur laisser le choix, la seule consigne est de voter contre les ennemis d’une Corse gréco-latine, les ennemis d'une Corse chrétienne», conclut-il.

Désunie, la gauche arrive derrière le Rassemblement National et le parti Reconquête d’Éric Zemmour dans cette circonscription. « Aberrant » pour le candidat communiste Pierre-Ange Muselli-Colonna, qui totalise pour sa part 4,31% des suffrages. Il pointe une abstention à un niveau « dramatique », signe « d'une fracture démocratique importante ». S’il « déplore fortement » la désunion locale, il salue la « forte percée des candidats de gauche au niveau national ». Pour le second tour, il votera blanc, « à titre personnel ».
 
Avec 4,08% des suffrages exprimés, le candidat d’Inseme A Manca, Dylan Champeau, ne cache pas sa déception. « À l’échelle nationale, quand la gauche est réunie, elle est en position d’être majoritaire. La gauche désunie, comme ici en Corse, fait un score bas. Mais malgré tout, il faut continuer à construire », déclare-t-il. « Inquiet » des scores du RN et de Reconquête !, tout comme de l’abstention, Dylan Champeau ne donne pas de consigne de vote pour le second tour, mais marque une volonté, « battre les candidats de Macron ».